Les origines [modifier]
Les Gaulois sont des Celtes qui ont d'abord peuplé l’Europe centrale, puis qui ont commencé à migrer en -1500 vers le Nord-Ouest pour constituer une partie importante de la population des différentes régions de la Gaule.
Les Celtes apparaissent pendant la Protohistoire, c'est-à-dire la période se situant entre la préhistoire et l’Histoire, correspondant à l’âge du cuivre, l’âge du bronze et l’âge du fer.
Les débuts de l'époque gauloise sont difficiles à dater et varient selon les régions considérées. Comme le montre Henri Hubert, le processus a duré plusieurs siècles pendant lesquels plusieurs peuples ont coexisté. Il ne s'est ni soudainement fait par une sorte de guerre d'invasion générale, ni en masse par la migration d'une multitude d'individus isolés, mais par l'arrivée de groupes organisés en tribus peu nombreux, au milieu des autres peuples qui leur accordaient l'hospitalité, des droits définis par des traités et un territoire.
Il est communément admis que la civilisation celtique s'épanouit en Gaules avec La Tène, c'est-à-dire au deuxième âge du fer, vers le Ve siècle av. J.-C.. La ville de Marseille avait déjà été fondée auparavant en -600 par la colonie d'un peuple venu de Grèce, les Phocéens.
Certains archéologues font toutefois remonter la civilisation gauloise au VIIIe siècle av. J.-C. ou VIIe siècle av. J.-C. (époque de la civilisation celtique de Hallstatt) : les sources archéologiques de cette époque, telles le tombeau de la princesse de Vix (Côte-d'Or)), daté du début du Ve siècle av. J.-C., attestent de l'existence de princes faisant usage du char et de l'épée longue.
Dans les sources grecques, en particulier de l'époque macédonienne, de nombreuses mentions de Celtes, appartenant sans doute à des peuples gaulois, apparaissent : il est surtout fait référence à leur courage et à leur valeur guerrière. Cela correspond à la période de la plus grande expansion celtique (IVe siècle av. J.-C. et IIIe siècle av. J.-C.).
Dans les sources latines postérieures, les Gaulois des IIe siècle av. J.-C. et Ier siècle av. J.-C. sont clairement distingués des Cimbres, des Teutons (peuplades germano-celtiques), des Bretons et des Helvètes (peuplades celtiques de Grande-Bretagne et de Suisse).
« L’ensemble de la Gaule est divisé en trois parties : l’une est habitée par les Belges, l’autre par les Aquitains, la troisième par le peuple qui, dans sa langue, se nomme Celte, et, dans la nôtre, Gaulois. Tous ces peuples diffèrent entre eux par le langage, les coutumes, les lois. Les Gaulois sont séparés des Aquitains par la Garonne, des Belges par la Marne et la Seine. »
— Commentaires sur la Guerre des Gaules I-1, Jules César
Indépendante sans être pour autant unifiée, la Gaule fut incorporée militairement à la république romaine en deux étapes : la Gaule méridionale au-delà des Alpes (Gallia bracata en latin, c'est-à-dire Gaule en braies) fut conquise dès la fin du IIe siècle av. J.-C. et « romanisée », semble-t-il, en moins d'un siècle. Elle devint la première province romaine hors d'Italie : la Narbonnaise, et compta la première cité de droit romain hors d'Italie (Narbonne).
La Gaule septentrionale (nommée Gallia comata, c'est-à-dire Gaule chevelue, par Jules César) fut soumise entre -58 et -51 par les légions de ce dernier. Cette « Guerre des Gaules » culmina avec la défaite d'une coalition gauloise menée par l'Arverne Vercingétorix, à Alésia, en -52. L'historiographie romaine ne situe toutefois la fin de la pacification qu'en -51, à la suite d'une ultime victoire sur les restes des coalisés rassemblés sous les ordres du chef Lucterios. La présence de très nombreux lieux-dits « camps de César » en France ne doit pas tromper : la plupart d'entre eux sont des sites postérieurs, datant parfois du Moyen Âge. Cependant, il est probable que la pacification fut plus longue que ce que l'on a longtemps cru et dura au moins jusqu'à l'imperium d'Auguste.
Les termes « gaulois » et « Gaule », ainsi que l'essentiel des noms de peuples et de tribus de la Gaule protohistorique restèrent en usage pour désigner peuples et territoires (cités). Par la suite, ces circonsconscriptions et leurs noms se fixèrent dans les diocèses pour parvenir jusqu'à nous: Perrigueux, cité des Pétrocores, Vannes, cité des Vénètes, etc..
En archéologie et en histoire, on a longtemps désigné les Gaulois romanisés ou romains sous le nom de gallo-romains, quoique ce terme n'ait jamais été employé dans les sources.
L'héritage que les Gaulois transmirent au reste du monde antique concerne principalement les domaines de l'artisanat : ébénisterie, forge, etc. (le tonneau, notamment, est une invention gauloise), des arts culinaires, des arts militaires (la cotte de mailles celtique fut sans doute le modèle utilisé par les Romains et son usage se répandit en Europe au haut Moyen Âge) et de la langue. Il a survécu à travers la culture romaine durant le haut Moyen Âge.
Dans un but de propagande nationale, l'idéologie de l'école de Jules Michelet, notamment au début du XXe siècle dans le contexte de l'opposition à l'Allemagne, a propagé une vision ethnocentriste du peuple français, privilégiant un élément gaulois indigène par rapport aux éléments romains, germaniques et romans postérieurs. En fait, au XIXe siècle, Napoléon III, auteur d'une biographie de Jules César, a beaucoup contribué à remettre les Gaulois au goût du jour par son implication dans les chantiers de fouilles qui visaient à exhumer les sites de la guerre des Gaules.
On connait si mal la langue gauloise (quelques centaines de mots isolés), et rien de la grammaire et de la prononciation, qu'il est impossible de savoir quel est son apport réel par rapport aux langues latines et germaniques dans la constitution de la langue française; même si c'est redevenu une langue romane, beaucoup de mots comme "roi" ont été rattachés à une étymologie latine "rex" alors que "rix" existe en gaulois. En réalité, de même que les Gaules cisalpine et transalpine avaient le même substrat ethnique, leurs langues étaient sans doute plus proches qu'on ne le suppose.
Les Gaulois utilisaient l'alphabet grec et comme monnaie des divisions du statère grec.
Les Gaulois utilisaient peut-être (mais les témoignages ne sont pas directs et peu sûrs) le système de numération vigésimal (en base 20) ; la présence résiduelle en français de celui-ci (80 se disant quatre-vingts et non octante comme en latin, etc.) est donc vraisemblablement due à cet héritage.
Trace notable, dans la Turquie actuelle, la Galatie est un lointain témoignage de la présence de Gaulois (Galates) qui servirent Alexandre le Grand comme mercenaires avant de s'établir dans cette région d'Asie mineure. Un quartier d'Istamboul leur aurait été réservé et aurait pris leur nom, celui de Galatasaray, « palais des Galates », où auraient résidé les mercenaires engagés par le pouvoir byzantin. C'est du moins l'une des origines possibles du toponyme. À en croire saint Jérôme, dans son commentaire de l’Épître aux Galates, ces derniers parlaient encore au IVe siècle la même langue que les Trévires. Il faut donc supposer qu’à cette époque le gaulois n’avait pas encore disparu d’Asie mineure, ni d'ailleurs de la région de Trèves.
- (fr) Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise, Paris, 2002
- (fr) Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Paris, 2001
Les Gaulois célèbres :
- Vercingétorix, roi arverne de la coalition gauloise qui s'opposa à la conquête romaine et aux Éduens.
- Lucterius, (grec Lucterios) dernier chef gaulois qui résista à Jules César sur le site d'Uxellodunum en territoire lge.
- Diviciacos, vergobret éduen, ancien druide, ami de Cicéron.
Clientélisme [modifier]
Les Gaulois, comme nombre de civilisations antiques, tenaient entre eux des rapports fonctionnant sur le principe de la clientèle. Ce lien social très fort apparut à l'époque aristocratique (IIIe siècle av. J.-C. et IIe siècle av. J.-C.) et perdura jusqu'à la conquête, lorsque des notables locaux (les « Vergobrets » étaient l'équivalent de maires) s'étaient substitués aux nobles. Les clients servaient des patrons, sans doute originellement afin de rembourser d'anciennes dettes, de réparer certaines fautes, ou pour d'autres raisons à caractère social et ce lien se transmettait héréditairement. L'homme ou le peuple client était libre (le clientélisme antique est différent de l'esclavage) mais il devait rendre des services ou s'acquitter de tributs. Un patron pouvait avoir plusieurs clients. Il pouvait, enfin, défaire le lien qui pesait sur sa clientèle ou bien transmettre sa clientèle à un autre. Des gens, des familles entières, pouvaient ainsi être clientes d'une personne ou d'une famille puis d'une autre.
Liste des peuples au moment de la guerre des Gaules [modifier]
nom français | localisation |
---|---|
Allobroges | entre le haut Rhône et l'Isère |
Ambarres | basse vallée de la Saône |
Ambiens | vallée de la Somme |
Ambibarii | Armorique (localisation problématique) |
Ambiliates | (confusion possible avec les Ambiens) |
Ambivarètes | non localisés, p.-ê. Nord-Est |
Andes | région d'Angers |
Arvernes | Auvergne |
Atrebates | région d'Arras |
Atuatuques | Belgique - région de Namur |
Aulerques Brannovices | branche des Aulerques non localisée |
Aulerques Cénomans | région du Mans |
Aulerques Eburovices | région d'Évreux |
Ausques | région d'Auch |
Bellovaques | région de Beauvais |
Bigerrions | région de Bigorre |
Bituriges | Berry |
Blannovii | confusion possible avec les Aulerques Brannovices |
Boïens | étrangers installés chez les Éduens |
Cadurques | Quercy |
Calètes | Haute-Normandie |
Carnutes | Beauce |
Caturiges | haute vallée de la Durance |
Ceutrons | haute vallée de l'Isère |
Cocosates | Aquitains mal localisés |
Coriosolites | Côtes-d'Armor |
Diablintes | Mayenne |
Eleutètes | non localisés, peut-être entre le Cantal et l'Aveyron |
Elusates | Aquitains, région d'Eauze |
Esubiens | Calvados |
Gabales | Gévaudan (aujourd'hui Lozère) |
Gates | Aquitains, non localisés |
Graiocèles | région du Mont-Cenis |
Grudii | pagus ou client des Nerviens |
Eduens | Nivernais, Morvan |
Helvètes | plateau suisse |
Helviens | Cévennes |
Latobices | pagus ou client des Helvètes |
Lémovices | Limousin |
Leuques | Haute-Marne |
Lévaques | pagus ou client des Nerviens |
Lexoviens | Lieuvin, pays d'Auge |
Lingons | plateau de Langres |
Mandubiens | Puisaye et Auxois |
Médiomatriques | Lorraine |
Meldes | Brie |
Ménapes | Belgique - Flandres |
Morins | Boulonnais, Flandres occidentales |
Namnètes | pays nantais |
Nantuates | Valais suisse |
Nerviens | Belgique - Hainaut, Brabant |
Nitiobroges | région d'Agen |
Osismes | Finistère |
Parisii | région de Paris |
Pétrocores | Périgord |
Pictons | Poitou |
Pleumoxii | pagus ou client des Nerviens |
Ptianii | Aquitains, non localisés |
Rauraques | région de Bâle |
Redones | région de Redon |
Rèmes | Champagne |
Rutènes | région d' Albi et de Rodez |
Santons | Saintonge |
Sédunes | Suisse - région de Sion |
Ségusiaves | Forez |
Sénons | Beauce, Gâtinais |
Séquanes | Franche-Comté, une partie de la Haute-Alsace et de l'Ain |
Sotiates | Aquitains, région de Sos |
Suessions | Soissonnais |
Tarbelles | région de Tarbes |
Tarusates | Aquitains, pays d'Albret ? |
Tigurins | alliés des Helvètes, non localisés |
Trévires | Luxembourg, Allemagne -Trêves |
Tulinges | alliés des Helvètes, non localisés |
Turons | Touraine |
Unelles | Cotentin |
Véliocasses | Vexin |
Vellaves | Velay |
Vénètes | Morbihan |
Véragres | Suisse - région de Martigny |
Viromanduens | Vermandois, Thiérache |
Vocates | Aquitains, pays de Buch |
Voconces | Comtat, Préalpes de Provence |
Volques Arécomiques | Languedoc |
Volques Tectosages | haute vallée de la Garonne |