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31 octobre 2022 1 31 /10 /octobre /2022 23:14
LES FORCES DE L'ORDRE "RISQUENT" D'OUVRIR LE FEU SUR LES MANIFESTANTS ANNONCE DIDIER LALLEMENT
– La bourgeoisie prépare les esprits à la guerre civile –
L'ancien préfet de Paris Didier Lallement tente de revenir sur le devant de la scène. Il sort un livre intitulé «L'ordre nécessaire» et donne des interviews. Dimanche 6 novembre, le journal patronal L'Opinion lui donnait la parole. Lallement estime qu'il restera «le préfet des Gilets jaunes», une image qu'il aime cultiver alors qu'il n'est arrivé à la préfecture de Paris qu'en mars 2019, alors que le soulèvement avait déjà été quasiment anéanti par la répression. En revanche, une fois en poste, il n'a jamais cessé de durcir la répression et de militariser la police, avec des pratiques et un discours d'une extrême brutalité.
L'ex-préfet de Paris estime que la classe moyenne est entrée «dans la violence politique et la révolte», alors qu'en réalité ce sont les politiques néolibérales qui ont prolétarisé des millions de personnes. Ce n'est pas la «classe moyenne qui entre dans la violence» mais des pans de plus en plus larges de la population qui sont confrontés à la violence sociale, à la précarité, aux difficultés de fin de mois, aux prix qui explosent...
Plus intéressant, Didier Lallement estime que les forces de l'ordre devront ouvrir le feu contre des manifestations. «Cela risque d’arriver un jour» déclare-t-il, comme pour préparer l'opinion. «On entrera dans une autre dimension» ajoute-t-il.
En décembre 2018, au plus fort des Gilets Jaunes, des tireurs d'élite avaient été déployés à Paris car le pouvoir craignait un embrasement total et l'envahissement de lieux de pouvoir. Des policiers à moto avaient dégainé leurs armes de service face à des manifestants le long des Champs Élysées. Depuis, il est courant de voir des gendarmes avec des fusils d'assaut autour des cortèges, et il est arrivé plusieurs fois que des agents sortent une arme pour intimider la foule. En mars 2019, les soldats de l’opération Sentinelle étaient déployés face aux Gilets Jaunes et le gouverneur militaire de Paris n’excluait pas «l’ouverture du feu».
Le gouvernement vient d'ailleurs de commander 90 véhicules blindés équipés de lance grenades et d'un fusil mitrailleur capable de tirer 1000 coups à la minute sur le toit. Une arme pilotée depuis l'intérieur du véhicule grâce à une caméra intégrée. La bourgeoisie et ses forces armées se préparent à la guerre.
Tirer sur le peuple est un vieux fantasme refoulé des élites françaises. À la radio, Luc Ferry, ancien ministre de l’Éducation réclamait en 2019 que les policiers se «servent de leurs armes» et que les militaires tirent à balles réelles sur les manifestations : «on a la quatrième armée du monde, elle est capable de mettre fin à ces saloperies». Des membres du gouvernement expliquaient dans la presse qu’ils étaient prêts à «assumer» de «faire des blessés voire pire», notamment de rendre «tétraplégique» un participant au Black Bloc. Le présentateur Yves Calvi évoquait sur son plateau à plusieurs reprises l’idée de parquer les opposants dans un stade «avec tout ce que sur le plan historique et imaginaire, ça provoque», c’est-à-dire comme au Chili de Pinochet ou lors des rafles du Vel’ d’Hiv’. En 2020, le député Eric Ciotti estimait à la suite d’un tir de feu d’artifice sur un commissariat qu’il «faut que la police puisse tirer. La racaille doit être éradiquée quoi qu’il en coûte», et la chroniqueuse Zineb El Rhazoui criait sur le plateau de Cnews son souhait «que la police tire à balles réelles» sur les «délinquants de banlieue». Depuis, les tirs explosent pour des refus d'obtempérer.
Au sein de l’élite, l’appétit de guerre civile et d’élimination du peuple, qui n’a jamais été totalement rassasié depuis la Commune de Paris, redevient lancinant. On se souvient encore de ces habitants du 16ème arrondissement de Paris, qui encourageaient les policiers en hurlant "tuez-les" alors qu'ils pourchassaient des Gilets Jaunes. Il n’y aura pas d’étape intermédiaire en cas de nouveau soulèvement : une révolution totale ou un écrasement dans le sang. Didier Lallement vient de l'annoncer de nouveau.
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L'interview dans l'Opinion
📬 SAINTE-SOLINE : LETTRE OUVERTE D'UNE BRETONNE AUX MANIFESTANT.ES
"Hommage aux enfants de la terre, habillés de noir, croisés quelque part sur des champs dévastés.
J’étais à Sainte-Soline le week-end dernier ; j’étais à Sainte-Soline là où une méga-bassine de 16 hectares est en construction, financée en grosse partie par l’argent public pour pomper l’eau dans les nappes phréatiques au profit d’une seule poignée d’exploitations agro-industrielles.
J’étais à Sainte-Soline et je crois bien que j’y ai laissé une partie de mon cœur, car je voudrais encore être auprès d’eux ; auprès de ceux qui sont restés ; auprès de ceux qui, ce week-end ont subi un déploiement inouï des «forces de l’ordre», et auprès de ceux qui aujourd’hui vont subir le déchaînement médiatique mensonger orchestré par «l’état-mafia» et propagé par une presse et une télé «à la solde».
Je regarde quelques commentaires sur les réseaux sociaux et j’ai honte. J’ai honte de tous ces «braves gens» qui éructent leur haine envers ceux qu’ils nomment «voyous» ; qui éructent leur haine sous couvert du «bon ordre» et du «respect de la loi» ; ceux-là même qui ne savent rien de l’histoire des bassines, ni même de l’histoire du monde et qui ne veulent d’ailleurs surtout pas savoir ; ceux-là qui n’entendent que ce que la voix de leurs maîtres leur raconte et qui crieront, une fois la guerre terminée, «Vive la résistance !»
Décidément, Brassens avait bien raison : «Les braves gens n’aiment pas qu’on suive une autre route qu’eux». Et demain, ce seront eux aussi qui s’étonneront de n’avoir plus ni retraite, ni aide sociale lorsqu’ils perdront leur travail, ni eau potable au robinet ? la faute à Pas-de-chance, diront-ils alors.
Qu’il est pratique, n’est-ce pas, de s’insurger contre ces jeunes qui «profitent du système», contre ces «assistés» comme ils les nomment, et de ne surtout pas, mais alors surtout pas regarder du côté de la mafia gouvernementale qui, pendant ce temps, transfère le plus tranquillement du monde ce qu’il reste d’argent public à ses potes milliardaires et en profite au passage pour créer une dette abyssale, histoire d’asservir tout ce petit monde jusqu’à la fin des temps. Cette même mafia qui aujourd’hui veut «ficher S» ceux qu’ils appellent «éco-terroristes»… Quel est le rapport déjà entre le fait de tuer au nom d’une croyance et celui de défendre le Bien Commun face à des intérêts privés ? Oubliant peut-être au passage que ce gouvernement affiche tellement d’affaires en cours que ç’en serait risible si ça n’était si grave ?
Alors oui, j’étais à Sainte-Soline ce week-end au côté de ceux qui manifestent contre cette logique qui nous tue. Des milliers de gens de tous âges, de tous styles, d’ici et d’ailleurs, certains ayant plongé corps et âme dans cette histoire d’eau, d’autres apportant leur soutien d’un jour «ou plus si affinités».
Et puis, il y a vous. Cette jeunesse, jeunes femmes et jeunes hommes, habillée de noir, visages cachés, dont on devinait à peine les regards. Et nous sommes partis à votre suite. Nous avons approché ce méga-monstre de bassine. Expérimentant pour quelques-uns pour la première fois, ce que, du haut de votre jeune âge, vous ne connaissez que trop bien déjà.
Et c’est au beau milieu d’un paysage dévasté par une agriculture qui n’en est plus une, étouffée par les lacrymos, sous les grenades qui volaient, que j’ai ressenti toute votre détermination et votre courage. J’ai vu aussi cette fabuleuse organisation, reflet d’une intelligence collective aiguisée au couteau.
Ils vous disent ultra-violents mais au beau milieu de ce champ de bataille, je n’ai vu que quelques «cœurs brûlants» à l’incroyable gentillesse, semblant apparaître toujours au bon endroit et au bon moment pour tendre une main à qui en avait besoin, malgré le «jeu» dangereux dans lequel nous étions embarqués. Et c’est dans ce chaos que je me suis dit en vous regardant : «les voilà donc, les enfants de la terre ; ils sont là». Cette jeunesse que la plupart ne voulait pas entendre lorsqu’ils nous alertaient du désastre écologique en cours et qui aujourd’hui se voit contrainte d’avancer à corps découverts face à des machines de guerre infernales, tentant le tout pour le tout pour sauver leur monde, pour sauver notre monde. Des pierres contre des fusils, nouvelle saison. Sauf que les fusils, eux, ont bien changés…
J’étais donc à Sainte-Soline ce week-end et j’y ai laissé une partie de mon coeur ; cette partie peut-être qui, ne sachant qui vous étiez, ne trouvait pas comment vous dire merci.
Peut-être alors que ce texte finira par vous parvenir.
Alors à tous ces enfants de la terre habillés de noir, croisés sur des champs dévastés, je voulais vous dire merci. Merci d’être tels que vous êtes, merci de garder bien au chaud cette part d’humanité et de sensibilité sauvage que vous érigez avec superbe au milieu de ces heures sombres. Cette part d’humanité que d’autres semblent avoir perdu.
Merci d’éclairer l’horizon de votre espoir.
Et surtout, je vous souhaite de voir un jour le monde tel que vous le rêvez. Soyez fières et fiers de qui vous êtes et enfin, ne doutez pas que, un peu partout, beaucoup de gens finalement, vous aiment de tout leur coeur.
No bassaran – Hauts les cœurs"
--- 📷 Émile Binet

 le dernier livre de Gaspard Koenig : "Contr’un, pour en finir avec l’élection présidentielle". Ce qui justifiera cette lecture ? Bien sûr la fidélité qui nous lie à Gaspard, mais, disons-le, également l’admiration que nous avons pour sa démarche de philosophe in vivo et l’œuvre qu’elle lui fait construire. Ce nouveau chapitre relate sa candidature présidentielle, dénonçant la personnalisation infantilisante de nos institutions, l’illusion mortifère d’élire un sauveur tous les 5 ans, l’épuisement de notre démocratie (cf notre article d’hier sur Brésil/US/France), pour finalement proposer une nouvelle définition et incarnation de la souveraineté. Une aventure et une réflexion qui ne se briseront pas sur 500 signatures (Gaspard en réunit 107).

- Un document à diffuser pour contrer les mensonges des médias aux ordres -
Vous ne verrez pas ces images sur les chaînes de désinformation en continu, il est donc important de les faire circuler. Elles ont été prises par le reporter Adcazz à Sainte-Soline, le 29 octobre 2022.
Gendarmes par centaines, hélicoptères et drones, déluge de grenades lacrymogènes, explosions et cratères dans les champs, blessé-es... Un chantier de terre battue préfigurant un projet monstrueux, vidé à coup de LBD et de gaz. Des lignes de gendarmes bien protégées, qui envoient tranquillement des dizaines de munitions explosives sur une foule sans protection au milieu des champs, jeunes comme personnes âgées.
À Sainte-Soline le 29 octobre 2022, la gendarmerie avait l’autorisation de tuer pour protéger une mégabassine. Il faut voir et faire voir ces images pour comprendre l'étendue de la folie répressive, et le gouffre qui sépare les discours du pouvoir sur le climat et la réalité de la répression contre ceux qui défendent l'environnement. Ces gens sont en guerre contre le vivant, dont nous faisons partie.
QUI SONT LES ECO-TERRORISTES ?
Dimanche 30 octobre, Gérald Darmanin a qualifié d’«éco-terrorisme» la mobilisation contre les mégabassines, dans les Deux-Sèvres, ajoutant : «il y a des fichés S, radicalisés à l’ultra-gauche, qui veulent s’en prendre à l’ordre républicain».
Après l'accusation «d'islamo-gauchisme», le gouvernement lance donc un autre épouvantail, «l'éco-terroriste». Absolument rien ne différencie le régime de Macron d'un gouvernement d'extrême droite, ni dans les mots, ni dans les pratiques. Mais de quoi parle-t-on ? La définition du terrorisme est : «gouvernement par la terreur» ou «emploi systématique de la violence pour atteindre un but», avec l'idée de semer délibérément l'effroi dans la population. Ajoutons-donc le préfixe «éco», pour «écologie».
Si les mots ont un sens, «l'écoterrorisme», le vrai, ce sont les multinationales comme Total qui dévastent la planète, et les gouvernants qui les protègent.
L’écoterrorisme, ce sont les milices d'entreprises privées qui tuent des écologistes dans les pays du sud. 200 militants ont été assassinés en 2021 pour avoir protégé l'environnement, dont 54 au Mexique et 26 au Brésil, en particulier dans l'Amazonie.
L'écoterrorisme, c'est l'usage massif d'un produit chimique par l'armée américaine contre la population civile durant la guerre du Vietnam. L'agent orange, fabriqué par Bayer, a empoisonné 4,8 millions de Vietnamiens, durablement intoxiqué les sols, et provoque encore aujourd'hui des maladies infantiles et des déformations.
L'écoterrorisme, c'est la fracturation de la couche terrestre pour extraire du gaz de Schiste, qui rend l'eau du robinet dangereuse et inflammable.
L'écoterrorisme, c'est quand l'Etat français envoie des milliers d'hommes armés détruire une ZAD ou tirer des grenades contre celles et ceux qui défendent l'eau.
L'écoterrorisme, c'est quand l'Etat français fait sauter un bateau de Greenpeace en 1985, tuant un passager, pour empêcher d'aller documenter les essais nucléaires dans le Pacifique.
L'écoterrorisme, ce sont les sols et les habitants des Antilles françaises intoxiqués au Chlordécone.
L'écoterrorisme, c'est le chantage nucléaire, les marées noires et la géo-ingénierie.
L'écoterrorisme, c'est lorsqu'on apprend que «l’acidification des océans provoquée par la pollution pourrait entraîner la fin de l’humanité», et qu'il y aura bientôt plus de plastique que de poissons dans la mer.
L'écoterrorisme, ce sont les gouvernants qui n'ont rien fait pour empêcher le réchauffement climatique, les sécheresses, les pénuries.
Mais l'objectif de Darmanin et de tous les flics de la planète est de faire taire ceux veulent protéger le vivant. Aux États-Unis, le FBI considère l’écologie radicale comme «la deuxième menace terroriste la plus importante», alors qu’en Russie un journaliste qui enquêtait sur la destruction d’une forêt par l’entreprise Vinci a subi en 2008 une agression qui le laisse lourdement handicapé. En France, Manuel Valls disait surveiller autant la «radicalisation religieuse» que les mouvements de défense de l’environnement et a tenté d'écraser les ZAD. Le 21 septembre 2019, une grande «marche pour le climat» à Paris était bloquée par un dispositif agressif de milliers d’agents appuyés par des blindés. La France de Macron était le seul pays du monde occidental à interdire par la force ce défilé. Peu après, le Ministère de l'intérieur français a créé au sein de la Gendarmerie nationale la Cellule Déméter – du nom de la déesse grecque des moissons –, spécialement dédiée à la répression des écologistes et opposants au productivisme.
Les écoterroristes, c'est eux. Le désastre est là. Défendre l'environnement est de la légitime défense.
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30 octobre 2022 7 30 /10 /octobre /2022 22:51

BATTEMENT D’AILES D’UN PAPILLON

En ce moment de solitude, d’impuissance soumise, d’orgueil blessé et le cœur brisé on essaie de se délivrer des entraves des contraintes d’un monde dérangé. Mais soudain on entend très profond en soi le battement d’ailes d’un papillon coloré, qui se prépare pour un vol dans l’azur du ciel, une voix intérieure de quelqu’un rempli d’espoir qui ouvre une voie vers un voyage dans le cosmos un murmure doux et consolant - Ecoute! - pour survoler les obstacles de la vie.

(Shalini Yadav), INDE

Traduction: Elisabeth Gerlache

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LES PAPILLONS S’AGITENT

Dans ce moment de solitude Avec une impuissance maîtrisée L’orgueil blessé Et rendu par le cœur On cherche à déchaîner Les contraintes d’un monde ignoble Mais soudain entend au fond de lui Un flottement D’un papillon plein de couleurs, Prêt pour le vol dans le céruléen Une voix intérieure D’un homme plein d’espoir Ouvrir la voie à une balade dans le cosmos Un murmure Doux et apaisant —Écoutez! — Pour survoler les obstacles de la vie

SHALINI YADAV, INDE Traduction par l’auteur et Stanley Barkan

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FLAGGING PAPILLON

Dans ce moment de solitude, soumis à l’impuissance, Orgueil blessé et les cœurs brisés, On cherche à se libérer des contraintes d’un monde ignoble. Mais soudain, il écoute au fond de lui. Le flottement d’un papillon multicolore prêt à voler dans le céruléen, Une voix intérieure De quelqu’un plein d’espoir qui ouvre la voie à un voyage dans le cosmos, un murmure Doux et rassurant ─Écoutez-le!─ pour survoler les obstacles de la vie.

SHALINI YADAV, INDE Traduction : Germain Droogenbroodt – Rafael Carcelén

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FLUTTER D’UN PAPILLON

Dans ce moment de solitude, d’impuissance subjuguée, d’orgueil blessé et avec un cœur brisé On essaie de se libérer des chaînes les obstacles d’un monde misérable. Mais soudain, on entend au fond de soi Le flottement d’un papillon multicolore, se préparer à un vol dans le ciel bleu, Une voix intérieure de quelqu’un rempli d’espoir qui ouvre la voie à un voyage dans le cosmos un murmure moelleux et grillé ─Écoutez!─ pour survoler les obstacles de la vie.

SHALINI YADAV, Inde Traduction : Germain Droogenbroodt

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Battre les ailes du papillon

À ce moment de solitude Avec une impuissance modérée Orgueil blessé Et le cœur brisé Quelqu’un veut enlever les menottes. Les limites de ce monde sale Mais soudain, à l’intérieur, vous entendez Battre ses bras D’un avenir haut en couleur, Dans le ciel bleu prêt pour le vol Une voix intérieure Rempli d’espoir Cela ouvre un chemin dans l’univers Un murmure Doux et apaisant « Écoutez-le! — Survoler toujours les obstacles de la vie.

SHALINI YADAV, Inde Traduit en albanais: Irma Kurti

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Papillon flutter

Dans les moments de solitude Et l’oppression et la misère Orgueil blessé Et le cœur triste On cherche à délier le monde du mal Mais soudain, il écoute au fond de lui. Au son d’un papillon plein de couleurs Se préparer à voler dans un monde Semanggwe incroyable Un son intérieur plein d’espoir Ouvre la voie à un tour de l’univers Murmurer Doux et confortable Écouter Survoler les barrières de la vie

SHALINI YADAV (SHALINI YADAV), INDE Traduction en arabe : Abdelkader Kashida Traduit en arabe: Mesaoud Abdelkader

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VOL PAPILLON

Dans un moment de solitude Freiné par l’impuissance Avec un orgueil blessé Le cœur brisé L’un d’eux demande la libération Des chaînes du monde impur Soudain, il entend profondément dans l’esprit Plein de couleurs Vol papillon Prêt à voler dans le bleu Plein d’espoir pour quelqu’un Une voix intérieure Un ouvre-route dans l’espace Un murmure doux et paisible -Écouter. Survoler les défis de la vie.

Shaini Yadav, Inde Traduction anglaise de l’arménien sisian Traduit en arménien par Armenuhi Sisyan

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Battant des ailes d’un papillon

Cette solitude pour le moment Impuissance Orgueil blessé Et le cœur est brisé Quelqu’un qui veut ouvrir la chaîne Le monde affreux reliure Mais soudain, je l’entends profondément. de l’intérieur. Batter une aile et des papillons en couleur, La couleur du ciel pour le voyage effectué Tout autour. La Parole d’un cœur En plein espoir et rêves. La porte a été ouverte pour un voyage sur une route dans l’espace Un murmure Doux et calme -Écoutez!- Vous devez voler à travers les obstacles de la vie. être.

Shalini Yadav, Inde Traduit par l’auteur et Stanley Barkan Traduit en bangla: Tabassum Tahmina Shagufta Hussein

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PAPILLON

Dans ce moment de solitude Impossible d’être maîtrisé La fierté des blessés et un cœur brisé L’un d’eux veut être libéré. Limites du substrat du monde Mais soudain, il entend au fond de lui vacillant papillons de couleur, Prêt à s’envoler vers Cerulean La voix intérieure D’un plein d’espoir Ouvrir la voie à la conduite dans l’espace Murmurer doux et apaisant — Écoutez! — pour surmonter les obstacles de la vie.

SHALINI YADAV, indija Prevjod na bosanski: maid čorbić

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BATTEMENT DE PAPILLON

Dans ce moment de solitude avec impuissance modérée orgueil blessé et un cœur déchiré On essaie de se libérer des liens d’un monde indisposé. Mais soudain, vous vous sentez dans les profondeurs Battement d’un papillon multicolore prêt à voler dans la cérule, Une voix intérieure De quelqu’un plein d’espoir Ouvrir la voie à un voyage dans le cosmos un murmure doux et rassurant « Écoutez! » pour survoler les obstacles de la vie.

SHALINI YADAV, INDE Traduction catalane : Natalia Fernández Díaz-Cabal

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Papillon battant des ailes

Dans ce moment de solitude Accompagné d’un sentiment d’impuissance contrôlée L’orgueil fait mal Et le cœur est rendu Une vie cherche à être libérée de l’esclavage Contrôle du monde maléfique Mais soudain, j’ai entendu au fond de moi Une couleur Les ailes battantes de papillons colorés, Préparez-vous à voler dans le bleu L’un d’eux est plein d’espoir La voix intérieure de la vie C’est ouvrir la route du voyage à travers l’univers Un murmure Doux et apaisant -Écouter! —— Allez survoler les obstacles de la vie.

Original : Shalini Yadau, Inde Traduction anglaise : Auteur et Stanley Barkan Traduction chinoise: Chine Zhou Daomo 2022-7-10 Traduit en chinois: Willam Zhou

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Papillon flutter

À ce moment de solitude. J’ai été frappé d’impuissance. Mon orgueil est blessé. Et mon cœur est en feu. Et il cherche à se débarrasser des chaînes. Et les limites du monde postal Mais soudain, il entend du plus profond de lui-même. Remplissage de remplissage Papillon coloré Préparez-vous à voler à Blue Nilegon Voix intérieure Plein d’espoir. Ouvre une voie pour rouler dans le cosmos Bourdonnement Adoucissant et calmant —Écoutez!— Survoler les obstacles de la vie

Shalini Yadav, Inde Traduction de la nuit des temps Traduit en farsi: Sepideh Zamani

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LE BATTEMENT DU PAPILLON

Dans ce moment de solitude d’impuissance subjuguée d’orgueil blessé et avec un cœur brisé Si vous essayez de desserrer les chaînes, les obstacles d’un monde commun. Mais soudain, vous entendez au fond de vous Le flottement un papillon multicolore, qui se prépare à voler dans le ciel bleu, Une voix intérieure par quelqu’un de plein d’espoir qui ouvre la voie à un voyage dans le cosmos un murmure doux et apaisant « Écoute. » ─ pour survoler les obstacles de la vie.

SHALINI YADAV, INDE Traduction : Germain Droogenbroodt –Wolfgang Klinck

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FLUTTER DU PAPILLON

Dans un moment de solitude Ne voulant pas aider et avec un orgueil blessé qui tourmente le cœur vous essayez de sortir Les chaînes du monde négatif Quand au plus profond de vous un papillon battement Tout colore, prêt à voler dans le bleu sans fin Une voix en vous plein d’espoir vous montre le chemin vers le monde un murmure doux et serein écoutez-le et jeté loin de la vie les afflictions

Traduit par Manolis Aligizakis Traduit en grec: Manolis Aligizakis

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Battement de papillons (Papillon)

Dans ce moment de solitude Avec l’impuissance de la victoire La fierté est perdue Et le cœur est déchiré Quelqu’un ouvre la version Les contrôles du monde corrompu Mais soudain écoute au fond de lui Flottant Papillons colorés, Asmani est prêt à voler en bleu foncé Rempli d’espoir La voix intérieure Ouvre des voies pour accéder à l’univers Silence Lisse et apaisant -Écouter! - Voler au-dessus des obstacles de la vie.

SHALINI YADAV, Inde Traduit en gujarati: Dr Nirali Soni

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רפרוף הפרפר / שאליני ידב SHALINI YADAV, Inde

Dans ce moment de solitude Soumis impuissant Avec une fierté abîmée Et un cœur brisé Une personne cherche à être libre Des chaînes d’un monde bas Mais soudain, j’entends une vallée à l’intérieur Écrémage d’un papillon plein de couleurs, Prêt à voler dans Azure Voix intérieure De quelqu’un de plein d’espoir Ouvre un chemin pour voyager dans l’univers Murmurer Doux et apaisant -Écouter! – Survolez les obstacles de la vie

Traduction anglaise : Jermaine Drogenbrodet et Stanley Barkan Traduction de l’anglais vers l’hébreu : Dorit Weissman Traduit en hébreu : Dorit Weisman

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pulsation de Flutter

Dans ce moment de tanhai Dans le vashikaran de l’impuissance Le respect de soi blessé et le cœur perturbé Il veut être libéré de l’esclavage De la restriction d’un monde abominable Mais soudain, ils entendent dans les profondeurs. dedans un pouls d’un papillon coloré, Prêt à voler dans le ciel Une voix intérieure Plein d’espoir Ouvrir la voie au tour de l’univers chuchotement Doux et apaisant -Hé écoute! - pour combler le vol au-delà des contraintes de la vie.

Traduit en hindi: Jyotirmaya Thakur.

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COPEAUX DE PAPILLON

Dans ce moment de solitude avec des insuffisances déprimées orgueil blessé et sans courage vous essayez de vous débarrasser Les contraintes d’un monde subalterne mais entend soudain à l’intérieur coloré carillons papillons, Prêt à voler dans le ciel bleu Ödd interne plein d’espoir Ouvrir la voie à l’univers doux et apaisant Murmurer — Hé, les gars ! — Survolez les barrières de la vie.

SHALINI YADAV, Indlandi Traduit en islandais: Thor Stefansson

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PAPILLON FLUTTER

En période de solitude Avec l’incapacité d’être maîtrisé L’orgueil fait mal Et le cœur reste inébranlable Vous cherchez à défaire les chaînes Vile retenue du monde Mais soudain sonna au plus profond de lui Un rabat De papillons colorés, Prêt à voler comme si vous vous dirigiez vers l’espace bleu Voix intérieure D’un Ouvrir la voie au voyage dans le cosmos Un murmure Doux et apaisant —Écoutez! — Pour voler au-delà des obstacles de la vie.

SHALINI YADAV, Inde Traduit en indonésien : Lily Siti Multatuliana

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BAIN D’AILE

En cas de besoin Vous êtes triste Petit-fils tourmenté Navré À la recherche d’une échappatoire De la vallée des larmes Vous entendez Folie Les papillons, En tant que vol d’aile À l’intérieur de votre poitrine Plein d’espoir Remplit les cosmas Avec son skele Doux et détendu —Écoutez! — Sa voix est terminée.

SHALINI YADAV, une Inde Version par Rua Breathnach Traduit en irlandais (gaélique): Rua Breathnach

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BATTEMENT D’AILES DE PAPILLON

Dans ce moment de solitude avec une humble impuissance Orgueil blessé et le cœur brisé Essayez de vous libérer Des chaînes d’un monde ignoble Mais soudain, au fond de lui, il perçoit un battement d’ailes d’un papillon plein de couleurs, Prêt à s’envoler dans le bleu Une voix intérieure plein d’espoir ouvrir un chemin pour découvrir le cosmos un murmure Léger et doux —Écoutez! — pour voler au-dessus des difficultés de la vie . SHALINI YADAV, INDE Traduction de l’auteur - Stanley Barkan – Luca Benassi

***

Papillon flutter

Quand vous vous sentez seul Vaincu l’impuissance et Détérioration de l’estime de soi Le cœur est déchiré L’homme cherche la libération De ce monde laid Soudain, cependant, Venir du plus profond de l’intérieur Papillon coloré flottant Pour s’envoler dans le ciel azur Une voix intérieure pleine d’espoir Pour ouvrir la voie à l’espace Il y a un faible murmure Sentez-vous doux et calme Écouter! Surmonter les difficultés de la vie

Shalini Yadav (Inde) Traduit en japonais : Manabu Kitawaki

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FLAGGING PAPILLON

En cette période de solitude Avec faiblesse éradiquée L’orgueil blessé Et l’esprit pressé dans la douleur Quelqu’un veut se débarrasser des menottes Blocs du mauvais monde Mais il entend soudain le plus profond Signalisation Pour un papillon multicolore, Prêt à voler haut dans le ciel La voix à l’intérieur D’un homme avec beaucoup d’espoir Ouvrir la voie à l’ascension dans le monde Kunongona Doux et calme —Écoutez! — Sauter par-dessus les contraintes de la vie.

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30 octobre 2022 7 30 /10 /octobre /2022 22:46

ARBRES

Dans cette ville bruyante on a enfermé les arbres derrière des barreaux de béton. Depuis ma fenêtre je vois comment leurs branches tentent d’atteindre la vibration d’un miroir que drape le vent endormi. C’est pourquoi durant un moment encore je garde en moi l’image de leurs feuilles et dors sur le fil d’un poignard jusqu’à épuisement de la nuit.

(Venus Ixchel Mejia)

, Honduras (1979)

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30 octobre 2022 7 30 /10 /octobre /2022 12:13
 
– Weekend de lutte victorieuse contre les «mégabassines» à Sainte-Soline : reportage –
Si les historiens du futur cherchent des images de l'effondrement de l'Empire au 21ème siècle, il y aura celles, saisissantes, de Sainte-Soline. Le 28 octobre 2022 dans les Deux-Sèvres, alors que des chaleurs et des sècheresses inédites font rage, l'Etat français a déployé 1700 militaires lourdement armés, une équipe du GIGN – les troupes de choc de la gendarmerie –, 7 hélicoptères et plusieurs drones. Il a même créé une « zone rouge » hors du droit, sur plusieurs kilomètres, dans laquelle tout rassemblement et toute circulation était interdite pendant trois jours. Tout cela pour protéger un trou. Oui, car ces moyens fous, démesurés, colossaux, devaient empêcher des manifestants de s'approcher d'un immense cratère, vide, creusé dans la terre, pour créer un lac artificiel destiné à arroser des champs gavés de pesticides.
Le projet d'un monde fini
A Sainte-Soline comme ailleurs, le dérèglement climatique provoque des sécheresses et des canicules. Plutôt que d'imaginer une agriculture plus respectueuse de la nature, adaptée aux nouvelles contraintes, et moins gourmande en eau, nos experts ont trouvé une solution : les «méga-bassines». De vastes cuvettes artificielles couvertes de plastique, qui pompent dans la nappe phréatique, c'est à dire les réserves communes, pour irriguer les champs de maïs ultra-gourmands en eau, destinés à engraisser du bétail ou être vendus sur le marché mondial. L'obscurantisme capitaliste résumée en un projet. A Sainte-Soline, la bassine est prévue pour accaparer 750 000 mètres cube d'eau, elle s'étend sur plusieurs hectares, et elle est largement financée par de l'argent public. Tout cela pour seulement 12 exploitants agricoles, au milieu de plaines déjà ravagées par l'agriculture industrielle.
Revenons à ce weekend de lutte. Pour protéger le chantier, le dispositif de répression est tout simplement inédit. Même au plus fort des expulsions de Notre-Dame-des-Landes, les moyens n'étaient pas aussi importants. C'est dire si l'Etat français se radicalise. Nous avons vu 6 hélicoptères voler au dessus de nos têtes, au milieu des champs, mais aussi des ballets de fourgons de gendarmes, des véhicules vert kaki et des barbouzes, des checkpoints et des villages déserts. A lui seul, le déploiement d'hélicoptères aura brûlé des milliers de litres de carburant et coûté des centaines de milliers d'euros.
Et tout cela n'a pas empêché des milliers de personnes d'atteindre le campement, situé quelques kilomètres au sud du chantier. Vendredi soir, 2000 personnes étaient déjà arrivées à Sainte-Soline, dans une ambiance conviviale, avec des chapiteaux, des buvettes, des discussions et de la musique. Le samedi matin, un convoi d'élus écolos, pourtant mous et légalistes, se frayait un passage au cœur de la zone interdite. C'est dire si les décisions liberticides du pouvoir sont unanimement méprisées.
«1, 2, 3 Bassines»
14H, 7000 personnes sont réunies, la plupart suivent le dress code de la lutte : le bleu de travail. Trois étendards : rouge, blanc et vert, vont mener trois cortèges séparés pour encercler le chantier. Trois ambiances : au centre, les blancs filent tout calmement, e ligne droite, vers la cible, en musique et en farandoles. Sur les côtés, les rouges et les verts vont emprunter des itinéraires plus sportifs pour atteindre les flancs latéraux de la bassine. L'organisation est impeccable, et déstabilise le gros dispositif de gendarmerie, qui fait face à des bataillons d'environ 2000 personnes chacun, qui partent dans des directions opposées. A 14H05, les premières grenades lacrymogènes tombent déjà dans les champs, mais cela n'entame en rien la détermination collective.
Côté rouge, c'est au pas de course, avec des barricades, et dans le crépitement de feux d'artifice que les gendarmes sont tenus en respect. Un fourgon reçoit un palet lacrymogène tiré depuis ses rangs et renvoyée dans son habitacle, et part en zigzag. Plusieurs lignes de gendarmes sont rapidement franchies, à travers routes et champ. Objectif atteint.
Au centre, le défilé blanc danse, déstabilise les lignes de forces de l'ordre qui ne savent plus où et comment bloquer. Le cortège familial finit par atteindre, lui aussi les abords de la bassine, ce qui est inattendu.
Coté vert, on se heurte à plusieurs verrous de gendarmes. Échanges de projectiles à travers champ. Des riverains indiquent aux manifestants où passer par des sentiers encore accessibles. Le groupe se retrouve dans le bourg de Sainte-Soline même, et ses petites rues. Une ligne de gendarmes est enfoncée à la sortie du village, pendant que le gros du défilé passe à l'arrière d'une propriété, avec l'accord d'un habitant. La ligne est encerclée, les gendarmes se replient après avoir beaucoup gazé. Quelques hectares de maïs sont traversés en vitesse, et les verts arrivent aussi devant la bassine. En chemin, on croise aussi des champs de tournesols brûlés par la sécheresse, signe d'un modèle productiviste à bout de souffle.
Victoire
Le chantier est envahi ! L'équipe rouge a fait tomber les barrières qui ceinturent la bassine. Le dispositif de répression a perdu la bataille, malgré l'évidente dissymétrie des forces. Mais il se venge. Déluge de grenades. Asphyxie générale. Explosions. Il y a des blessés et plusieurs personnes arrêtées. Pendant ce temps, la foule qui arrive de tous les côtés se masse autour du chantier. De très nombreuses grenades explosives, les GM2L, sont tirées au milieu des champs, à proximité des manifestants de tous âges, et même en l'air, explosant au dessus des têtes. De nombreuses personnes ont alors blessées par les éclats ou sonnées. Une fracture ouverte est provoquée par une munition. Un homme d'age mur tombe net, dans un champ, fauché par un tir de LBD dans la tête. Pour masquer leur crime, les forces de l'ordre inondent la zone de gaz.
Des milliers de personnes sont alors devant la bassine, c'est l'aboutissement de toute cette longue marche parsemée d'embûches. Mais un appel à se replier est lancé au mégaphone. L'assaut final de la bassine n'aura pas lieu. Peu à peu, l'immense colonne de manifestants retourne vers le campement. La préfecture n'aura pas réussi à sanctuariser le chantier. C'est une défaite pour le camp de l'industrie mortifère, de la force, de la répression.
Pendant ce temps, les chaînes en continu tournent déjà en boucle sur les «radicaux» et les «violences». Le Ministre de l'Intérieur prétend que 60 gendarmes auraient été blessés, malgré leurs carapaces. Du côté des manifestants, une députée a été matraquée, le porte parole des anti-bassines s'est fait ouvrir le crane par des coups, 4 personnes ont été interpellés et au moins 50 blessées, dont au moins 5 hospitalisés. Plusieurs manifestants ont reçu des tirs de LBD à la tête. Samedi soir, la police appelait les hôpitaux pour savoir quand les blessés sortiraient. Deux personnes en garde-à-vue ont d'ailleurs été blessées au moment de leur arrestation.
Derrière la propagande grossière, il s'agit de cacher la vérité du jour : un répression délirante visant à protéger un chantier absurde a été mise en échec. Cette journée démontre qu'avec de l'imagination, de la bonne humeur et beaucoup de détermination, quelques milliers de personnes organisées peuvent déjouer la répression d'une grande puissance occidentale. C'est, espérons le, le début de la fin pour ces « mégabassines », car l’État ne pourra pas déployer 7 hélicoptères et se taper la honte pour chaque caprice d'exploitants intensif.
Contre un aéroport, pour l'eau, contre des fermes usines et autres projets destructeurs : partout, ce sont les luttes qui gagnent. Il est encore possible de sauver ce qui peut l'être, tout n'est pas perdu.
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27 octobre 2022 4 27 /10 /octobre /2022 16:05

par Alexandra Schwartzbrod

publié le 26 octobre 2022 à 22h00
 

Interrogé lors de son entretien télévisé du 14 juillet sur le sobriquet de «Jupiter» qui lui avait collé à la peau durant son premier quinquennat, le chef de l’Etat avait reconnu – en toute humilité – qu’il se voyait davantage, à l’orée de ce deuxième mandat, en «Vulcain», le dieu du feu et de la forge. Force est de constater que le feu est bel et bien là, mais certainement pas à l’endroit où Emmanuel Macron l’imaginait. Il y a le feu à la majorité, où certaines voix – et non des moindres – se sont élevées publiquement contre une réforme des retraites imposée à la hussarde ou pour une taxe sur les super dividendes (retoquée par le gouvernement). Il y a le feu à l’Assemblée nationale où, lundi, une motion de censure a manqué la majorité absolue de 50 voix seulement. Il y a le feu au pays où une grève dans les raffineries et les dépôts de carburant a bien failli faire tache d’huile tant les colères et les revendications sont nombreuses. Il y a le feu à la planète et, même si le Président semble enfin avoir pris conscience de l’urgence climatique, les décisions et les mesures fortes – notamment à l’endroit des plus riches – se font encore attendre.

Cette interview sur France 2 consacrée aux «urgences françaises» tombait donc plutôt bien, il y avait en effet urgence à calmer le jeu ou au moins à donner quelques raisons d’espérer que Vulcain allait descendre de son nuage pour être au plus près et davantage à l’écoute des simples mortels. Las, après un début d’entretien qui se voulait très rassurant sur sa capacité à affronter «les crises», c’est un Président très énervé qui s’est exprimé pendant près d’une heure, portant une charge violente contre la Nupes, martelant ad libitum sa volonté de faire du pays «la France du travail et du mérite» et vantant le bien-fondé d’une réforme des retraites «essentielle si on veut préserver notre modèle social» qu’il compte bien mener à son terme malgré l’hostilité d’une grande partie du pays. Nicolas Sarkozy, sors de ce corps !

par Lilian Alemagna

publié le 27 octobre 2022 à 6h54
 

«Ce qui me met en colère c’est le cynisme et le désordre.» Eh bien ce qui nous met «en colère» après avoir écouté Emmanuel Macron, ce mercredi soir, dans L’Evénement, la nouvelle émission politique de France 2, c’est d’entendre un chef de l’Etat censé prendre de la hauteur, venir faire de la politique de bac à sable et raconter des fadaises. Non, les députés de gauche n’ont pas «port[é] une majorité avec des députés du Rassemblement national». Ils avaient leur propre motion de censure contre le gouvernement Borne après la décision de la Première ministre d’actionner le 49.3 sur les projets de budget et l’extrême droite en a profité pour venir voter leur texte. Ce qui sauve Borne, c’est le refus de la droite de provoquer une dissolution promise par le Président.

En France – contrairement à l’Allemagne qui n’a ni la même histoire, ni le même régime politique – il n’y a pas besoin de proposer une «majorité alternative» pour renverser un gouvernement. Les institutions sont assez simples : soit le président de la République repropose la même Première ministre ; soit il en change ; soit il renvoie tout le monde devant les électeurs et ce sont les citoyens français qui décident de la nouvelle «majorité».

 

Basse manœuvre politicienne

«Il n’y a pas, ni aujourd’hui, ni demain dans notre pays, une majorité alternative, a-t-il lancé. Car celle-ci repose sur l’incohérence, l’alliance des extrêmes.» Faux. En cas de législatives anticipées, le chef de l’Etat ne sait pas quelle allure aurait la nouvelle Assemblée. Et quoi qu’il arrive, jamais aucun député de la Nupes n’a affirmé qu’il s’allierait avec Marine Le Pen pour gouverner. On peut faire bien des reproches à Jean-Luc Mélenchon et ses troupes – notamment celui de ne pas dire qu’il fallait utiliser le bulletin de vote «Emmanuel Macron» pour empêcher Marine Le Pen d’accéder au pouvoir – mais pas celui d’avoir un programme très différent de celui de l’extrême droite et d’avoir combattu cette famille politique toute sa carrière.

C’est assez insultant, pour quelqu’un de gauche, d’entendre celui qui, tel un simple publicitaire, a pillé les slogans du Nouveau parti anticapitaliste au printemps – «nos vies valent plus que leurs profits» – ou de La France insoumise – «Un autre monde est possible» ou le concept de «planification écologique» – parce qu’il avait besoin de voix de gauche pour son second tour face à l’extrême droite, utiliser des éléments de langage à trois sous et raconter que les députés Nupes «étaient prêts […] à se mettre main dans la main avec le Rassemblement national». Insultant aussi d’entendre que Nupes et RN «se sont mutuellement aidés aux élections du printemps dernier». Qui n’a pas donné de consigne de vote lorsqu’un insoumis était au second tour avec l’extrême droite ? Qui a propulsé – sans que l’Elysée ne trouve à y redire – deux RN à la vice-présidence de l’Assemblée nationale ? Et d’où Emmanuel Macron sait-il que la motion de censure proposée par la Nupes a été «à dessein […] changé par cette coalition baroque» ? A-t-il des preuves ou bien reprend-il les arguments de ces socialistes qui refusent tout à la fois la Nupes - avec une stratégie à zéro député - mais n’ont pas assez de courage pour soutenir Macron ?

On a compris le but de la manœuvre : tenter de fracturer la gauche en vue de législatives anticipées. Récupérer une partie de l’électorat socialiste et écologiste, déçu de Macron et qui a voté Nupes en 2022 car – enfin – la gauche avait su s’unir. Distinguer les «bons» députés PS, EE-LV ou PCF des «vilains» LFI responsables du soi-disant «désordre» à venir dans le pays lorsqu’il décidera de dissoudre. «Le roi [est] nu», a déclaré Macron en conclusion de cette «colère». On pourrait lui retourner la phrase. Macron est nu : il n’a pas de majorité pour passer ses textes comme il le souhaite, la guerre de succession dans son camp a commencé, la droite à qui il a lancé un SOS ce soir ne veut pas s’allier avec lui et va se radicaliser... Pourquoi le chef de l’Etat cogne-t-il plus la gauche que l’extrême droite ? Peut-être craint-il que cette force politique, unie, puisse devenir une «alternative».

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26 octobre 2022 3 26 /10 /octobre /2022 08:52
« Je t’aime pour toutes les femmes que je n’ai pas connues
Je t’aime pour tous les temps où je n’ai pas vécu
Pour l’odeur du grand large et l’odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond pour les premières fleurs
Pour les animaux purs que l’homme n’effraie pas
Je t’aime pour aimer
Je t’aime pour toutes les femmes que je n’aime pas
Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
"Sans toi je ne vois rien qu’une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd’hui
Il y a eu toutes ces morts que j’ai franchies sur de la paille
Je n’ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m’a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie
Je t’aime pour ta sagesse qui n’est pas la mienne
Pour la santé
Je t’aime contre tout ce qui n’est qu’illusion
Pour ce cœur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n’es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi.» (Le Phénix-1951)
▬ Paul Eluard (14 décembre 1895 - 18 novembre 1952

Qu'est-ce que l'amour ?

C'est ce lutin qui fait qu'on ne dort pas, Qu'on ne vit qu'à demi, qu'à toute heure on soupire, Qui, dès le grand matin, tourne en hâte nos pas Vers un objet qui fait notre martyre ;

C'est ce charmant accord qui nous force d'aimer, C'est ce je-ne-sais-quoi qu'on ne peut exprimer : En un mot, c'est ce feu toujours insatiable Qui nous dévore et nous suit en tout lieu.

Plusieurs disent que c'est un dieu, Pour moi je crois que c'est un diable.

(Jean Baptiste Joseph Willart de Grécourt)

Corazón (Alain Borer)
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24 octobre 2022 1 24 /10 /octobre /2022 06:57

 

par Cécile Simmons, Chercheuse à Institute for Strategic Dialogue (ISD).

publié le 24 octobre 2022 à 6h30
 

Canicule, sécheresse, feux de forêt : l’actualité récente a mis au premier plan les effets dévastateurs du dérèglement climatique. En parallèle, les communautés «antisystème» et la complosphère française ont vu l’émergence cet été de discours complotistes sur la canicule, portés par des figures telles que Silvano Trotta (160 000 inscrits à sa chaîne Telegram). Plus récemment, la hausse des prix de l’énergie et la crainte de coupures en hiver ont également alimenté dés- et més-information sur les énergies renouvelables sur les réseaux sociaux. Loin d’être des phénomènes isolés, ces discours reflètent un revirement des stratégies des acteurs climatosceptiques, du déni ouvert à l’adoption de rhétoriques visant à nous convaincre de retarder toute action politique.

Depuis plusieurs mois, l’Institut pour le dialogue stratégique (ISD) suit la trajectoire des discours climatosceptiques en ligne. Nous avons constaté qu’au déni du changement climatique (climate denial) se sont substitués dans de nombreux pays des discours plus pernicieux visant à retarder (climate delay) toute action publique, portés par l’industrie des énergies fossiles et des médias et idéologues ultra-conservateurs, et amplifiés sur les réseaux sociaux par une poignée d’influenceurs climatosceptiques.

 

Discours social de façade

Ces discours, qui se sont mobilisés de manière accrue depuis la COP26, s’articulent autour de quelques stratégies clés : les accusations d’hypocrisie et d’élitisme (les élites cherchent à imposer aux citoyens ordinaires des restrictions sans se les appliquer à eux-mêmes), le détournement de responsabilité (les autres Etats ne faisant prétendument pas assez, nous sommes absous de toute responsabilité) et la diffusion de dés- et més-information sur l’inefficacité des énergies renouvelables. Ce dernier argument a donné lieu à de nombreuses campagnes en ligne, notamment celle qui a suivi les pannes de courant au Texas en 2021, faussement attribuées aux éoliennes, et se traduit en France par la persistance de discours anti-éoliennes, alimentés en partie par la sphère pronucléaire.

La rhétorique de l’hypocrisie, qui présente l’action climatique comme élitiste et prétend défendre les intérêts des citoyens ordinaires, a construit son succès en adoptant un discours «social» de façade et en exploitant des griefs légitimes sur le rôle disproportionné des individus les plus fortunés dans le changement climatique. Les tenants de cette rhétorique s’attachent à décortiquer les modes de vie et les interventions des élites, élus progressistes et militants environnementaux, pour noyer le débat sur les enjeux climatiques, comme en témoigne le succès de contenus sur l’arrivée de dignitaires en jets privés (dont les aspects problématiques peuvent par ailleurs être débattus) aux conférences climatiques. Entre le 10 octobre et le 19 novembre, cette thématique a suscité près de 200 000 mentions sur Twitter et plus de 4 300 posts publics sur Facebook en langue anglaise, l’usage de mèmes et d’images contribuant à des phénomènes de viralité à plusieurs moments clés du sommet.

Les discours sur la prétendue mise en place de «confinements climatiques» re-déploient les rhétoriques «antisystème» à l’œuvre pendant la pandémie sur l’Etat «liberticide». Leurs auteurs se présentent comme les défenseurs des «citoyens ordinaires» face aux élites déconnectées pour défendre le statu quo climatique. Qu’ils montrent un intérêt limité pour le sort des citoyens les plus pauvres par ailleurs importe peu : leur force réside dans leur capacité à capter la colère sociale. La polarisation de mouvements populaires comme les gilets jaunes sur les questions écologiques permet aux tenants du ralentissement de trouver un écho dans ces groupes.

La crise énergétique et l’accroissement des inégalités sociales leur permet d’alimenter le mythe selon lequel l’écologie est affaire d’élites en faisant de la dégradation réelle des conditions de vie de nombreux citoyens un argument pour ralentir l’action climatique, en dépit de nombreuses études montrant que les plus démunis souffriront le plus de l’incapacité à limiter les émissions de CO2.

Une résonance accrue

Si les accusations d’élitisme envers le mouvement climatique ne sont pas nouvelles, les réseaux sociaux leur permettent d’avoir une résonance accrue. Les recherches de l’ISD ont montré que les acteurs climatosceptiques ont posté quatre fois plus de contenus sur la COP26 que les institutions scientifiques telles que le Giec et reçu plus de dix fois plus d’interactions, en jouant notamment sur le thème de «l’hypocrisie» présumée des élites et du mouvement climatique. Les algorithmes des plateformes, qui récompensent les contenus polarisants au détriment des publications informationnelles, amplifient ces arguments.

L’attitude des citoyens face au changement climatique constitue un élément clé dans la capacité des acteurs climatosceptiques à trouver une audience. Une récente étude de l’OCDE a retenu l’attention en suggérant que seuls 57% des Français croient que le changement climatique est beaucoup ou en totalité anthropocène (lié à l’activité humaine), le reste étant plus ou moins convaincu du poids des activités humaines sur le changement climatique (ce qui a conduit certains médias à affirmer de façon erronée que «43% des Français sont climatosceptiques»). Les nouveaux discours climatosceptiques s’engouffrent dans la brèche entre une prise de conscience accrue mais encore trop lente de la réalité scientifique, et l’appétit collectif pour l’action.

La situation présente néanmoins des opportunités. Une récente étude du think tank Destin commun a montré que six Français sur dix pensent que retarder la lutte contre le changement climatique aura des effets néfastes à long terme. La résistance aux discours du ralentissement ne peut cependant se faire sans la remise de la question de la justice sociale au cœur des débats sur la transition écologique, l’adoption d’une définition largement acceptée et institutionnelle (par les Nations unies, le Giec) de la «désinformation climatique» qui prenne en compte les nouvelles stratégies rhétoriques des climatosceptiques et une pression accrue sur les réseaux sociaux pour sanctionner les acteurs qui propagent ces discours.

 
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23 octobre 2022 7 23 /10 /octobre /2022 09:10

j'ai senti que quelque chose changeait dans mon sang et que vers ma bouche montait, que vers mes mains montait une fleur électrique, la fleur affamée et pure du désir.

(Pablo Neruda)

Il n'y a pas de théorème du désir Pas plus qu'il n'y a de théorème de la saveur d'une eau de montagne pans la bouche de l'exténué Il boit sa vie

Il n'y a qu'une vérité à mille chemins Devant le corps aimé Il est une aube plénière Dont la lumière appelle la pensée-mésange de l'amant : S'il y a une vérité dans le désir Seule l'atteint cette pensée à mille chemins

Le coeur aussi se donne comme un paysage Seul donc le désir de s'y perdre le mérite Car ici l'ignorance nous accroît

C'est très simple l'immense pour qui s'est intérieurement dévêtu Une paupière une hanche un souffle sur la joue Cela d'un coup efface le monde La fureur l'excès leur langage

C'est toujours à partir de ce vide Que nous aimons En lui que nous buvons notre vie

Est-ce de l'ordre de l'explosion ? Explosion silencieuse et immobile À la jonction de deux corps Qui est la conjonction de deux limites Ainsi détruites ?

Serait-ce l'apparition d'un espace neuf Contraire mais lié À l'espace ordinaire des besognes de l'existence ?

La porte d'or Par où l'on revient dans sa vie Déshabitué éclairé Retour d'exil : Gestes enfin habités Regards tenus Expansion d'une prairie intérieure Avec affleurement de sources Celles que l'amant entend Quand il pose son oreille sur le sommeil de l'aimée

Beau chahut l'amour dans la maison des hommes Table renversée écrous levés

Est-ce bien de l'ordre de l'explosion ? Mais lente mais douce Et sa rumeur qui dort dans la main du coeur

(Jean-Pierre Siméon)

Recueil: Le désir en nous comme un défi au monde 84 Poètes d'aujourd'hui
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22 octobre 2022 6 22 /10 /octobre /2022 08:43
"J’ai très peur pour l’homme et son avenir, parce que tout le monde s’évertue à parler de liberté, de liberté, de liberté… ce mot qu’on emploie à tort et à travers et moi, j’ai l’impression que la liberté de l’homme est de plus en plus menacée. On vit dans un monde où les hommes ont peur. Peur de dire ce qu’ils pensent, peur de ne pas être des intellectuels, peur de ne pas être dans le coup, peur de perdre leur place, peur de tout. C’est affreux, j’ai l’impression qu’on vit à plat ventre !"
Le grand Lino Ventura nous a quittés le 22 octobre 1987.
S’il est naturellement égoïste et peut donner libre cours à ses plus bas instincts à la première pénurie, l’homme n’est pas le seul coupable. Selon Gilles Vervisch, professeur de philosophie, c’est le système qu’il faut changer, celui qui consiste à vouloir «épargner», «capitaliser», surproduire.

Chassez le naturel, il revient au galop ou plutôt, en voiture. Est-il besoin de rappeler les scènes de guerre observées et filmées un peu partout dans les stations-service, entre des automobilistes qui grillent la file d’attente ou siphonnent les pompes à coups de jerricanes ? Une situation liée à la pénurie de carburant qui repose LA question philosophique : l’homme est-il un loup pour l’homme ?

Thomas Hobbes célèbre philosophe anglais du XVIIe siècle, pensait que oui ! Dans le Léviathan, il montre que la nature humaine était, sinon mauvaise, du moins égoïste : chaque individu ne poursuit que sa propre conservation – ou survie – autant dire, son intérêt personnel, sans se soucier des autres, ce qui conduirait à un «misérable état de guerre», s’il n’y avait pas de lois et de pouvoir politique pour les retenir. Il suffit de regarder la manière dont ils se conduisent – au volant – à la pompe à essence. On est prêt à tuer pour avoir son litre. Il suffisait déjà de voir comment ils se comportaient dans les transports en commun : ceux qui montent empêchent les autres de descendre, et pour quoi ? Pour avoir le siège libre, isolé, là, loin des autres. D’ailleurs, si l’on préfère se taper deux heures de bouchon dans une voiture au lieu d’un quart d’heure dans un bus ou un train, c’est bien qu’on préfère être seul, parce qu’on est toujours mal accompagné. Bref, l’homme est naturellement égoïste et asocial, et donne libre cours à ses plus bas instincts, à la première occasion. Mais doit-on être aussi pessimiste sur la nature humaine ?

 

Si on en est arrivé là, à cette «crise des carburants», c’est d’abord, parce qu’il y a une pénurie ; ensuite, parce que nous nous sommes rendus dépendants de la voiture. Et comme vous le savez – ou pas – Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) a plutôt écrit : l’homme est naturellement bon, c’est la société qui l’a perverti. Ce n’est pas tant la nature humaine qui est mauvaise, c’est ce que nous sommes devenus. Dans ce sens, le philosophe Henry David Thoreau (1817-1862), qui est un peu le Rousseau américain, prône un mode de vie naturel, en dénonçant le «gaspillage» organisé par la société. Dans un passage de son fameux Walden ou la vie dans les bois (1864), il montre notamment avec quelle ironie se crée une pénurie – alors qu’il n’y avait pas de voiture, en 1850, du côté de chez lui, dans le Massachusetts : «Les hommes déclarent qu’un point fait à temps en épargne cent, sur qui les voilà faire mille points aujourd’hui pour en épargner cent demain.» Il parle sans doute des «points» de couture, ou de toute autre activité artisanale, ou travail. Et souligne cette absurdité du système qui consiste à vouloir «épargner», «capitaliser» ; en faire plus, maintenant, pour être tranquille plus tard en bref, surproduire, pour garder un petit capital. En bref, encore, aller à la station «par précaution», même quand on a le réservoir plein, comme d’autres allaient acheter du PQ et des pâtes pour faire des réserves pendant la crise du Covid. Et les réserves et les précautions créent la pénurie et une perte de temps pour tout le monde. Ce n’est donc pas l’homme qu’il faut changer, mais le système.

Et Thoreau de conclure : «On vit dans les ténèbres de l’insondable grotte de mammouth qu’est ce monde.»

Gilles Vervisch est l’auteur de Etes-vous sûr d’avoir raison ?, Flammarion, 2022.
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22 octobre 2022 6 22 /10 /octobre /2022 08:30

La prise de conscience écologique débouche sur un nouveau conservatisme : désormais toute atteinte à l’existant végétal est vécue comme intolérable. L’arbre est devenu un enjeu politique, parfois au détriment des habitants et des grands travaux urbains.

 

Pourrait-on encore construire Beaubourg ou la Bibliothèque nationale de France aujourd’hui, sans parler du périphérique ou du tunnel sous Fourvière à Lyon ? Sans remonter aussi loin, pourrait-on réaménager la place de la République, inaugurée il y a neuf ans ? Plus largement, peut-on encore entreprendre des travaux publics – petits, moyens ou grands – à l’heure de l’urgence climatique ? La question se pose au moment où, partout en France, des projets d’aménagement urbain, immobiliers ou d’infrastructures sont remis en question, et de plus en plus souvent abandonnés, sous la pression d’une opinion désormais soucieuse de limiter au maximum les atteintes à l’environnement.

Fronde citoyenne

Dernière en date après, en vrac, Notre-Dame-des-Landes, l’autoroute A45 entre Lyon et Saint-Etienne ou le téléphérique entre Lyon et Francheville, la décision de la mairie de Paris de renoncer à réaménager le parvis de la tour Eiffel selon les plans de l’architecte Thomas Corbasson. Le projet de requalification de la porte de Montreuil, porté par l’agence TVK – qui a aménagé la place de la République – et Nexity, connaîtra-t-il le même sort ? Les alliés écologistes d’Anne Hidalgo ont déposé un vœu demandant sa remise à plat. Il sera examiné jeudi au Conseil de Paris : la séance s’annonce houleuse.

Cette fronde citoyenne contre des projets pourtant consensuels à leur lancement, des années plus tôt, s’explique par une discordance des temps : l’accélération de la crise climatique et de la prise de conscience des dégâts irréversibles infligés par l’homme à la nature conduit à l’obsolescence de projets pensés dix, voire vingt ans auparavant, quand cette conscience n’était pas aussi aiguë. En ville, l’affrontement entre cette sensibilité nouvelle au vivant et la volonté d’élus de réaliser les logements, pistes cyclables et embellissements de l’espace public qu’ils ont reçu mandat de faire, se joue autour d’une nouvelle figure tierce : l’arbre. Dès qu’un projet prévoit d’abattre des arbres, surtout s’ils sont anciens et pourvus d’une large canopée qui en fait des climatiseurs naturels irremplaçables, il suscite une levée de boucliers : c’est le cas du réaménagement du Champ-de-Mars et, donc, de celui de la Porte de Montreuil (qui passe par l’abattage de 200 spécimens) mais aussi d’une trentaine de points chauds recensés par le Groupe national de défense des arbres partout sur le territoire, du Mans à Auxerre en passant par Chartres.

«Ecologie comptable» ou «écologie du vécu»

«L’arbre, un nouvel enjeu politique ?» s’interroge l’historien Mickaël Wilmart dans un article publié dans la revue en ligne AOC. De fait, les décideurs doivent désormais prendre acte que l’arbre compte. Il ne peut plus être considéré comme une simple variable d’ajustement des projets urbains. Et inutile de promettre que l’on compensera les spécimens abattus en en replantant en plus grand nombre : la logique compensatoire est rejetée par ceux qui, face à cette «écologie comptable», défendent une «écologie du vécu». Le problème, c’est lorsque la défense de l’arbre, en tant qu’il fait partie du vivant, vire à la sacralisation et conduit non seulement à invectiver tous ceux qui pensent autrement, mais aussi à oublier que les habitants de la Porte de Montreuil ou de Givors, commune pauvre du Rhône, traversée par l’autoroute surchargée qui relie Lyon à Saint-Etienne, font aussi partie du vivant.

par Eve Szeftel

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