La commune de Cuiseaux est partagée entre laBresselouhannaise et lemassif du Jura. C'est une des rares communes de Bourgogne dont une partie du territoire est située dans le massif du Jura. Le point culminant de la commune est à une altitude de 645m(près du sommet de 647msitué sur la commune deChevreaux).
La première mention de Cuiseaux (Cuisel)16date de 1107 (Ponce de Cuisel, présent à une donation faite àClunyparGuillaume, comte de Mâcon).
À cette époque, Cuiseaux est connu pour disposer d'un lieu singulier : unsanctuaire à répit, la chapelle Notre-Dame-du-Noyer (aujourd'hui convertie en maison particulière)17.
En 1595, la cité fortifiée ouvrit ses portes aux troupes d'Henri IVqui ravageaient alors le comté de Bourgogne.
En1552l'humaniste comtoisGilbert Cousinen fait cette description: "A la suite est Cuiseaux au pied d'une montagne. Bien qu'enlaidi par une grande quantité de ruines, ce village porte les marques d'une haute antiquité. Il y a là un collège de chanoines(fondé en 1408). Tout le pays produit du vin."18
L'Abergement de Cuisery est situé dans la plaine bressane sillonnée par de nombreux ruisseaux appelés "caunes". Le village est constitué de petits hameaux épars qui ont su garder leur aspect d'antan. Bien que le pisé et le chaume aient été peu à peu remplacés par la brique et la tuile, les fermes conservent une apparence traditionnelle : constructions basses avec un large auvent permettant le séchage du maïs. A voir également à l'Abergement de Cuisery, l'église d'origine romane, transformée au 19ème siècle. Elle abrite un ancien reposoir du 16ème siècle en forme de pinacle, beau spécimen de l'art gothique flamboyant servant de fonds baptismaux et dont la présence reste inexpliquée. C'est un village typique, et très apprécié pour le calme de la campagne environnante toute proche de la Saône et parsemée de nombreux bois. Au Moyen-Age, les moines de Tournus avaient concédé des bois aux Sires de Bâgé, Seigneurs de Cuisery, afin d'y construite des logis pour y recevoir des hôtes. C'est un lieu d'accueil d'où le nom du village. Beaucoup de noms locaux (le Chêne, Breuil, La Fraigne) rappellent l'existence de la forêt primitive aujourd'hui en grande partie disparue. Il reste de cette forêt de grands espaces où il fait bon se promener.
Le lieu est mentionné pour la première fois en 1089 sous le nom d'Ecclesia Bellevavre dans les livres du monastère de Baume-les-Messieurs. Cependant, le nom remonte à la période gallo-romaine de peuplement, à l'origine bella vevre, avec la signification d'une belle plaine inondable, mais aussi de broussailles et de sous-bois. En effet, le village est situé au carrefour de cinq voies romaines, dont l'une menait de Verdun-sur-le-Doubs à Poligny, les autres de Dole à Louhans et Lons-le-Saunier. Les découvertes archéologiques (armes de toutes sortes, épées, poignards, lances, pointes de flèches, fers de lance, boucliers) attestent de l'importance de cette agglomération, qui était le plus grand carrefour routier de la Bresse à l'époque gallo-romaine.
Le territoire local a été occupé dès l'Antiquité, mais la nature du sol humide, argileux, dépourvu de pierres, n'a pas permis l'érection de monuments durables. Toutefois, de nombreuses traces sont encore visibles sur le terrain : sites jonchés de débris de tuiles et briques d'époque gallo-romaine, tessons, traces visibles de voies romaines.
Mouthier doit son nom à son monastère (moustier = couvent). Bien avant l'an mille, des moines sont venus s'installer dans ce lieu : il est à peu près certain que Mouthier fut évangélisé par Saint-Lautein (470-547) et que celui-ci fonda le monastère dont il ne reste plus rien aujourd'hui. Celui-ci est mentionné en 926 dans un testament de l'abbé Bernon, premier abbé de Cluny, sous le nom d'Ethice, puis dans différents titres en date de 1089, 1107, 1111, 1159... sous les noms de « Cenobium Ethicense », « Abbatia », « Monastérium », « Ecclesia Si Eugendi Ethicae » ou encore « Ethicencis ». (Au XVe siècle, il sera finalement nommé « Monastérium in Brixia » dans le catalogue des bénéfices de l'abbaye de Cluny. La cohésion religieuse grandissant au Xe siècle, c'est sous l'autorité de l'abbé Bernon, que le couvent de Mouthier fut uni aux abbayes de Gigny, Baume-les-Messieurs et Silèce (Saint-Lothain), toutes « filles » de celle de Cluny.
À sa mort, en 927, l'abbé Bernon légua le gouvernement de Baume, Gigny, Ethice et Silèce à un parent, et celui de Cluny à un autre disciple. Le destin du prieuré de Mouthier rejoint celui de Baume et se sépare désormais de celui de Cluny.
Jusqu'au XVIe siècle, le tissu des relations étroites entre les monastères reste solide, mais aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle, les moines cédèrent les fonctions curiales à un prêtre séculier, les prieurs étaient « commendataires », nommés par le roi, ils avaient la jouissance des revenus de l'abbaye. Laïcs, ils laissaient souvent l'administration spirituelle du monastère à des prieurs claustraux ou des prêtres desservant le prieuré. À partir de 1771, les moines, peu assidus à la vie monastique abandonnèrent le prieuré qui fut réuni au chapitre de Baume. Les bâtiments claustraux abritèrent le régisseur de l'abbé commendataire, servirent à la fois de mairie et d'école, l'église du couvent - l'église de Saint-Oyant - servit de remise à bois. À la Révolution, les biens du prieuré furent nationalisés, bâtiments démolis et vendus par lots, mobilier et ornements vendus (fondus en monnaie) malgré la supplique du curé paroissial et de la municipalité de l'époque adressée aux administrateurs du département. Le moulin du prieuré fut vendu en état en 1792.
Seigneuries
Le territoire de Mouthier fut placé sous la dépendance de 4 seigneuries :
la baronnie de Bellevesvre (seigneur du clocher de Mouthier, suzerain sur les hameaux de Four-en-Chaux, la Ronce, les Creuillons, Le Rond, une partie d'Hiège et la Verne). Son château se trouvait à Bellevesvre ;
la baronnie de Dissey (suzerain sur les hameaux de Dissey, le Colombier, les Champs, les Rattes). Le château existait encore au Colombier en 1634. Il disparut peu après, quelques traces sont encore visibles au sol ;
les seigneuries d'Hiège-Evans tenaient leurs fiefs du baron de Bellevesvre, régnaient sur les hameaux d'Evans, l'autre partie d'Hiège, les Bigueurs, le Tilleret, Chêne-Sec. Le château, plutôt une maison forte, existait encore en 1778 à la dernière rénovation du terrier, le puits subsiste toujours au hameau d'Evans ;
la seigneurie d'Authumes (issue de la baronnie de Pierre) régnait sur les hameaux de Chouillère, Favry et sur Authumes, où les restes du château sont encore imposants.
Chaque quartier avait donc ses redevances propres selon son appartenance à l'une ou l'autre de ces seigneuries. Les seigneurs avaient depuis longtemps fait établir par leurs notaires des actes de reconnaissance de leurs droits sur leurs sujets.
La paroisse de Mouthier
Mouthier posséda deux églises : celle du prieuré, l'église de Saint-Oyant, très vaste, était réservée au monastère ; l'autre plus modeste, l'église de Saint-Vite bâtie juste à côté sous la protection du seigneur de Bellevesvre, était l'église paroissiale. En 1783, les habitants, attachés à leur église, demandent le réparation de celle de Saint-Vite et refusent d'occuper celle de Saint-Oyant pourtant plus vaste : un gros budget de réparation s'engage donc, accordé par la subdélégation de Seurre : clocher, toit de la nef, chapelle latérale, porte, carrelage, sacristie, chœur.
La paroisse de Mouthier était considérable, englobant les territoires de « Mouthier rive gauche de la Brenne » et de « Dissey rive droite », avec Beauvernois, Chêne-Sec, Le Tilleret, Teignevaux, Saint-Martin, Chalange. Responsable de 2 158 paroissiens en 1791, le curé demandait des assistants pour le seconder dans sa trop lourde tâche. L'actuelle église, incendiée en 1855, puis réparée, renferme la pierre légendaire de Saint-Vite, sur laquelle le saint fut martyrisé par les Romains et rapportée du royaume de Naples ; elle renferme aussi une piéta, sculpture polychrome toute de bois du XVIe siècle, ainsi que quatre bâtons de pèlerin magnifiquement travaillés, classés au registre des monuments historiques.
La communauté administrative de Mouthier à la Révolution
En 1790, la communauté regroupe trois zones administratives distinctes :
« Mouthier rive gauche » qui englobait Le Bourg, Hiège, Evans, Le Rond, Les Creuillons, La Ronce, Four-en-Chaux, administrée par un échevin élu, mais aux pouvoirs limités ;
Beauvernois qui recouvre Le Tilleret, Les Bigueurs, Chêne-Sec administrée par le même échevin que Mouthier ;
« Dissey rive droite » qui englobait Dissey, Les Champs, Les Rattes, La Verne, Chouillère, Favry, administrée par son propre échevin élu.
Ces trois communautés étaient souvent appelées à travailler ensemble pour de mêmes causes. En 1789, deux d'entre elles, Mouthier et Dissey, seront réunies pour former l'actuelle commune de Mouthier, séparées désormais de la commune de Beauvernois en Saône-et-Loire, celles du Tilleret et de Chêne-Sec en Franche-Comté.
Les premiers instituteurs furent les moines, et les écoles étaient annexées au monastère, encore en 1783, malgré leurs départs.
En 1695, une ordonnance de Louis XIV laissa aux habitants la faculté de choisir leur recteur d'école, mais l'avis du curé était indispensable. Les instituteurs communaux passaient un marché avec la municipalité qui les rétribuait ; ils s'engageaient aussi à assister le curé à la messe, chanter les vespres, assister aux enterrements, mariages, baptêmes, nettoyer, décorer l'autel... Mouthier, étant une très vaste paroisse, eut très tôt plusieurs écoles avant 1691 : au prieuré, à Chouillère, parfois au domicile des maîtres-adjoints. Le hameau de Chouillère avait des instituteurs irréguliers qui tenaient école dans l'une ou l'autre des maisons du hameau, souvent dans la « maison des grenouilles », à Charbonnière. En 1748, la paroisse acheta au bourg une propriété pour y construire une école communale et loger le recteur, mais en 1783, celle-ci n'est pas encore construite (emplacement probable de l'actuelle mairie).
En 1847 s'ouvre la première école communale de filles ; en 1849, les sœurs de la Providence de Portieux en ouvrent une autre qui connait un vif succès (120 élèves) ; des conflits fréquents opposeront la commune et cette école libre ; en 1868, la commune vote alors la gratuité absolue des écoles communales. On construit l'école de hameau à Chouillère (en brique, selon des plans de l'architecte chalonnais Charles Gindriez), avec une classe de filles et une classe de garçons en 1889[1].
En 1892, l'école du bourg fut reconstruite en entier sur le même emplacement (actuellement mairie). Au début 1900, les instituteurs du bourg recevaient 150 élèves d'octobre à mars. En 1912, les effectifs sont tels que la commune engage la construction d'une nouvelle école pour les filles (l'actuelle école) si bien qu'en 1914, l'école libre, faute d'effectifs, doit fermer ses portes.
L'exode rural a très vite frappé le village. En 1965, il faut déjà fermer l'école de hameau. Au bourg, deux classes subsisteront jusqu'en 1988. Aujourd'hui, une seule classe est ouverte, la municipalité a demandé son entrée dans le regroupement pédagogique intercommunal de Bellevevsre et Torpes, en 1988. Ce sont les enfants de grande section maternelle et de cours préparatoire de Mouthier, Bellevesvre, Torpes et Beauvernois qui remplissent depuis, cette classe. Heureusement, ils bénéficient du ramassage scolaire porte à porte par mini-bus matin, midi et soir.
Avant 1930, les enfants éloignés apportaient leur repas de midi, puis en 1930, on créa une cantine pour les mois d'hiver. Puis en 1945, celle-ci fonctionna toute l'année scolaire. Avec l'entrée en R.P.I., la cantine de Mouthier disparaîtra après sa fusion avec celle de Bellevesvre. Dans des locaux devenus trop exigus, la traditionnelle cantine prendra le statut de restaurant scolaire municipal dans un bâtiment neuf, construit à Bellevesvre et géré en commun par les communes du R.P.I.
L'économie repose principalement sur l'agriculture, principalement la polyculture. Le territoire est inclus dans le domaine AOC pour la production du poulet de Bresse.
Les nombreux commerces et artisanats (en 1910 : 6 aubergistes, 1 boulanger, 3 cantonniers, 3 charrons, 1 cordonnier, 4 épiciers-merciers, 3 forgerons, 2 gardes-champêtres, 4 entreprises de battage, 4 maçons, 2 menuisiers, 3 meuniers, 1 perruquier, 5 sabotiers, 1 tonnelier, ...) ont pratiquement disparu. Mouthier conserve un important revendeur de matériel agricole et horticulture.
La commune devient progressivement une zone de villégiature, en raison de forêts giboyeuses, et de prairies se prêtant bien à l'élevage de chevaux.
Le territoire de la commune présente une particularité remarquable : celle de posséder deux enclaves (l'une de 26 hectares, l'autre de 10 hectares) de la commune de Chêne-Sec du département du Jura[1] (ce qui constitue le seul cas de territoire communal enclavé à l'intérieur du département de Saône-et-Loire[2]).
Le sous la monarchie de Juillet, un loi est promulguée réunissant les communes de Chêne-Sec et de Beauvernois en une seule, dont le chef-lieu est fixé à Beauvernois, et dans le département de Saône-et-Loire[3]. Mais le 5 juin, un ordonnance annonce que c'est par erreur que ce projet de loi a été inséré au Bulletin des Lois[4]. Le projet de la Chambre des députés du 28 janvier incluait en effet la nouvelle commune dans le département du Jura[5], alors qu'à la Chambre des pairs c'est un projet de loi différent issu de réclamation des autorités locales qui avait été voté, plaçant la commune en Saône-et-Loire. Un nouveau projet de loi est donc proposé à la Chambre des députés le 5 juin, plaçant cette fois la commune en Saône-et-Loire[6]. La procédure semble ne pas avoir eu de suite.