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3 juillet 2022 7 03 /07 /juillet /2022 16:51

VENEZ LA POUR M'AIMER

Venez là pour m'aimer, dit la fleur du jardin, L'herbe haute de Juin et l'écho de la plaine, Le cerisier en fleurs, l'oiseau la gorge pleine... De chants ensoleillés et de paix du matin.

Venez là pour m'aimer, dit la source profonde, Le murmure du vent d'un son harmonieux, Les oiseaux du rivage aux vols ingénieux, Le profond bleu du ciel, comme celui de l'onde.

Venez là pour m'aimer, dit le faible roseau, La tourterelle blanche et la petite ânesse, Le long troupeau qui passe, aînés comme jeunesse, Le rouet patiné, son bois et son fuseau.

Venez là pour m'aimer, dit notre belle France Nombreuses régions, véritables trésors Aux sites sans pareils dans leurs frondaisons d'or Aimez-moi comme un coeur beau comme l'espérance.

(Rosa Burel)

«OUVRE TON AME»

Quand le rossignol sifflera Ce gai refrain : Alléluia ! — Ouvre ton âme à leur message — Vers l'horizon du paysage, Unis ta joie à ce printemps — Vis de tout ton coeur ces instants Tout est fugitif sur la terre Où toute chose a son mystère

(Rosa Burel)

le courage qu'il faut aux fleurs pour résister à l'hiver

la patience d'un souffle souterrain et soudain la lumière le lent déploiement de la vie

comme tout semble simple

(Gaëlle Josse)

AVRIL

Et … avril vint avec sa lumière de printemps.

Aussi riant qu’une fleur paré des rayons du soleil, de couleurs et d’harmonie.

Avril éphémère … comme les fleurs du cerisier, comme le battement d’ailes d’un colibri.

Je suis née sous ta lumière de la pluie entre les yeux ; la lune en était témoin.

(Inés Blanco), LUNA DE ABRIL, La Colombie Traduction Elisabeth Gerlache

Dans une goutte de pluie

Dans une goutte de pluie, je vois le soleil si je veux. Et, dans le froid, le feu. Je lis l'avenir dans l'instant qui arrive, je dis poème et soudain il est là, quelle joie, il est là, il s'en vient surtout où on ne l'attend pas, comme le soleil dans la goutte de pluie.

(Carl Norac)

Pour tous ceux qui...

J'écris pour tous ceux Qui n'attendent Qu'un mot Un signe Un battement d'ailes

Pour ceux Qui ne demandent Qu'un chant Venu d'au-delà Du ciel

Ceux Que le vent appelle En écho vainqueur

Afin que demain Soit plus beau qu'aujourd'hui Qui n'en finit pas de mourir Sous l'arc peureux De nos regrettés sourires

(Claude Haller)

Un songe de printemps

Durant la nuit, un air de printemps est entré par la fenêtre. Il sut gagner rapidement les profondeurs de ma chambre. Il sut toucher mon âme et la fit convoler sur les bords du Yangzi. Elle se tenait sur la rive, la belle que le printemps m'amène. Il dura bien peu ce songe de printemps ; Le temps d'un mouvement sur l'oreiller. Mais cet instant si court me fit voyager cent lieues.

(Jin Zan)

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3 juillet 2022 7 03 /07 /juillet /2022 09:23

ETE

La rivière d'été Passée à gué savates à la main Quel bonheur!

(Buson)

Le verger

Dans le jardin, sucré d'oeillets et d'aromates, Lorsque l'aube a mouillé le serpolet touffu Et que les lourds frelons, suspendus aux tomates Chancellent de rosée et de sève pourvus,

Je viendrai, sous l'azur et la brume flottante, Ivre du temps vivace et du jour retrouvé, Mon coeur se dressera comme le coq qui chante Insatiablement vers le soleil levé.

L'air chaud sera laiteux sur toute la verdure, Sur l'effort généreux et prudent des semis, Sur la salade vive et le buis des bordures, Sur la cosse qui gonfle et qui s'ouvre à demi ;

La terre labourée où mûrissent les graines Ondulera, joyeuse et douce, à petits flots, Heureuse de sentir dans sa chair souterraine Le destin de la vigne et du froment enclos...

Des brugnons roussiront sur leurs feuilles, collées Au mur où le soleil s'écrase chaudement, La lumière emplira les étroites allées Sur qui l'ombre des fleurs est comme un vêtement,

Un goût d'éclosion et de choses juteuses Montera de la courge humide et du melon, Midi fera flamber l'herbe silencieuse, Le jour sera tranquille, inépuisable et long.

Et la maison avec sa toiture d'ardoises, Laissant sa porte sombre et ses volets ouverts, Respirera l'odeur des coings et des framboises Éparse lourdement autour des buissons verts ;

Mon coeur, indifférent et doux, aura la pente Du feuillage flexible et plat des haricots Sur qui l'eau de la nuit se dépose et serpente Et coule sans troubler son rêve et son repos.

Je serai libre enfin de crainte et d'amertume, Lasse comme un jardin sur lequel il a plu, Calme comme l'étang qui luit dans l'aube et fume, Je ne souffrirai plus, je ne penserai plus,

Je ne saurai plus rien des choses de ce monde, Des peines de ma vie et de ma nation, J'écouterai chanter dans mon âme profonde L'harmonieuse paix des germinations.

Je n'aurai pas d'orgueil, et je serai pareille, Dans ma candeur nouvelle et ma simplicité, À mon frère le pampre et ma soeur la groseille Qui sont la jouissance aimable de l'été,

Je serai si sensible et si jointe à la terre Que je pourrai penser avoir connu la mort, Et me mêler, vivante, au reposant mystère Qui nourrit et fleurit les plantes par les corps.

Et ce sera très bon et très juste de croire Que mes yeux ondoyants sont à ce lin pareils Et que mon coeur, ardent et lourd, est cette poire Qui mûrit doucement sa pelure au soleil...

(Anna de Noailles)

Signes de vie

Une alouette au ras des blés, Une étoile à la crête du vent, Une barque d'écume, un visage Qui lève à l'envers du temps, Il n'en faut pas plus pour qu'émerge Entre deux mots ou deux images Ce léger tremblement de la vie Qui vient juste de naître Et soudain nous fait signe.

(Pierre Gabriel)

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28 juin 2022 2 28 /06 /juin /2022 18:27

Identité contre liberté

La décision de la Cour suprême de Washington, qui permet aux états de l’union d’interdire s’ils le souhaitent l’interruption volontaire de grossesse et qui inflige un recul majeur au droit des femmes, n’est pas seulement un phénomène américain. Elle traduit aussi une tendance mondiale qu’on peut résumer ainsi : partout la passion de l’identité progresse, partout la liberté recule.

Samuel Alito, signataire de la décision des juges suprêmes américains, s’en est expliqué sans ambages : l’avortement, a-t-il expliqué « n’est pas profondément enraciné dans l’histoire et les traditions de la nation ». Autrement dit, et même si la chose est fausse – l’IVG est légal aux États-Unis depuis des lustres et son principe est accepté par une majorité de citoyennes et de citoyens des États-Unis - ce juge de la Cour suprême estime que l’avortement est contraire à l’identité du pays, marquée par la religion chrétienne, principalement protestante. On sait que c’est un travail militant ourdi de longue main par les églises évangéliques qui a abouti à ce résultat désastreux.

La montée de cette logique identitaire, qui tend à l’emporter sur celle de la démocratie et des droits humains, se retrouve dans toutes sortes d’événements récents. Quelques exemples de ce phénomène multiforme :

  • Au nom de l’identité, d’autres démocraties sont soumises à l’assaut de forces nationalistes et populistes qui se prévalent des racines culturelles de leur pays pour promouvoir des mesures de restriction des libertés : bien avant les États-Unis, la Pologne catholique a réduit à néant le droit à l’avortement, tout comme plusieurs pays d’Amérique latine.
  • Au nom de l’identité, la Hongrie a fermé hermétiquement ses frontières à l’immigration et met en cause l’indépendance de la justice et la liberté d’informer.
  • Au nom de l’identité, la Grande-Bretagne dominée par un parti conservateur hostile à l’Europe a rompu avec l’Union, sans qu’aucune des perspectives mirifiques promises par les tenants du Brexit ne se soit réalisée.
  • Au nom de l’identité, le Rassemblement national a recueilli 41% des suffrages à l’élection présidentielle et effectué une spectaculaire percée lors des élections législatives ; en Autriche, en Italie, en Belgique, au Danemark ou aux Pays-Bas, les identitaires forment là aussi une opposition forte et agressive.
  • Au nom de l’identité russe, Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine, qui fait à ses yeux partie intégrante de la Fédération de Russie, avec la bénédiction appuyée du patriarche orthodoxe de Moscou. Les Ukrainiens ont commis le crime de se rapprocher de l’Europe et de ses valeurs de liberté : ils doivent venir à résipiscence sous la pression des bombes et des chars d’assaut.
  • Au nom de l’identité chinoise, les Ouighours musulmans sont traités comme des sous-citoyens, acculturés de force et enfermés dans des camps ; les habitants de Hong-Kong sont réintégrés contre leur volonté dans l’espace politique chinois et seront soumis par étapes au même régime autoritaire ; ceux de Taïwan, qui refusent le totalitarisme de Pékin, sont menacés d’une invasion en bonne et due forme.
  • Au nom de l’identité musulmane, une grande partie des pays où l’islam est majoritaire sont soumis à des régimes théocratiques, tels l’Iran, l’Afghanistan, l’Arabie Saoudite, les autres états du Golfe et, dans une moindre mesure, la Turquie.
  • Au nom de la même identité étroitement interprétée par des théologiens intégristes, les groupes islamistes violents continuent à user des méthodes terroristes pour imposer leur loi.
  • On peut multiplier à l’envi les exemples de cette montée en puissance en citant aussi l’Inde, le Pakistan, le Brésil, l’Indonésie ou les Philippines.

Ainsi la mondialisation, dont on espérait qu’elle fasse converger les peuples vers des valeurs de liberté grâce à l’intensification des échanges et à la prospérité économique, a mondialisé les réactions identitaires et bientôt autoritaires, y compris dans les pays en principe fondés sur les droits humains, comme en atteste la tentative de coup d’État suscitée par Donald Trump au cœur de la première démocratie du monde.

À terme, on ne peut contenir cette montée générale qu’en imaginant une forme nouvelle de mondialisation, plus maîtrisée, plus juste et plus respectueuse des peuples. Ce sera œuvre de longue haleine. Dans l’immédiat, il n’est d’autre solution que de prendre conscience de la nouvelle fragilité des démocraties, phénomène majeur du siècle à venir, et de se concentrer sur la défense opiniâtre des valeurs universelles de liberté et d’égalité, qui ont des partisans partout dans le monde et forment la seule boussole exacte de l’action politique. La gauche doit prendre la tête de ce combat. Ce qui signifie qu’elle doit se garder elle aussi des tentations identitaires alimentées par ceux qui confondent lutte contre les discriminations et promotion des courants communautaires. Seul l’universalisme le plus intransigeant permettra de résister à cette dérive universelle.

 

Laurent Joffrin

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27 juin 2022 1 27 /06 /juin /2022 09:27

Jean COCTEAU

Bonjour vieillesse (1/4) Nous vivons dans une société vieillissante. Ça veut dire quoi «être vieux» ? Pourquoi un tel tabou autour d’un phénomène inévitable et universel ? Pour que la vieillesse ne soit pas seulement abordée par le prisme du déclin, et de la tristesse, Libé donne carte blanche à Laure Adler, Boris Cyrulnik, Rose-Marie Lagrave et Erri De Luca pour qu’ils racontent ce que vieillir fait plus que ce qu’il défait.

Le couple de pies installé dans l’arbre à côté de ma chambre m’a réveillée dès potron-minet. Heureuse, je suis heureuse de me lever dans la blancheur du matin, moi qui ai passé une bonne partie de mon existence à me lever tard et à critiquer celles et ceux qui ne connaissaient pas les délices de la grasse matinée. Le temps me serait-il compté ? Ou est-ce cela vieillir ? Oui, vieillir, c’est accueillir ce qui vous arrive dans l’intensité d’un présent qui, autrefois, vous était dérobé par le vacarme du monde, le tourbillon des projets, le songe des désirs inavoués. Le temps se calme. Pas d’avis de tempête à l’horizon. Une sorte d’acceptation des choses, de l’inattendu, une disposition à être là, juste là.

 

Faire corps avec le présent n’est pas chose aisée – en tout cas pour moi – et les injonctions de la société vous travaillent sans cesse à bas bruit pour que vous deveniez ceci, que vous espériez être cela, et que votre énergie soit tendue vers quelque chose que vous n’avez pas encore atteint. Cet appel à un futur, souvent non réalisable, vous coince dans une forme d’angoisse et vous renvoie à vos incapacités. En vieillissant l’étau se desserre. La vie n’est plus faite de ce que vous n’avez pas encore à faire, mais de ce qui vous est encore permis de faire.

Temps illimité en apparence seulement, en fait temps précieux car la roue tourne. Les horloges dévorent le présent, un présent âpre au goût déjà presque disparu. Mais foin de la nostalgie. Foin des litanies sur les «c’était mieux avant», «ah si vous aviez connu» : oh tous ces vieux de mon enfance qui, au nom de leur âge, me donnaient des leçons sur ce que devait être ma vie en raison de leur âge canonique. Ce n’est pas parce qu’on est vieux qu’on a des leçons à donner. C’est sans doute le contraire. On a encore beaucoup à apprendre. A apprendre à désapprendre justement. Donc pas d’enfouissement paresseux dans son propre passé qui a des airs de contentement de soi-même, signes de pré-gâtisme – mais une élasticité assez conquérante, guerrière et jouisseuse de ce temps qui s’offre à nous et que nous ne partageons pas tous de la même façon.

La lente observation de la respiration du monde

Jeune, je n’ai jamais pensé que je deviendrais vieille. Vieille, je ne passe pas mon temps à récapituler ce que j’ai vécu. La vie n’est pas une sédimentation de nos expériences qui s’agrègent entre elles et qui formeraient une cuirasse censée vous protéger du malheur. Il n’y a aucun mérite à être vieux. Il n’y a pas de grades. Il n’y a pas d’étoiles. C’est juste une chance. Il faut l’attraper comme cette peluche que les petits enfants espèrent décrocher au manège. Vieillir est pourtant synonyme de perte, perte de mémoire, perte de repères, perte de moyens, perte de vue. Vieillir pourtant ce n’est pas courir à sa perte. Ce n’est pas parce qu’on est vieux qu’on est bon à jeter à la benne aux ordures. Vieillir, c’est savoir qu’on est de l’autre côté du monde, pas dans la folle vibration de l’électricité des secondes mais dans la lente observation de la respiration du monde.

Je suis vieille et je vous emmerde. Je les vois qui, dans les entreprises, convoquent les pré-seniors à l’âge de 45 ans en leur expliquant qu’ils ne sont plus assez performants, je les connais ces filles de 30 ans qui rêvent de vite se faire lifter car on leur explique qu’à la commissure de leurs lèvres des petites rides sont déjà apparues. Effacer les signes du temps. Chercher dans le cosmos l’immortalité de nos corps. Envoyer les vieux dans des Ehpad où plus c’est cher moins il y a à bouffer. Invisibilisez-nous. Envoyez-nous loin, le plus loin possible. Oui mais nous, le peuple des vieux, nous commençons à résister. Nous savons aussi dire non. Ce n’est pas parce qu’on a obéi pendant si longtemps silencieusement à vos injonctions funèbres que cela va continuer.

Vieillir, c’est être sauvage, en colère, passionné. Vieillir, ce n’est pas renoncer. Vieillir, ce n’est pas devenir raisonnable. Vieillir, c’est se désencombrer de ce soi qui vous a tant harcelé. Vieillir, c’est ne plus attendre quoi que ce soit de ce que vous n’aimez pas et que vous avez tout de même fait parce que vous vous y sentiez obligé. Gratitude. Oui, gratitude d’être encore là. De sentir le commencement d’une journée et d’y être invitée. Alors je m’élance dans le bleu tendre du petit matin casque sur les oreilles avec Prohibition de et par Brigitte Fontaine : «J’exhibai ma carte Senior/ Sous les yeux goguenards des porcs/ Qui partirent d’un rire obscène/ Vers ma silhouette de sirène/ Je suis vieille et je vous encule/ Avec mon look de libellule/ Je suis vieille et je vais crever/ Un petit détail oublié.»

Tout le monde dort dans le village à l’exception du chat de la voisine, vieux lui aussi, qui me regarde courir lentement. Oui, je cours lentement mais je cours et personne pour se moquer de moi. A l’ombre portée des arbres fruitiers, sur le chemin, je sais quelle heure il est. Je ralentis près de la cabane à outils et cherche l’ombre. Je cours maladroitement mais je cours. Pas question de m’arrêter ni de ralentir. Pas question d’aller plus loin. L’important est de revenir sans avoir le souffle coupé. Conquête de et sur soi-même. Je ressemble à une tortue échouée au milieu de nulle part mais j’ai réussi. J’ai réussi quoi ? A faire la même chose que la veille. Vieillir, c’est un perpétuel devenir. Ce n’est pas l’art d’accommoder ce qui nous reste mais faire circuler autrement ce que nous possédons encore, au-delà même de ce que nous imaginons.

Ce qui importe, c’est la liberté de vivre le présent

Nous, les vieux, nous en avons marre d’être soumis en permanence à l’injonction de pouvoir encore faire, de savoir encore faire. Nous, les vieux, on a le sentiment, voire même la certitude, qu’on décide à notre place de ce que et comment nous devons vivre. Ceux qui ne se prétendent pas vieux ont décidé qu’il n’y avait plus de place. Nous, le peuple invisible, nous avons accepté – jusqu’à aujourd’hui mais les choses sont en train de changer – cette invisibilisation, ce consentement volontaire à ne plus être des sujets à part entière de la société. On nous met loin du cœur des cités pour ne pas déranger, on nous exporte loin du cœur battant parce qu’on pourrait gêner.

Loin, on nous met loin du centre dans tous les sens du terme, loin du centre des décisions, nous ne sommes plus des centres d’intérêt. Allons-nous longtemps nous contenter du monde en solde que les autres, certains autres, veulent nous léguer pour mieux nous reléguer ? Nous prétendons être aussi au centre du monde, au centre de notre monde où nous passons beaucoup de temps à être ce qu’on nomme des aidants. Oui, on ne s’occupe pas que de nous-mêmes, on s’occupe beaucoup des autres puisque nous sommes à la retraite mais pas en retrait du monde et, sans en parler le plus souvent, on vient en aide comme on peut à celles et ceux qui ne sont pas dans la marche triomphante et accélérée du monde tel qu’il va. L’impitoyable aujourd’hui qui nous tolère au mieux, nous stigmatise au pire.

J.-M. Coetzee dans son admirable livre l’Homme ralenti met en scène un homme d’une soixantaine d’années victime d’un accident de vélo qui prend alors conscience de son âge. Avant il n’y pensait jamais. Cette insouciance lui est brutalement enlevée. Son amie Elizabeth Costello, du même âge que lui, mais plus lucide (c’est souvent le cas), lui parle de sa décision intérieure de lâcher prise et de profiter de chaque instant. Elle lui fait comprendre que ce n’est pas le nombre d’années qui importe mais la liberté de vivre le présent. L’âge, en effet, n’est pas seulement une donnée biologique, c’est aussi un sentiment. Il dépend de la classe sociale et du contexte historique. Ainsi, au XIXe siècle, si on était une fille d’un milieu «modeste» et pas mariée à 20 ans, on devenait aux yeux du monde et pour toujours une «vieille fille».

Nous qui avons atteint un âge certain, nous terminons notre existence sans en connaître la fin et n’avons plus tant besoin de donner des preuves. Nous n’avons plus grand-chose à perdre donc nous sommes de bons joueurs, de bons marcheurs des chemins de traverse. L’âge mûr n’est pas une période vouée au déclin que l’on devrait subir le mieux possible mais comme un cycle de liberté et de plaisir où je peux accomplir ce à quoi je n’avais jamais pensé. Il ne faut pas que les non-vieux confondent l’image que la société donne de nous avec ce que nous sommes en notre for intérieur. «Partout c’est la prohibition/ Parole écrit fornication/ Foutre interdit à 60 ans/ Ou scandale et ricanements/ Les malades sont prohibés/ On les jette dans les fossés/ A moins qu’ils n’apportent du blé/ De la tune aux plus fortunés.»

En moi ça craque, les articulations et quelquefois le moral quand je vois que je ne peux faire ce qui me plaît. Par exemple dans cette beauté de la lumière d’été partir en randonnée à vélo. Heureusement mes petits-enfants, aussi prévenants que compatissants, m’ont offert un vélo électrique. Alors je crâne au milieu des vignes. J’ai l’impression – peut-être factice – que le monde s’élargit au lieu de s’amenuiser. Je suis heureuse d’être comme tant de personnes de mon âge ou ayant dépassé mon âge, vieille et en bonne santé. Je ne sais de combien de temps sera le bonus.

J’ai hâte d’encore vieillir. Tant de choses à faire. Et, notamment continuer le combat de notre nouvelle association la Cnav, «Conseil national autoproclamé de la vieillesse», une bande de copines et de copains excédés par la manière dont on nous prend pour des moins que rien, nous qui, à l’aube de notre jeunesse, avons fait 68 contre une société qui donnait toutes les responsabilités aux vieux… Nous préparons des AG, des manifestations, des états généraux. La révolte des vieux ne fait que commencer. «J’ai d’autres projets vous voyez/ Je vais baiser, boire et fumer/ Je vais m’inventer d’autres cieux/ Toujours plus vastes et précieux.»

 
 

Il travaillait 90 heures par semaine dans une banque d’affaires, son premier job. Il gagnait confortablement sa vie. Puis un jour, Victor Lora a dit stop. Pas question de consacrer tout son temps à son travail ! "Il me fallait trouver une solution : comment vivre sans travailler et ne plus avoir besoin d’argent ?", explique-t-il. Il s’est tourné vers un mouvement bien connu aux États-Unis, mais émergent en France, le mouvement Fire, un acronyme pour "Financial indépendance, retire early" (indépendance financière, retraite précoce).

Pour se désengager des obligations salariales, les adeptes du Fire deviennent d’abord des économes forcenés. De 30 % pour les débutants, jusqu’à 80 % du salaire sont mis de côté tous les mois pour se constituer un capital suffisant pour s’arrêter de travailler le plus tôt possible. "J’ai pris ma retraite à 32 ans, mais j’avais atteint mon "break-even point" (point d’équilibre) dès 30 ans", déclare Victor Lora, 34 ans aujourd’hui, qui a lancé la communauté FireFrance pour échanger les bonnes pratiques et a écrit, en 2021, le livre "La retraite à 40 ans, c’est possible", aux éditions Larousse. "J’ai continué à économiser car je voulais avoir des enfants et pouvoir financer un foyer", explique-t-il.

Une motivation écologique

Les frugaux coupent sur toutes les dépenses inutiles, quitte à aménager leur vie sociale pour ne pas devoir suivre les amis en vacances coûteuses et petits restos à répétition. Pour une frange non négligeable d’entre eux, la motivation est écologique, avec la volonté de ne pas participer à la surconsommation de biens. Aux États-Unis, le sous-groupe du mouvement Fire le plus actif s’intitule "Socially Conscious Fire" (Fire socialement conscient). En France, l’un des sujets les plus importants de la communauté animée par Victor Lora s’intitule "résilience et écologie". "La frugalité, c’est forcément écologique : on n’a pas de voiture, on ne voyage pas et on réduit la taille de son appartement, voire on le partage en colocation", assure-t-il.

Ces frugaux ne sont cependant ni pingres, ni paresseux. S'ils ne veulent pas passer leur temps à travailler, ils doivent néanmoins faire tourner leur capital amassé afin d'en vivre jusqu'au bout de leur vie. Leurs économies ne sont pas placées sur un Plan d’épargne retraite plan-plan. Plusieurs tendances se dégagent, de l’investissement immobilier qui ramène de confortables loyers, au boursicotage, en passant par la création de "side-business" (activité de côté) qui doivent rapporter un maximum pour un minimum de temps investi. Pour les plus jeunes, l’achat très risqué de cryptoactifs est particulièrement à la mode.

Reflet de l’époque

Difficile de quantifier le nombre de frugaux en France, mais Victor Lora voit néanmoins sa communauté progresser. Chaque réunion mensuelle compte environ 150 personnes, qui se retrouvent via la plateforme Meetup. La moyenne d’âge de ces futurs jeunes retraités tourne autour de 32 ans, avec des revenus confortables permettant d’économiser vite et bien. C’est l’une des limites du Fire : impossible d’en faire partie pour ceux dont les fins de mois sont difficiles et l’épargne impossible.

L’anthropologue Fanny Parise, qui a étudié le mouvement du frugalisme, y voit quant à elle un reflet de l’époque. Dans un article publié dans The Conversation, elle observait une "réponse individuelle aux injonctions paradoxales de la société postmoderne : réussir sa vie (pas seulement professionnelle mais dans tous les domaines) en s’inscrivant dans une démarche de développement personnel guidée par une quête de sens nécessaire à l’atteinte du bonheur".

Arnaud Dumas, @ADumas5

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26 juin 2022 7 26 /06 /juin /2022 17:04

On peut aimer nos ancêtres, on peut les détester, mais on ne peut et ne doit pas les ignorer.

Matour

Matour

 Pierre PHILIBERT †ca 1600 marchand tanneur

 & sosa Benoite DESCHIZEAUX , fille de Fortune , de Matour

sont les ancêtres Maillet et Febvre

 

Pierre PHILIBERT †ca 1600
& Benoite DESCHIZEAUX ca 1540
 
  |  
  Claude Honnete PHILIBERT †ca 1637  
  |  
 



 
  |     |  
  Pierrette PHILIBERT †1669     Etiennette PHILIBERT  
  |     |  
  Clement GUILLOUX     Francoise DESBOIS ca 1615  
  |     |  
  Jean GUILLOUX †1718     Pierrette ALACOQUE †1704  
  |     |  
  Jeanne Jacqueline GUILLOUX 1674-     Philibert LABOURIER   
  |     |  
  Pierrette FOUILLOUX     Jacques LABOURIER 1700-  
  |     |  
 



 
  |  
  Marie Antoinette LABOURIER 1722-  
  |  
  Claude AUGOYARD 1743-1781  
  |  
  Claudine Marie AUGOYARD 1780-1839  
  |  
  Louise FOULON 1814-  
  |  
  Louis SEIGNEURET 1852-1931  
  |  
  Marie SEIGNEURET 1881-1942  
  |  
  Ernest MAILLET 1913-1995
& Claudine FEBVRE 1900-1997
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25 juin 2022 6 25 /06 /juin /2022 00:17

Dans la flamme de la bougie

Dans la flamme de la bougie, il y a un visage qui n'est pas fait de cire, ni de feu. C'est une danseuse. Le vent la dérange, mais elle tourne, tourne. Dans la flamme de la bougie, il y a une histoire. Dans la flamme de la bougie, il y a un visage qui n'est pas fait de cire, ni de feu. — Danse, danse, mon petit amour. Rien ne souffle plus alentour.

(Carl Norac)

Vieillissant, je ne me dis pas que les promenades en bord de mer seront de moins en moins nombreuses mais je me dis que les attaques de la nostalgie vont se faire de plus en plus fréquentes. Et c’est normal car j’ai plus de passé que d’avenir, donc dans l’équilibre de mon psychisme, il y a davantage de choses faites que de choses à faire. La tentation est grande de se laisser rattraper par le souvenir. Mais je veux encore me fabriquer des moments et non pas en revivre. Le jour où je vais disparaître, j’aurai été poli avec la vie car je l’aurai bien aimée et beaucoup respectée.
Je n’ai jamais considéré comme chose négligeable l’odeur des lilas, le bruit du vent dans les feuilles, le bruit du ressac sur le sable lorsque la mer est calme, le clapotis.
Tous ces moments que nous donne la nature, je les ai aimés, chéris, choyés. Je suis poli, voilà. Ils font partie de mes promenades et de mes étonnements heureux sans cesse renouvelés.
Le passé c’est bien, mais l’exaltation du présent, c’est une façon de se tenir, un devoir.
Dans notre civilisation, on maltraite le présent, on est sans cesse tendu vers ce que l’on voudrait avoir, on ne s’émerveille plus de ce que l’on a. On se plaint de ce que l’on voudrait avoir. Drôle de mentalité !
Se contenter, ce n’est pas péjoratif. Revenir au bonheur de ce que l’on a, c’est un savoir-vivre.
Promenades en bord de mer et étonnements heureux de Olivier de Kersauson.
Il est tellement important de laisser certaines choses disparaître. De s’en défaire, de s’en libérer. Il faut comprendre que personne ne joue avec des cartes truquées. Parfois on gagne, parfois on perd. N’attendez pas que l’on vous rende quelque chose, n’attendez pas que l’on comprenne votre amour. Vous devez clore des cycles, non par fierté, par orgueil ou par incapacité, mais simplement parce que ce qui précède n’a plus sa place dans votre vie. Faites le ménage, secouez la poussière, fermez la porte, changez de disque. Cessez d’être ce que vous étiez et devenez ce que vous êtes.
Le Zahir de Paulo Coelho.
Je n’ai pas de patience pour certaines choses, non pas parce que je suis devenue arrogante, mais simplement parce que je suis arrivée à un stade de ma vie où je n’ai pas envie de perdre davantage de temps avec ce que je n’aime pas ou qui me blesse. Je n’ai aucune patience avec le cynisme, la jalousie, la critique excessive et les exigences de toute sorte. J’ai perdu la volonté de plaire à qui je n’aime pas, d’aimer qui ne m’aime pas et de sourire pour ceux qui ne veulent pas me sourire. Je ne perds plus une minute de mon temps pour quelqu’un qui ment ou qui veut me manipuler ou manipuler d’autres.
J’ai décidé de ne plus cohabiter avec le faux-semblant, l’hypocrisie, le superficiel, la malhonnêteté et les éloges bon marché. Je ne peux plus tolérer l’érudition sélective et l’arrogance académique. Je ne supporte pas les conflits et les comparaisons. Je crois en un monde d’opposés et pour cette raison j’évite les personnes au caractère rigide et inflexible.
« La vie est bien trop courte pour perdre son temps à se faire une place là où l’on en a pas, pour démontrer qu’on a ses chances quand on porte tout en soi, pour s’encombrer de doutes quand la confiance est là, pour prouver un amour à qui n’ouvre pas les bras, pour performer aux jeux de pouvoir quand on n’a pas le gout à ça, pour s’adapter à ce qui n’épanouit pas.
La vie est bien trop courte pour la perdre à paraître, s’effacer, se plier, dépasser, trop forcer.
Quand il nous suffit d’être, et de lâcher tout combat que l’on ne mène bien souvent qu’avec soi, pour enfin faire la paix, être en paix.
Et vivre. En faisant ce qu’on aime, auprès de qui nous aime, dans un endroit qu’on aime, en étant qui nous sommes, Vraiment. »
De Alexandre Jollien, philosophe et écrivain suisse.

 Dans le marché de la séduction, les vieilles femmes plus que les hommes connaissent une décote telle que le maquillage devient un placement qui diffère leur mise à l’écart définitive. Mais elles ne sont pas dupes. Partiellement délestées des charges quotidiennes familiales et professionnelles, elles peuvent jouer et jouir de leur corps réexploré, réapproprié, et certaines s’enhardissent enfin à dire et à assouvir un désir sexuel auparavant étouffé, quand d’autres avouent être débarrassées de cette obligation.

Se réinventent ainsi des chorégraphies et une grammaire sexuelle qui élargissent et multiplient les zones érogènes au détriment de la seule pénétration performative. Hormis la littérature romanesque, la sexualité des vieux et entre les vieux, et surtout celle des parents âgés reste le tabou des tabous. Les vieux sont, en effet, censés être sexuellement rassasiés pour le restant de leurs jours, d’où le rejet d’une sexualité honteuse, cachée, réprimée et reléguée dans les coulisses de la société. Le désir retrouvé n’est pas que sexuel, parce que le désir est sans fin ; il est aussi désir de travailler à une société plus juste.

Rose  Marie LAGRAVE

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19 juin 2022 7 19 /06 /juin /2022 08:20

MR BOJANGLES

SAMMY DAVIES JR  

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19 juin 2022 7 19 /06 /juin /2022 08:18

CHAN CHAN 

 

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19 juin 2022 7 19 /06 /juin /2022 08:15
WHAT A WONDERFUL WORLD

 

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19 juin 2022 7 19 /06 /juin /2022 08:05
 Aretha Franklin

 

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