Le site de Solutré, remarquable dès son approche par sa composition paysagère
insolite en Bourgogne, un éperon rocheux dominant le village et le vignoble
environnant, a fait l’objet dès 1909 de volontés publiques de protection.
Ensemble patrimonial prestigieux, il est exceptionnel à plus d’un titre.
En 1866, un site archéologique majeur d’intérêt européen a été découvert au
pied de la Roche de Solutré, et les nombreuses fouilles qui s’ensuivirent
permirent la découverte d’un des plus importants gisements archéologiques
d’Europe. Le site donne d’ailleurs son nom à un faciès culturel préhistorique,
le Solutréen, caractérisé par les silex taillés en “feuille de laurier”. Occupé
durant 50 000 ans, ce site de chasse a donné naissance à la légende des chevaux,
qu’on pensait précipités, rabattus par les chasseurs, du haut de la falaise.
Le site a par la suite été occupé continuellement par l’homme, de l’époque
gallo-romaine à nos jours, et son paysage en a été façonné, par l’implantation
des villages de Solutré-Pouilly et de Vergisson, mais aussi par l’agriculture. La
culture de la vigne en est aujourd’hui le signe le plus marquant, soulignant les
lignes de force des paysages de sa marquetterie de parcelles. Cette culture
ancestrale donne d’ailleurs naissance aux célèbres crus Pouilly-Fuissé et
Saint-Véran, le Chardonnay trouvant ici une alliance de terroirs et de climats
qui le sublime.
Solutré Pouilly Vergisson est par ailleurs remarquable par le biotope que
constituent les “pelouses calcaires” (ou pelouses calcicoles) présentes au
sommet des Roches de Solutré, de Vergisson et du Mont Pouilly, (ainsi que
du Monsard plus au nord et du Mont de Leynes plus au sud). Ce milieu seminaturel,
d’une grande richesse et d’un grand intérêt floristique et faunistique
présente en particulier des associations de plantes et d’espèces insolites pour
la Bourgogne et protégées au niveau national et européen.
Le caractère remarquable de ces lieux est reconnu par la fréquentation touristique
sans cesse croissante, alimentée il y a quelques années par la visite
annuelle du Président Miterrand, en raison de ses attaches mâconnaises, mais
aussi par le développement des activités de loisir et sportives que sont la
randonnée à pied, à vélo ou l’escalade.
Les Roches de Solutré et Vergisson, à l’entrée du Val Lamartinien, sont devenues
au fil des ans le symbole emblématique de la région Bourgogne et de la
Bourgogne du Sud, à la fois par la beauté de leurs paysages et par la richesse
patrimoniale et culturelle qui y sont rattachées.
Bénéficiant en 1985 et 1986 d’un élargissement du périmètre classé et inscrit
au titre de la loi de 1930 sur les sites, ainsi que de l’inscription au réseau
Natura 2000 des pelouses calcicoles, le site est pourtant en danger : en l’absence
de gestion coordonnée et durable, la banalisation du paysage et l’importance
de sa fréquentation mettent en péril son caractère remarquable.
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Solutré Pouilly VergissonDes sites exceptionnels
Opération Grand Site Solutré Pouilly Vergisson
2Le site de Solutré doit sa célébrité
à la découverte par Adrien Arcelin en 1866 des traces
de son occupation préhistorique, alors que cette science
balbutie. Les nombreuses fouilles qui s’en suivront,
facteur essentiel des premières mesures de protection,
et les découvertes qui en seront tirées feront de Solutré
un site archéologique de premier plan en Europe.
La situation et la configuration du site ont été déterminants
dans son occupation : en hauteur par rapport à la plaine et
aux crues, il était à même d’apporter à la fois abri et nourriture
avec le passage de troupeaux migrateurs. La première occupation
humaine du site date du Moustérien (-55 000 ans), dans
des cavernes du flanc sud-ouest de la Roche de Vergisson.
Le site est resté fréquenté pendant plus de 25 000 ans par
des hommes de 4 grandes civilisations du Paléolithique
supérieur, de 35 000 à 10 000 ans avant J.C. : l’activité
principale y était la chasse, d’où le gisement exceptionnel
de magma de cheval découvert au pied de la Roche de Solutré,
qui donna naissance à la légende (aujourd’hui démentie)
des chevaux précipités dans le vide depuis son sommet.
Il a été depuis démontré qu’en réalité leur passage dans
la vallée était utilisé pour piéger les troupeaux entre la falaise
et des blocs éboulés, le gibier étant ensuite dépecé et boucané
sur place dans des camps de chasse.
Solutré, par la richesse des découvertes, devint le site
éponyme d’une culture du Paléolithique supérieur : le Solutréen
(de 20 000 à 16 000 ans avant J.C.) caractérisée par ses
“feuilles de laurier”, chef d’oeuvre de la taille du silex.
Le Musée départemental de Préhistoire de Solutré, inauguré
en 1987, a été crée par le Conseil général de Saône et Loire.
Enterré au pied de la Roche, en raison des protections en
vigueur, formant de l’extérieur un dôme planté à peine visible,
il fait usage de solutions architecturales innovantes,
constituant un cadre adapté à la présentation sur les lieux
de leur découverte des collections du célèbre site préhistorique,
ainsi que des expositions temporaires qui permettent de faire
découvrir, chaque année, un sujet nouveau en rapport
avec l’archéologie, la préhistoire ou l’ethnographie.
Le Grand Site de Solutré-Pouilly-Vergisson, qui constitue
aujourd’hui une entité paysagère et humaine à part entière,
doit son caractère spectaculaire à son histoire géologique.
Au secondaire, il y a environ 180 000 millions d’années,
la mer s’étendait ici... Le climat, tropical voire subtropical,
permit le développement d’une vie importante, dont témoigne
la richesse fossilifère. 20 000 millions d’années plus tard,
s’édifièrent les récifs coralliens d’où naquirent les Roches :
fossilisés, très résistants, ils en constituent la charpente.
Au tertiaire, l’est de la Bourgogne subit le contre-coup
du soulèvement alpin : les terrains se fracturent, le bassin
de la Saône s’effondre, des plateaux s’élèvent à l’ouest
et basculent vers l’est. Les failles ont mis côte à côte
des terrains de nature et de résistance différente,
sur lesquels les érosions font leur oeuvre et sculptent
le paysage tel que nous le connaissons.
La nature très différente des sols se lit au travers
de leur végétation, créant des paysages variés
et très lisibles car appuyés sur le relief.
Si la vigne semble dominante, on distingue pourtant, sur
un territoire modeste, six unités distinctes qui font la richesse
du site : les roches, les pelouses, d’où tout se voit, la vigne,
accentuant la perception des pentes par
la plantation de ses rangs, le bâti, les villages
de Solutré-Pouilly et de Vergisson,
la forêt et le bocage.
Depuis les sommets et les pelouses,
le visiteur savoure le contraste, entre
vues panoramiques et ambiances
très intimes, de la terre d’inspiration
du poète Lamartine.
La qualité du paysage, son caractère
spectaculaire et pittoresque tiennent
au contraste entre les falaises abruptes des Roches,
véritables proues dominant une mer de vignes,
et cette diversité dans la lecture des panoramas offerts
au visiteur, tout à fait singuliers en Bourgogne.
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géologie et paysages
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SITES INTERNET VISITES
. www.unadel.asso.fr www.pays.asso.fr www.cr-bourgogne.fr www.revues.org www.ladocumentationfrancaise.org www.datar.gouv.fr www.intercommunalites.com www.conseil.constitutionnel.fr59
www.senat.frGLOSSAIRE
tectonique
fossé bressan est un fossé d’effondrement, consécutif au soulèvement alpin, et qui s’est ensuite
rempli de sédiments marins et lacustres jusqu’à une époque récente (lac de Bresse au
Quaternaire). D’où, aujourd’hui encore la large extension du lit majeur de la Saône et du Doubs
et de leur aire d’inondation.
axe
granulite, gneiss, porphyre, etc., très utilisé en matériaux de construction à forte résistance
(bordures de trottoir, ballast ferroviaire, etc.).
: lié à la fracturation de l’écorce terrestre par des forces géologiques internes. Lecristallin du Morvan : ensemble des roches anciennes qui forment ce massif : granite,Jurassique et Crétacé
205 à 130 M.A.) dominés en Bourgogne par la sédimentation calcaire marine (Tonnerrois,
Châtillonnais, Sénonais).
: deux grands systèmes géologiques de l’ère Secondaire (respectivementcalcaire à entroques
disques, à la cassure brillante qui ajoute à l’éclat de la « pierre du Brionnais ».
: calcaires à débris d’organismes marins, les crinoïdes, en forme deopenfiels
paysages ruraux à « champs ouverts » par opposition au bocage formé par les haies.
céréalier de la Forterre : en traduisant mot à mot de l’anglais veut désigner lescuesta
côte dans un bassin sédimentaire dû à l’alternance d’une couche dure et d’une couche tendre.
Sept « cuestas » ou côtes se succèdent ainsi des Vosges à l’Ile-de-France dont la Côte de la
Moselle, la Côte de Meuse, l’Argonne, la Côte des Bars, la Côte de Champagne.
Ces côtes sont traversées par fleuves et rivières en « percées conséquentes », sites de villes et de
vignobles (Bar-sur-Seine, Bar-sur-Aube, Tonnerre, Chablis)
du Jurassique terminal : terme géologique d’origine espagnole désignant un relief dehorst
soulevé par la tectonique par opposition au graben ou fossé : horst du Morvan, et graben de la
Bresse. La route de Nevers à Château-Chinon montre très bien le bloc soulevé et boisé de St-
Saulge au milieu des collines bocagères du Nivernais.
cristallin de Saint-Saulge : terme d’origine allemande désignant un bloc de granite