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13 juin 2023 2 13 /06 /juin /2023 09:22
«La Convention», loin des clichés conventionnels
La gauche réformiste, disait-on, n’existe plus. Mais qui sont donc ces deux mille personnes réunies à Créteil pour célébrer l’avenir de la social-démocratie ?

Laurent Joffrin

 

La social-démocratie, ça n’intéresse plus personne ? Pas de chance : quelque deux mille personnes se sont rendues un samedi de juin à Créteil, hors de toute échéance politique, dans une salle chaleureuse et bondée. Pas si mal pour un courant qui n’existe pas.

La social-démocratie, c’est dépassé ? Au fil des interventions, et du discours de Bernard Cazeneuve, on a vu se dessiner un projet de mutation écologique réaliste fondé sur la justice sociale et la redistribution, la réunification de la société autour des valeurs universalistes, loin des dérives communautaires à la mode dans les milieux radicaux, un projet éducatif appuyé sur la transmission égalitaire des savoirs et l’autorité restaurée des maîtres, une politique d’immigration équilibrée, une politique de sécurité fondée sur l’expérience des maires, etc.

Dépassé, tout cela ? Croit-on que les impasses du libéralisme, les embardées de la radicalité ou les intolérances du nationalisme soient mieux adaptées aux temps nouveaux ?

La social-démocratie, c’est le mauvais souvenir du quinquennat Hollande ? L’ancien président a été l’un des plus applaudis de la réunion, chacun lui a rendu hommage, les réalisations de son quinquennat ont été citées et louées. Et sa vision de l’Europe a remporté l’approbation générale.

La social-démocratie, c’est un congrès de têtes blanches ? Trop vieilles, sans doute, Carole Delga ou Hélène Geoffroy, trop vieux, Nicolas Mayer-Rossignol, Guillaume Lacroix, Michaël Delafosse et une ribambelle d’élus régionaux de moins de quarante ans, des militantes et des militants enthousiastes et juvéniles, ni plus ni moins que dans les autres formations. Jean-Luc Mélenchon, 71 ans, serait-il né après Bernard Cazeneuve, 60 ans ? Imbécillité, en fait, du critère d’âge. Le projet réformiste, fondé sur les défis du siècle à venir, serait-il plus vieux que la radicalité automatique, qui enferme la gauche dans ses archaïques démons de l’irréalisme et du sectarisme ?

La social-démocratie, enfin, n’est pas incarnée ? Le discours de Bernard Cazeneuve a montré le contraire. Et comme de nouvelles figures émergent, on va maintenant s’acharner, faute de pouvoir déplorer le manque de leaders, à en souligner le trop-plein, ce qui démontrera seulement qu’une nouvelle génération de responsables crédibles existe désormais, concurrents, peut-être, mais aussi solidaires.

Fin des clichés, donc, du moins on peut l’espérer. Mais aussi nouveaux défis : l’organisation d’un mouvement cohérent et unitaire, dont la réunion de Créteil est une étape ; l’élaboration d’une doctrine et d’un projet de gouvernement, pour l’instant esquissés ; première épreuve, enfin, avec le prochain scrutin européen, qui suppose par définition une liste réformiste autonome, franchement européenne.

A condition d’écarter toute confusion avec la radicalité eurosceptique, qui a toute légitimité pour s’exprimer, mais aucune à caporaliser la gauche. En un mot : rien n’est fait, puisqu’il reste à faire.

 
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