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8 septembre 2023 5 08 /09 /septembre /2023 09:40

Comme une envie de parenthèse, de calme, comme un besoin de lucidité au moment de se dire « est-ce que je dois faire la couv’ de Playboy ? » ou « est-ce qu’au JDD, pour garder la ligne, la bonne solution c’est Lejeune ? ». Un jour au hasard, une info, une colère, une chronique. Comme un moyen de jeter rage et courroux avec l’eau du bain de mer.

Mardi 1er août.

Cher journal,
Il pleut.
Pas une de ces pluies estivales qui viendraient rafraîchir enfin un sol brûlé par la sécheresse galopante, gorger d’une eau salvatrice les champs arides et redonner le sourire aux agriculteurs marris de voir leurs épis flétrir en slow motion depuis des mois ; non, une bonne grosse pluie bien lourde, torrentielle par endroits, jusqu’à la crue à d’autres, au tsunami même si l’on regarde les images venues de Chine ou d’Italie… Jusqu’en France aussi, où, de Bagnères-de-Bigorre à Mauves, les intempéries ont laissé sans électricité des milliers de foyers dans l’Ardèche.

Il pleut et c’est tant mieux me direz-vous car si j’en crois les rapports successifs du GIEC (que personne ne comprend, au mieux, ou ne lit pas, au pire), le manque d’eau est criant : les nappes phréatiques se vident à la vitesse d’une passoire à nouilles ou au gré des pompes agricoles qui viennent puiser dans les bassines et les retenues collinaires, les édiles ferment le robinet de leurs administrés au lieu de couper le sifflet des climato-sceptiques, les campeurs voient leurs ablutions aux douches collectives minutées et se limitent à 2 (au lieu de 5) volumes d’eau pour un volume de Ricard dans le seul but d’économiser ce nouvel or.

Il pleut et c’est normal. Parfois il fait beau, parfois non. Même en plein été. Même à l’heure du dérèglement climatique. Ce n’est pas nouveau : quand la Comtesse de Ségur a publié Après la pluie, le beau temps, l’exploitation minière n’avait pas encore marqué à ce point le monde de son empreinte carbone indélébile. Quand le Général Eisenhower a dû attendre des jours et des jours que la pluie cesse pour enfin pouvoir débarquer sur les côtes de Normandie à pieds secs, il n’incriminait pas le trou dans la couche d’ozone libre qui retardait son D-Day ,que je sache.

Alors quand j’entends en ce premier jour du mois d’août qu’il pleut et que merde alors après le mois de juillet caniculaire qu’on vient de vivre c’est bien ma veine que ça tombe pile le jour où je pars en vacances tandis que la présentatrice météo nous rassure mollement en nous promettant le retour des beaux jours vers la mi-août avec un indice de confiance 3 sur l’échelle des promesses que les algorithmes ne peuvent pas tenir, je me dis que tout n’est qu’aporie jusqu’au facepalm permanent.

Sincèrement, comment peut-on à 20 heures traiter honnêtement les informations selon lesquelles fonte de la banquise, réduction du permafrost, dômes de chaleur, méga-feux et tornades tropicales en Suisse alpine sont la résultante de décennies d’inconséquence écologique (et économique) pour qu’ensuite vers 20h35 un météorologue de circonstance vienne cajoler le touriste (qui a failli mourir d’insolation dans la file d’attente du Parthénon ou des ruines de Pompéi) en lui disant que l’embellie est pour bientôt et qu’il se rassure il va pouvoir profiter pleinement de ses vacances en famille, qui dans des eaux méditerranéennes à la température de hammam, qui à 2000 mètres d’altitude par 19°, qui en sautant très haut et très loin dans une structure gonflable mal assurée.

Il pleut et c’est juste normal. À ceci près que dans notre aveuglement de grenouille qui fait la planche dans une casserole d’eau sur une plaque à induction thermostat 2, on oublie que les « normales de saison » ne sont que des statistiques, une « convention mathématique » définie « comme la moyenne des températures sur une période de 30 ans (…), révisée tous les 10 ans » et qui, en 2023, se base sur les relevés de températures de 1991 à 2020. La prochaine « mise à jour » prenant en compte la période 2001-2030, il y a fort à parier que les « normales » qui serviront de référence pour les prochains JO de Brisbane nous feront trouver tout à fait « acceptables » des 27 ou 28 degrés en plein hiver austral, parce qu’en-dessous des moyennes constatées dans un contexte de réchauffement exponentiel…

C’est anecdotique – quoi que -, mais je me souviens que dans les années 80 tandis que je végétais dans une adolescence castelroussine morne, on savait très bien que la date de la foire annuelle approchait parce qu’il faisait soudain très très mauvais au point de se croire transportés à Vierzon ou dans une autre bourgade où il ne fait pas bon grandir. En 2023, à Châteauroux, vers la fin mai, il a fait plus de 25 degrés, il n’a pas plu et les locaux prévoyants qui avaient sorti la polaire et le coupe-vent en ont été quittes pour une bonne suée en plus d’être ridicules.

Mais le ridicule, lui, ne tue pas.

Dominique Bry

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