j'ai senti que quelque chose
changeait dans mon sang et que vers ma bouche montait, que vers mes mains montait une fleur électrique, la fleur affamée et pure du désir.(Pablo Neruda)
Il n'y a pas de théorème du désir Pas plus qu'il n'y a de théorème de la saveur d'une eau de montagne pans la bouche de l'exténué Il boit sa vie
Il n'y a qu'une vérité à mille chemins Devant le corps aimé Il est une aube plénière Dont la lumière appelle la pensée-mésange de l'amant : S'il y a une vérité dans le désir Seule l'atteint cette pensée à mille chemins
Le coeur aussi se donne comme un paysage Seul donc le désir de s'y perdre le mérite Car ici l'ignorance nous accroît
C'est très simple l'immense pour qui s'est intérieurement dévêtu Une paupière une hanche un souffle sur la joue Cela d'un coup efface le monde La fureur l'excès leur langage
C'est toujours à partir de ce vide Que nous aimons En lui que nous buvons notre vie
Est-ce de l'ordre de l'explosion ? Explosion silencieuse et immobile À la jonction de deux corps Qui est la conjonction de deux limites Ainsi détruites ?
Serait-ce l'apparition d'un espace neuf Contraire mais lié À l'espace ordinaire des besognes de l'existence ?
La porte d'or Par où l'on revient dans sa vie Déshabitué éclairé Retour d'exil : Gestes enfin habités Regards tenus Expansion d'une prairie intérieure Avec affleurement de sources Celles que l'amant entend Quand il pose son oreille sur le sommeil de l'aimée
Beau chahut l'amour dans la maison des hommes Table renversée écrous levés
Est-ce bien de l'ordre de l'explosion ? Mais lente mais douce Et sa rumeur qui dort dans la main du coeur
(Jean-Pierre Siméon)