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28 juin 2022 2 28 /06 /juin /2022 18:27

Identité contre liberté

La décision de la Cour suprême de Washington, qui permet aux états de l’union d’interdire s’ils le souhaitent l’interruption volontaire de grossesse et qui inflige un recul majeur au droit des femmes, n’est pas seulement un phénomène américain. Elle traduit aussi une tendance mondiale qu’on peut résumer ainsi : partout la passion de l’identité progresse, partout la liberté recule.

Samuel Alito, signataire de la décision des juges suprêmes américains, s’en est expliqué sans ambages : l’avortement, a-t-il expliqué « n’est pas profondément enraciné dans l’histoire et les traditions de la nation ». Autrement dit, et même si la chose est fausse – l’IVG est légal aux États-Unis depuis des lustres et son principe est accepté par une majorité de citoyennes et de citoyens des États-Unis - ce juge de la Cour suprême estime que l’avortement est contraire à l’identité du pays, marquée par la religion chrétienne, principalement protestante. On sait que c’est un travail militant ourdi de longue main par les églises évangéliques qui a abouti à ce résultat désastreux.

La montée de cette logique identitaire, qui tend à l’emporter sur celle de la démocratie et des droits humains, se retrouve dans toutes sortes d’événements récents. Quelques exemples de ce phénomène multiforme :

  • Au nom de l’identité, d’autres démocraties sont soumises à l’assaut de forces nationalistes et populistes qui se prévalent des racines culturelles de leur pays pour promouvoir des mesures de restriction des libertés : bien avant les États-Unis, la Pologne catholique a réduit à néant le droit à l’avortement, tout comme plusieurs pays d’Amérique latine.
  • Au nom de l’identité, la Hongrie a fermé hermétiquement ses frontières à l’immigration et met en cause l’indépendance de la justice et la liberté d’informer.
  • Au nom de l’identité, la Grande-Bretagne dominée par un parti conservateur hostile à l’Europe a rompu avec l’Union, sans qu’aucune des perspectives mirifiques promises par les tenants du Brexit ne se soit réalisée.
  • Au nom de l’identité, le Rassemblement national a recueilli 41% des suffrages à l’élection présidentielle et effectué une spectaculaire percée lors des élections législatives ; en Autriche, en Italie, en Belgique, au Danemark ou aux Pays-Bas, les identitaires forment là aussi une opposition forte et agressive.
  • Au nom de l’identité russe, Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine, qui fait à ses yeux partie intégrante de la Fédération de Russie, avec la bénédiction appuyée du patriarche orthodoxe de Moscou. Les Ukrainiens ont commis le crime de se rapprocher de l’Europe et de ses valeurs de liberté : ils doivent venir à résipiscence sous la pression des bombes et des chars d’assaut.
  • Au nom de l’identité chinoise, les Ouighours musulmans sont traités comme des sous-citoyens, acculturés de force et enfermés dans des camps ; les habitants de Hong-Kong sont réintégrés contre leur volonté dans l’espace politique chinois et seront soumis par étapes au même régime autoritaire ; ceux de Taïwan, qui refusent le totalitarisme de Pékin, sont menacés d’une invasion en bonne et due forme.
  • Au nom de l’identité musulmane, une grande partie des pays où l’islam est majoritaire sont soumis à des régimes théocratiques, tels l’Iran, l’Afghanistan, l’Arabie Saoudite, les autres états du Golfe et, dans une moindre mesure, la Turquie.
  • Au nom de la même identité étroitement interprétée par des théologiens intégristes, les groupes islamistes violents continuent à user des méthodes terroristes pour imposer leur loi.
  • On peut multiplier à l’envi les exemples de cette montée en puissance en citant aussi l’Inde, le Pakistan, le Brésil, l’Indonésie ou les Philippines.

Ainsi la mondialisation, dont on espérait qu’elle fasse converger les peuples vers des valeurs de liberté grâce à l’intensification des échanges et à la prospérité économique, a mondialisé les réactions identitaires et bientôt autoritaires, y compris dans les pays en principe fondés sur les droits humains, comme en atteste la tentative de coup d’État suscitée par Donald Trump au cœur de la première démocratie du monde.

À terme, on ne peut contenir cette montée générale qu’en imaginant une forme nouvelle de mondialisation, plus maîtrisée, plus juste et plus respectueuse des peuples. Ce sera œuvre de longue haleine. Dans l’immédiat, il n’est d’autre solution que de prendre conscience de la nouvelle fragilité des démocraties, phénomène majeur du siècle à venir, et de se concentrer sur la défense opiniâtre des valeurs universelles de liberté et d’égalité, qui ont des partisans partout dans le monde et forment la seule boussole exacte de l’action politique. La gauche doit prendre la tête de ce combat. Ce qui signifie qu’elle doit se garder elle aussi des tentations identitaires alimentées par ceux qui confondent lutte contre les discriminations et promotion des courants communautaires. Seul l’universalisme le plus intransigeant permettra de résister à cette dérive universelle.

 

Laurent Joffrin

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19 juin 2022 7 19 /06 /juin /2022 07:56

La vérité du pouvoir de Macron est ensuite dans le triptyque suivant : contrôler, discriminer, réprimer. Ces trois actions propres à l’exercice d’un pouvoir autoritaire ont comme particularité, dans nos démocraties post-libérales, d’avancer masquées. Le masque du contrôle de masse sera l’application ludique sur un smartphone et la liberté illusoire qu’elle procure. Au passage elle fait perdre un droit fondamental – celui d’aller et venir - pour une liberté consentie par le législateur. Le masque de la discrimination sera le bon sens de la majorité et la tyrannie de l’égalité. Et celui de la répression sera l’exclusion des minoritaires. Comme l’objet du délit est l’infraction à la protection d’autrui face à une maladie potentiellement mortelle, la criminalisation des non-vaccinés est déjà là. Le non-vacciné devient à lui seul la maladie. Il sera le contagieux, le paria. En un mot : le Mal.

Enfin, la vérité ultime du pouvoir de Macron, peut-être son rêve le plus fou, son fantasme de démiurge – qui est en passe de se réaliser si la rue n’est pas en mesure de l’arrêter– est que les citoyens deviennent eux-mêmes les acteurs du contrôle, de la discrimination et pourquoi pas de la répression.

Macron, depuis le début de son mandat, est redoutable dans sa capacité à mettre en place les leviers de la servitude volontaire et de la division. Il a fait la guerre aux Gilets jaunes et aux plus pauvres, avec la violence que l’on sait, une violence inouïe - nous n'oublierons jamais cela. Une violence moins visible résulte de l’exercice de son pouvoir : instiller la confusion, provoquer la division, fragmenter la société en multipliant les conflits. Et quoi de mieux, pour exceller dans cet art, que de faire du peuple l’agent de sa servitude? Il reviendra aux cafetiers de  trier leurs clients, aux patrons de fliquer leurs employés, aux soignants non vaccinés de démissionner alors que l'hôpital est exsangue, et aux proviseurs de tenir registre des élèves non-vaccinés afin de les mettre à distance chaque fois qu’un cas positif sera signalé dans une classe. Au passage, le passe sanitaire fonctionnera comme un destructeur de socialité en une période où nous n’avons jamais eu autant besoin de retisser des liens.

Il y a quelques mois encore, tout le monde s’accordait sur le fait qu’il était hors de question de dévoiler à un employeur ou à qui que ce soit, la situation vaccinale d’une personne. Aujourd’hui Macron, son gouvernement, le parlement, tous appuyés par le Conseil constitutionnel, instituent le viol permanent du secret médical. Aujourd’hui des milliers de salariés refusant de se vacciner, seront soumis non seulement à l’épée de Damoclès d’une suspension de contrat et d’un possible licenciement, mais aussi au jugement de leur hiérarchie et de leurs collègues, et possiblement à la vindicte publique dont on sait qu’elle fait des ravages sur les réseaux sociaux.

Macron, c’est la guerre permanente, la guerre injectée comme un virus mortel au sein du corps social. Le président-Jupiter brûle tout sur son passage. La répression du mouvement des Gilets jaunes et l’instrumentalisation de la crise sanitaire constitueront assurément les séquences politiques les plus marquantes de sa présidence.

Les derniers mois de ce quinquennat calamiteux pourraient être les plus dangereux pour nos libertés et ce qui subsiste d’une bien fragile paix civile. Les colères accumulées pendant l'un des plus puissants mouvements sociaux depuis l’après-guerre et la violence de la gestion politique de la pandémie sont sur le point de fusionner et pourraient provoquer une redoutable explosion sociale, spontanée et immaitrisable.

Pascal Maillard

On ne pourra pas continuer longtemps à « sauver la République » tous les cinq ans et avoisiner les 60% d’abstention le reste du temps. Nul besoin d’être anarchiste pour saisir que le rejet du suffrage ne dit pas rien. Il dit même tout l’inverse : en l’espace d’un demi-siècle, le taux d’abstention – aux législatives et aux municipales – a doublé. C’est, on le sait, chez les ouvriers qu’il culmine : les gueules cassées du libre-échange de droite comme de gauche. Le dégoût populaire l’emporte en des proportions telles que les scrutins finiront pas ressembler à des télé-crochets : un podium pour une poignée de votants. Ultime étape de la « démocratie » parlementaire sous ère néolibérale : l’Assemblée représentera un peuple qui n’entend plus qu’on le représente. Planter des écluses entre les ruines, c’est un peu court.

Que nous ne vivions pas en démocratie (il faut être éditorialiste pour prétendre le contraire) n’implique pas que nous vivions en dictature (il faut être éditorialiste pour croire que compter jusqu’à deux relève de la pensée) : car entre le pouvoir au peuple et la mise au cachot du moindre opposant, il est quelques échelons. Comme, par exemple, l’oligarchie capitaliste qui nous régente. Le régime macroniste mérite de s’écrouler en un bruit d’arbre mort ; c’est là une simple question d’hygiène – une toilette de chat, disons. Car l’essentiel est ailleurs : faire de la politique. C’est-à-dire sortir enfin du cadre.

 

Joseph Andras et Kaoutar Harchi

En 2017, il fallait disposer d’une singulière candeur pour imaginer que le héraut du bloc bourgeois fût à même de « faire barrage » à la candidate fascisante-républicaine. En 2022, la candeur aura tout de la complicité active. Car, entre-temps, il y a eu deux ou trois choses – l’actualité chassant celle de la veille, sans doute n’est-il pas vain d’y revenir. Nous avons vu les mains arrachées d’Antoine, Frédéric, Ayhan, Gabriel ou Sébastien ; vu l’éborgnement de Jérôme, Gwendal, David, Patrick, Vanessa, Eddy, Franck, Alexandre ou Manuel ; vu la mâchoire éclatée de Sébastien, les os brisés de Laurence, le visage meurtri du petit Lilian et la plainte de sa mère classée sans suite ; vu la tête fracassée de Zineb Redouane et son assassin de policier couler des jours heureux ; vu des adolescents de Mantes-la-Jolie alignés contre un mur, genoux à terre, par ce qui n’était pas un régiment de soudards en opération impériale mais seulement les-dépositaires-de-l’autorité-publique, hilares pour l’occasion ; vu les trois gendarmes à l’origine de la mort d’Adama Traoré demeurés impunis ; vu les professeurs, les soignantes, les pompiers, les étudiants, les avocats, les photographes et les journalistes de terrain se faire matraquer et gazer. Le régime macroniste a cogné dans un débridé tel qu’il émut jusqu’à Erdoğan – L’Obs nous avait toutefois prévenu dès le mois d’avril 2017 : Macron incarne « à la fois un projet, un élan, un espoir de renouvellement ».

Nous avons vu Castaner et Darmanin, col éclatant, cravate sans pli, morgue de truands, nier l’entier des violences policières ; vu un chargé de mission de l’Élysée faire le coup de poing en manifestation ; vu Blanquer déclarer que les recherches intersectionnelles (qu’être une femme de ménage arabe entrave le champ des possibles, seul un ministre de l’Éducation nationale, doctorant en droit et fils d’avocat, ne peut l’entendre) ont partie liée avec le terrorisme islamiste ; vu Macron citer Maurras dans le texte – qui, on s’en souvient, appelait à fusiller Léon Blum d’une balle dans le dos – puis, huit mois plus tard, s’élever contre le « séparatisme islamiste », c’est-à-dire déclarer ouverte la chasse nationale aux musulmans, aux musulmanes et à tout ce qui s’apparente à quelque manifestation publique de foi islamique ; vu l’intellectuel organique du milliardaire Bolloré (plus connu sous le nom de Zemmour et le titre de multirécidiviste du paysage audiovisuel français) féliciter Darmanin au grand jour sur la portée « tout à fait positive » du projet de loi qui s’ensuivit.

Nous avons vu la construction quotidienne d’un ennemi intérieur à travers l’élaboration de ce projet – adopté en première lecture à l’Assemblée le mois dernier. Cet acte d’isoler, de séparer, de ségréguer au nom de l’inclusion dans la République atteste du refus historique de partager avec les descendants de l’immigration postcoloniale le même espace politique d’existence : chaque pan de ce texte en porte la marque. Il faut d’ailleurs voir Schiappa dans ses basses œuvres : « Je veux être claire : ce n’est pas moi qui risque l’excision, le mariage forcé ou la polygamie, car ce ne sont pas les coutumes qui existent dans la culture dans laquelle j’évolue. » C’est en ces termes que, dans un entretien au Point, la ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur en a justifié le volet « féministe ». Un volet qui prévoit de lutter contre la polygamie, les mariages contraints et la délivrance de certificats de virginité – mauvaise pioche : le corpus législatif français le réprime et l’interdit déjà. Le macronisme prend les mots et leur arrache la peau : « révolution », « progrès », et maintenant « féminisme ». Pourfendre la lapidation imaginaire des femmes parfumées et trouver « si délicat » Darmanin, trafiquant bien réel en relation sexuelle : la signature Schiappa. Mettre au ban les femmes musulmanes du groupe des femmes au motif que les violences patriarcales qu’elles subissent bel et bien seraient propres à une culture, à une religion, et non à la transversalité du patriarcat lui-même : la signature Schiappa. Arguer d’une prétendue politique de protection gouvernementale pour mieux justifier le traitement inégalitaire de certaines femmes au nom des droits des femmes : la signature Schiappa.

Nous avons vu les efforts déployés par la camarilla gouvernementale pour construire de toutes pièces, encore et toujours, inlassablement, ce continuum de complicités allant de ce quelque chose que serait l’islam à cette autre chose que seraient les crimes et les massacres terroristes, en tout point atroces. Fût-ce au prix d’attenter à l’État de droit par la remise en cause des libertés fondamentales. Le principe de laïcité – voué, notamment, à garantir la neutralité du service public – se verra appliquer aux agents servant l’État bien que n’étant pas fonctionnaires. Quant aux associations régies par la loi de 1901, elles devront, elles, signer un « contrat d’engagement républicain » afin de pouvoir bénéficier de financements publics. À croire, au fond, que le groupe majoritaire est prêt à se priver de droits pourvu que les groupes minoritaires n’en bénéficient pas – à moins que nos « représentants » n’aient que faire de cette « démocratie » dont ils détricotent pas à pas les mailles essentielles, certains que, suivant la loi bien connue du plus fort, ils survivront aux troubles qu’ils vont semant. Une difficulté, pourtant, a surgi face à eux : car comment, dans le cadre d’un projet de loi se devant d’être général, parvenir à ne cibler qu’une partie spécifique de la population ? Comment affirmer, en discours, que tout un chacun est concerné, quand, en actes, ce ne sont que quelque-uns que l’on sait ciblés ? Il leur fallut troubler les eaux. Les représentants des autres cultes et des associations de parents d’élèves se sont alors plaints d’être injustement amalgamés… Amalgamés à qui ? À la minorité musulmane, bien sûr. Cela au point que, de tribunes bancales en discours plaintifs, la seule revendication déployée par les membres de cette frange éprouvée par quelques dégâts collatéraux a consisté à réclamer de ne pas être traitée comme ces musulmans qu’ils ne sont pas. « Erreur indifférentiste », s’est égosillée sans tarder la feuille de chou du fascisme gaulois – Valeurs actuelles, oui, où le gouvernement défile comme on va à confesse.

Tout ceci, nous l’avons vu. Comme nous avons vu la ferveur maccarthyste de Vidal, désireuse d’auditer le CNRS après que Macron avait confié dans l’isoloir, l’an passé : « Le monde universitaire a été coupable. Il a encouragé l’ethnicisation de la question sociale en pensant que c’était un bon filon. Or, le débouché ne peut être que sécessionniste. » Voici donc que le pays entier se met en tête de traquer l’« islamo-gauchisme » – du Figaro à CNews, on apprend qu’une « large majorité » des Français croit, tout pareil à Madame la ministre, que l’alliance politique entre charia et communisme des Conseils « gangrène la société et l’université ». On en rirait, si des travaux de recherche, des intellectuels et des militants ne se trouvaient pas cloués au pilori. Faut-il rappeler que les airs d’hégémonie prêtés à cet ensemble disparate de réflexions tiennent de la chimère et, plus encore, du cas d’école de complotisme ? Une étude établie sur une quinzaine de revues de sciences sociales rapporte ainsi : de 1960 à 2000, la question raciale n’occupe que 2% des publications ; de 2015 à 2020, 3%. On a bien lu.

Convier la force publique à ouvrir tous les boutons de sa chemise, monopoliser l’attention collective sur la minorité musulmane quand le pays compte dix millions de pauvres et saturer le champ médiatique de signifiants identitaires au lendemain du soulèvement social des gilets jaunes : il faut l’agilité d’esprit d’Amélie de Montchalin pour jurer que ça s’appelle « combattre le RN ». En manière d’obstruction, le régime macroniste a seulement préparé le terrain au parti de « la France en ordre ». Sa digue a tout d’un tapis roulant ; par suite : non sans une certaine joie, Le Pen fait savoir qu’elle aurait « pu signer » le livre de Darmanin (Le Séparatisme islamiste. Manifeste pour la laïcité), lequel Darmanin reproche à Le Pen (toutefois étourdie de se trouver ainsi doublée sur sa droite) d’être trop « dans la mollesse » et « pas assez dure » sitôt qu’il est affaire d’islam. Lutter contre les-ennemis-de-la-République en trouvant que les-ennemis-de-la-République manquent de fermeté : personne n’aurait pu l’inventer. C’était sans compter l’ingéniosité du gros potage « progressiste » qui remplit les têtes du pouvoir : pas vraiment de gauche, pas vraiment de droite, un peu d’« âme des peuples », un peu de « quête de transcendance » – et puis, surtout, ce qu’il faut de fric. Voilà qui flanque à la résistance une drôle de mine.

« Comme il est suave, Emmanuel. Et sexy », apprenait-on dans les colonnes du Monde en 2016. « Emmanuel Macron incarne la plus incroyable aventure politique de la Ve République », renchérissait L’Express quelques mois plus tard. Tout Paris eut pareillement des vapeurs ; on connaît la suite : « vote utile » et victoire sans socle [1] du candidat des cadres supérieurs et de la mondialisation chanceuse, puis des blindés dans les rues et le sang de ceux « qui ne sont rien » sur le goudron – les dents, les yeux, les mains, les mâchoires. Les crétins ont pour eux d’avancer sans pudeur : ils se plantent devant les phares et crient : « Alors, c’est Le Pen que vous voulez ! » Nous la voulons si peu que nous ne voulons plus de celui qui lui déblaie la route. Mais le chantage à la République ne tient plus : le RN se targue, chaque jour passant, d’être le principal défenseur de l’institution en question. Quand la presque totalité de l’espace politique s’agrège religieusement autour d’une seule et même notion, il est temps de prendre acte de sa déroute.

On ne pourra pas continuer longtemps à « sauver la République » tous les cinq ans et avoisiner les 60% d’abstention le reste du temps. Nul besoin d’être anarchiste pour saisir que le rejet du suffrage ne dit pas rien. Il dit même tout l’inverse : en l’espace d’un demi-siècle, le taux d’abstention – aux législatives et aux municipales – a doublé. C’est, on le sait, chez les ouvriers qu’il culmine : les gueules cassées du libre-échange de droite comme de gauche. Le dégoût populaire l’emporte en des proportions telles que les scrutins finiront pas ressembler à des télé-crochets : un podium pour une poignée de votants. Ultime étape de la « démocratie » parlementaire sous ère néolibérale : l’Assemblée représentera un peuple qui n’entend plus qu’on le représente. Planter des écluses entre les ruines, c’est un peu court.

Que nous ne vivions pas en démocratie (il faut être éditorialiste pour prétendre le contraire) n’implique pas que nous vivions en dictature (il faut être éditorialiste pour croire que compter jusqu’à deux relève de la pensée) : car entre le pouvoir au peuple et la mise au cachot du moindre opposant, il est quelques échelons. Comme, par exemple, l’oligarchie capitaliste qui nous régente. Le régime macroniste mérite de s’écrouler en un bruit d’arbre mort ; c’est là une simple question d’hygiène – une toilette de chat, disons. Car l’essentiel est ailleurs : faire de la politique. C’est-à-dire sortir enfin du cadre.

 

Joseph Andras et Kaoutar Harchi

Longtemps, notre beau pays tempéré l’a cajolé en toute décontraction. Le Soleil était le petit prince des étés attendus et fêtés. Ce lion paresseux et débonnaire laissait doucement onduler sa crinière caressée par la brise de mer, tout à sa satisfaction de régner sans s’appesantir. Il était le pourvoyeur de bonheurs décolletés et d’ardeurs embuées. Il faisait mûrir melons dodus et abricots fendus, avant que ses cerises nous fassent des pendants d’oreilles. Il était certitude d’épis moissonnés et de farines légères au porte-monnaie. C’était avant que Poutine s’acharne à faucher en Ukraine le blé des libertés.

«Soleil», le mot laissait envisager vacances et insouciance, beaux jours et amours débutantes, marques de maillot et nuques rafraîchies avant d’entrer dans l’eau. C’est fini, l’astre du jour est désormais une pandémie d’une nature autrement sérieuse que le Covid-19. Ses canicules sont autant de vagues qui cognent contre les parapets branlants élevés à la diable par une humanité imprévoyante et prise de court. La malignité du bon bougre devenu satrape fourchu tient au fait que la périodicité de ses agressions n’est pas réglée comme le lunaire horaire des marées. Il peut frapper l’hiver, au point qu’on se réjouisse bêtement de la douceur infusée dans la tristesse des ciels. Mais quand il cogne au solstice de juin, la panique met la main au collet d’un Hexagone qui commence à admettre que la note va être salée quand l’acier des rails surchauffe et que les TGV, fierté nationale et aménageurs du territoire, doivent ralentir.

 

Les Hercule technicistes qui font la gloire de l’Occident voient leur optimisme transpirer à grosses gouttes. Et les développeurs durables dont je suis ne se portent pas mieux. Ils pariaient sur le génie créatif des bipèdes omnivores. Ils ne sont plus certains que la mutation pourra réussir. Car ce brave Soleil, bel ami à Ray Ban, Tom Cruise des années 80 dépensières, flambeuses et bronzées a giorno est en train de se révéler Top Gun destructeur, sinon adhérent suicidaire à l’ordre du Temple solaire. En face, se rengorgent les prophètes de malheur et les caïds du «j’vous l’avais bien dit !». En France, ils bouclent gris ou blond et préfèrent l’autocratisme décroissant au procédé électif. Il y a Aymeric Caron, 50 ans, procureur médiatique devenu député Nupes qui veut réserver le permis de voter aux éveillés ou Arthur Germain, 21 ans, fils d’Anne Hidalgo et capital nageur de Seine maternelle, qui met les bulletins à la poubelle.

Archive (17 avril 2001)

Mais il est compliqué dans une société caféinée à l’instantané d’anticiper au long cours et de sortir du présentéisme. Le retour de la notion de planification est le signe que celle-ci avait… disparu. Surtout, la civilisation de l’accès pense que les compteurs peuvent toujours se remettre à zéro pour permettre aux éternels branleurs que nous sommes de recommencer la partie à l’infini. Sans compter que personne ne voit pourquoi le métavers ne pourrait être climatisé afin qu’y clignote l’autonomie ludique et dissociée.

Longtemps, le Soleil ne fut qu’un contestataire sympathique, qui pouvait juste pourrir la saison par sa défection ou planter des plumes dans le croupion des automnes indiens. La puissance et la gloire appartenaient à Louis XIV, le Roi-Soleil initial, et à ses descendants. L’Etat, c’était eux et ce fut nous aussi, tant la démocratie a rayonné jusqu’à ce qu’elle paraisse prête à s’éclipser, entre dégoût, désintérêt ou incurie des citoyens consommateurs. Plus négligents que fatigués, ils sont trop habitués à être livrés en temps et en heure sans jamais lever leurs fesses du sofa, pour faire autre chose que taper sur l’écran noir de leur convoitise et de leur indolence.

Il est presque mort le Soleil de la raison délibérative et de la délégation de pouvoir. La violence des débats, entre pugilats outrageux et hallalis funestes, n’est que le cri d’un mourant, si ce n’est la plainte d’un membre fantôme, abstention valant auto-amputation. Et cela ne va pas s’arranger si les humains qui pensaient en avoir fini avec les humeurs du ciel en redeviennent tributaires. Que se serait-il passé si dimanche 19 avait ressemblé à samedi 18, et si la canicule avait continué à crisper sa poigne de fer sur l’ensemble du pays ? Qui serait sorti sous le cagnard pour se traîner jusqu’à l’isoloir ? Les vieux croûtons de Macron ou les méchants jeunes de Mélenchon ? Est-ce que la sinistre déclaration de catastrophe naturelle aurait obligé à reporter le scrutin ?

Ironie de l’histoire, les Roi-Soleil républicains deviennent accessoires à l’heure où le Soleil roi impose son imperium, en Néron incendiaire. Ce chef du système qui porte son nom était censé donner la même couleur aux gens, simplement. Désormais, il les consigne à l’ombre et les cloître dans leur invisibilité numérique, loin des pales du ventilo démocratique qui ne semble plus brasser que du vide.

Luc le Vaillant

10 Avril 2022. Aujourd'hui je rentre en résistance. Jamais je ne pourrais voter au deuxième tour de l'élection présidentielle. Choisir entre la peste et le choléra, ce n'est pas possible.

13 Avril 2022. Ca y'est nous sommes en campagne pour le deuxième tour des élections présidentielles. C'est le moment des ralliements de dernière minute, des tractations pour espèrer un morceau du fromage, un ministère, une place de conseiller, de député; être dans l'équipe gagnante. Oubliées les insultes et positions d'opposition de la semaine dernière. Tout le monde veut en être, de cette nouvelle épopée de notre Jupiter de pacotille.

C'est le moment de choisir entre le fascisme d'état et le néolibéralisme esclavagiste.

Certes, l’époque est d’une violence telle que, dans tous les domaines, on semble réduit à des choix négatifs, à l’effort pour empêcher des catastrophes. Mais justement la catastrophe, ce n’est pas un risque, en un peu plus grand. C’est pire qu’un risque. C’est d’une autre nature, cela change tout. Luttons donc contre le pire, dans chaque domaine, pour l’éviter, dans tous les domaines. C’est le choix qui rend tous les autres possibles.

 

👑 MACRON : LE ROI EST NU
– Le Régime ne repose plus sur la mobilisation mais sur la démobilisation –
Échec absolu du «grand meeting» d'entre-deux tours à Marseille samedi 16 avril. Quelques dizaines, voire quelques centaines de personnes, au mieux, ont assisté au discours de Macron. Malgré les plans serrés des équipes de communication de LREM, il était impossible de cacher l'échec : le président est seul. À Avignon la candidate d'extrême droite réunissait encore moins de monde. Autant dire que les deux finalistes sélectionnés par les médias sont massivement détestés : ils ne suscitent, ni l'un ni l'autre, ni adhésion, ni enthousiasme. À ce titre il n'est même pas étonnant que dans notre période post-démocratique, ce soient les deux candidats qui n'ont pas mené campagne, pas assumé de débat, qui soient en finale.
Au même moment, au moins 10 fois plus de personnes manifestaient contre Le Pen et Macron dans les rues des grandes villes de France. Ce qui est déjà historiquement faible : lors des séquences d'entre-deux tours des scrutins précédents, les mobilisations réunissent régulièrement des centaines de milliers de personnes.
Qu'est-ce que cela signifie de notre époque ? Nous ne sommes plus en période de grands débats, de grandes idéologies, ni même des grands régimes autoritaires. Les dictatures du passé comme les grands mouvements politiques, reposaient sur la «mobilisation». La légitimité venait des masses populaires. On pense aux meetings gigantesques, aux grands évènements militaires, aux démonstrations de force. Aujourd'hui, les autocrates sont incapables de mobiliser qui que ce soit. À part leur minuscule garde rapprochée et la police.
Dans ce régime à bout de souffle, les dirigeants actuels ne peuvent pas compter sur la mobilisation, au contraire, ils organisent la démobilisation. La résignation généralisée. Le cynisme. L'absence de perspectives. L'horizon politique des tyrans, c'est une population confinée, soumise et dépressive. Toute prise de rue, toute organisation commune est vue comme un danger. Fête de la musique réprimée dans le sang, manifestations interdites, associations dissoutes : l'horizon, c'est une société morte, qui n'a plus de réflexe, plus de contre-pouvoirs. C'est ce que Poutine a réussi à faire en Russie. Cela lui a pris 20 ans.
Nous voici au temps des régimes vides. Des colosses aux pieds d'argile. Les puissants n'ont pas de soutien. Les élus ne le sont que parce qu'ils suscitent une détestation un peu moins forte que leur adversaire. Le Roi est nu. Il peut donc être destitué.
 
 "Si les mots de Le Pen tuent, le silence sous Macron torture. Alors les gens, ils se disent, consciemment ou pas, plus de torture, viva la muerte, que ça saigne ! Peut-être que ça fera circuler le sang démocratique ? Posture éminemment romantique : « Plutôt la barbarie que l’ennui », proclamait déjà Théophile Gautier. Les gens veulent une saignée comme sur un corps malade. C’est ça je crois la menace Le Pen en 2022, un élan vital qui se dirait par la mort, essayer le pire, fermer les yeux et laisser le pire venir, pour voir. Comme ça, pour voir que ça fait pendant cinq ans. Les yeux fermés. Le film qui dirait le mieux cette période d’entre-deux tours, ce serait Elephant de Gus Van Sant. Une certaine beauté du désespoir. Une certaine attente. Un passage à l’acte. L’horreur d’un carnage. "Olivier Steiner
 

Le 1er mai 2002, il y a 20 ans, la place de la République était saturée de manifestants. Dans les 800 000 manifestants. J'étais prêt de la camionnette des jeunesses communistes et de celle de SOS Racisme, le 2ème tour des présidentielles opposait Jean-Marie Le Pen à Jacques Chirac.

Qu'en reste-t-il ? ...

2018 - 2019, fichage Hopsyweb des personnes admises en hospitalisations psychiatriques sans consentement tous cas de figure, 2019, croisement de ce fichage avec celui des fichés S pour cause de liens avec des visées terroristes ; stigmatisation néo - sarkozyste des personnes suivies ou ayant été suivies en milieu psychiatrique ; chasse aux sorcières parmi les personnels soignants ; les mouvement d'usagers alignés et neutralisés avec distribution de subsides, quelques carrières ouvertes, mais tout de même la parole se libère via l'internet ; carence constatée de la "démocratie sanitaire" à partir des confinements successifs ; carcéralisation des prises en charge ; réforme en traînant des pieds des décisions de maintien en isolement - contention en psychiatrie ; population handicapée placée résolument non prioritaire en réanimation durant les flambées de la pandémie de Covid 19 ; un peu plus de chasses aux fous et aux marginaux à travers le pays ; manifestants estropiés, éborgnés = > interdiction de fait de manifester ...

"Votez correct braves gens pour qui tiendra la matraque ces prochaines années..." ...

Allons bon !  

André Bitton

 

📺 LE NON DÉBAT, ÉPILOGUE D'UNE NON CAMPAGNE
– Pathétique spectacle pour de duo entre le stagiaire de Mc Kinsey et l'héritière fasciste –
➡️ Du jamais vu depuis 1965, époque de diffusion de la télévision dans les foyers. Le «débat» d'entre-deux tours organisé hier soir a réalisé la plus mauvaise audience pour un duel présidentiel : 15,6 millions toutes chaînes confondues, contre 16,5 en 2017, et bien davantage 5 ans plus tôt. En clair, personne ne veut du remake imposé, ce mauvais film écrit par les médias.
➡️ Il n'y a pas eu de campagne. Ni Macron ni Le Pen n'ont pris la peine d'intervenir, d'organiser de meetings, de subir la moindre contradiction. Tout juste quelques mises en scène verrouillées. Pourquoi se seraient-ils fatigués ? Les deux candidats étaient sélectionnés d'office. Depuis 5 ans les médias des milliardaires annonçaient l'affiche finale. Leur affiche. Celle choisie par les ultra-riche. Et depuis 5 ans, ces médias ont tout fait pour que le scénario se réalise. En s’aplatissant devant le pouvoir en place, en relayant ses mensonges, et en surmédiatisant l'extrême droite, en popularisant ses thèmes, en banalisant ses représentants.
➡️ S'il n'y a pas eu de campagne, il n'y a pas non plus de confrontation d'entre-deux tours. Un échange plat, à la fois fade et courtois, d'une durée interminable de trois heures. L'extrême droite et la droite extrême ont exécuté leur danse macabre sans passion.
Aucun échange de fond. Pas un mot sur le racisme de Le Pen, ni son héritage fasciste, alors que son parti a été fondé par des nostalgiques de Pétain et d'Hitler. Macron n'a jamais attaqué celle qui lui donnait la réplique, parachevant sa dédiabolisation totale. Et de l'autre côté, Le Pen n'a pas non plus attaqué Macron, alors que son bilan catastrophique lui offrait des prises innombrables. Une médiocrité telle qu'elle ne s'est même pas saisie du récent scandale Mc Kinsey. En réalité, il s'agissait d'un duo complice. Il était écrit depuis 5 ans. Il a eu lieu.
➡️ L'arrogance absolue de Macron, sa façon de répéter ces derniers jours qu'il sera élu par un vote «d'adhésion» à son programme néolibéral et autoritaire montre le sentiment de toute puissance du pouvoir en place. Il semble déjà certain de sa victoire. Le regard dans le vide du président-candidat lors du show télévisé donnait l'impression qu'il imaginait déjà l'après : comment, dès l'élection passée, il compte nous massacrer.
➡️ Avant le premier tour, un sondage évaluait que 80% des français et françaises ne voulaient pas d’un second tour Macron-Le Pen. Depuis le 10 avril, les enquêtes affirment que la population ne veut ni de Macron ni de Le Pen au pouvoir ces prochaines années. Les deux sont globalement détestés. La personne élue dimanche sera celle qui suscite un peu moins de répulsion que l'autre. La mascarade démocratique est à bout de souffle. La politique se jouera ailleurs. Collectivement.
 
Compétence ? Arrogance ? La moue de Macron est l’exemple parfait de l’image polysémique, lue différemment, non seulement en fonction des publics, mais aussi des résultats du match. Car seule l’histoire tranche. Après une victoire de Macron, l’attitude du président-candidat restera l’image de la victoire de la compétence face à «la faiblesse et l’incompétence». Après une victoire de Le Pen, cette image des bras croisés restera l’icône de la défaite historique de l’arrogance.
 
BRAQUAGE ÉLECTORAL EN RÉCIDIVE
– Refusons de subir une décennie de Macronisme –
Malgré Mc Kinsey. Malgré le massacre des Gilets Jaunes. Malgré les ministres mis en examen. Malgré les yeux explosés et les mains arrachées. Malgré les mensonges et le mépris. Malgré l'explosion des inégalités. Malgré l'état d'urgence. Malgré la répression des soignantes, des pompiers, des journalistes, des enseignants. Malgré les étudiants qui se suicident et l'augmentation de la faim. Malgré les dissolutions. Malgré Benalla, Darmanin et BlackRock. Malgré les promesses de détruire tout ce qui reste de conquêtes sociales, il est réélu. Et très largement.
Machiavel reste à l'Élysée. Il a réalisé un scénario rigoureusement identique qu'en 2017. C'est exactement le même braquage électoral. Un candidat soutenu par tous les médias des milliardaires. Une extrême droite portée au second tour par une propagande intensive. Un candidat de gauche diffamé sans relâche, et une opposition contrôlée. Et enfin un chantage au barrage pendant l'entre-deux tours. C'est un hold-up. Tout le monde le savait, c'était écrit, annoncé, analysé. Mais le scénario infernal a été reproduit en copie conforme.
Déjà les journalistes ont Macron plein la bouche. France Inter compare son champion à «Churchill qui a surmonté la guerre», et explique qu'à 44 ans il a réussi un exploit qui rentre dans l'histoire. Même sérénade sur les autres chaines de télévision et de radio. Déjà, les Macronistes fanatisés font la fête sur le Champ de Mars. Ils ont réussi leur braquage.
Nous ne survivrons pas à 10 années de Parti Unique Macroniste avec un super-gouvernement allant de Sarkozy à Jadot. Nous sortons déjà laminés des 5 premières années. Le pays est déjà au bord du fascisme et de l'effondrement social. Des militaires appellent au putsch, les milices d'extrême droite s'arment en toute impunité, le fascisme décomplexé fait 41% des voix. Organisons la résistance dès maintenant. Des rendez-vous dans la rue sont lancé partout. Les millions de personnes qui ont fait barrage en promettant de combattre Macron dès ce soir seront-elles de la partie ?
À Nantes, 21h, croisée des trams.
 
Le passé, décidément, ne passe pas. Après avoir vu ressurgir Vichy et les mérites, manifestement trop méconnus, du maréchal Pétain, voilà réélu un faux jeune, qui cite Gérard Majax (à quand Léon Zitrone ou Sacha Guitry ?), qui rêve à Reagan et Thatcher et qui vient de découvrir l’importance de la question écologique (sur quelle planète, littéralement, vivait-il donc avant ce second tour ?). Le fringuant archaïque, ami des puissants (ceux qu’il a satisfaits en abolissant l’ISF) et des cogneurs (Benalla), rêve et jouit de verticalité, de royauté, d’autorité… Partout en Europe de l’Ouest, ce genre de personnalités est généralement exclu du champ politique. Partout, en effet, des démocraties parlementaires, avec des scrutins largement proportionnels, encouragent la discussion, le débat et une attention à l’intérêt général et au bien commun. La France, elle, est une aire de jeu offerte à des personnalités fragiles qui, tout petits déjà, se prennent pour Dieu ou le Roy. Les asiles, jadis, étaient pleins de gens qui se prenaient pour Napoléon : désormais, ils racontent à leur maman ou à Alain Minc qu’ils seront, un jour, grand chef à plume de toute la Terre.
 
Le résultat est là : une personnalisation extrême, des programmes parfois inexistants, car, comme le dit le candidat Macron, en 2016, «on s’en fout», un scrutin uninominal à deux tours, qui aboutit, pour la majorité des électeurs, à un non-choix. De Gaulle avait trop d’orgueil et de souci du bien commun pour en abuser : il se retira quand il fut désavoué, en 1969. Mais n’est vraiment pas de Gaulle qui veut : en 2022, on peut être «élu» avec 38,5 % des inscrits (dont une grande partie «contre elle» et non «pour lui»), avoir perdu 2 millions de voix et 5,6 points par rapport à 2017, avoir permis une croissance de près de 3 millions de voix de l’extrême droite, et être revêtu du lourd cordon de la Légion d’honneur et de pouvoirs exorbitants (le président des Etats-Unis n’en a pas autant, et de très loin). Est-ce bien suffisant pour continuer à fermer des maternités et détruire l’hôpital (17 500 lits fermés lors du quinquennat qui s’achève) ? Pour abreuver d’argent public les cabinets de conseil qui ont contribué à son élection de 2017 ? Pour fréquenter des voyous épargnés par des parquets compatissants ? Pour assister, sans rien faire, voire pire, à la destruction du vivant ? Pour continuer à se proclamer le «camp de la raison» alors que l’on est confit en idéologie déraisonnable, voire irrationnelle (le «ruissellement», l’«écologie productive»…) ? Pour raconter tout (singer le slogan du NPA, puis de LFI, entre les deux tours) et continuer à faire n’importe quoi ? Pour insulter, ignorer et assouvir ses fantasmes infantiles de toute-puissance ?
 
Il ne faut pas personnaliser outre mesure : le pouvoir grise, isole, peut rendre fou et, de toute façon, la Constitution de 1958 est un appel aux dingues. Les gens qui paradent et caracolent sur les cendres d’une élection par défaut sont le produit de structures mentales archaïques (le mythe du messie, le culte servile du «chef»), d’intérêts patrimoniaux puissants et d’un mode de scrutin obsolète : rappelons que la Constitution de 1958 est une constitution de guerre et de guerre civile (guerre d’Algérie, 1954-1962), voulue par un vieux général patriarcal et défiant à l’égard des parlements qui, au fond, avait fait son temps dès 1968. De Gaulle partit en 1969, mais la Constitution demeura, et demeure toujours. Tant qu’elle demeurera, elle étouffera le débat, assourdira l’intelligence collective et produira des catastrophes : une désaffection croissante à l’égard du suffrage, avant la bascule vers l’autoritarisme, stupidement préparé par la veulerie d’un «pouvoir» impuissant, qui ne tient que par le recours massif à la violence, et sourd aux questions fondamentales de notre temps – le besoin d’intelligence face aux injustices croissantes et à la dévastation du monde.  Johann Chapoutot
 
Ce que je ne comprend pas, c'est pourquoi l'offre politique est si dérisoire, triste, terre à terre, médiocre. Que sont nos hommes politiques ? Ont ils des idées constructives? Veulent ils vraiment changer la société ou bien, vivre de la République, bonne fille, qui leurs donne des moyens hallucinants, voiture, bureau, argent, palais, amnistie? Et qui sont quand mêmes corrompus, avares, assoiffés de pouvoirs et de puissance. Quand ils se font prendre la main dans le pot de confiture, ils crient au harcèlement, ...
 
Dans le monde actuel, avec les bouleversements dus à l'informatisation de la société, au tout numérique, à "l'information" permanente, à la rapidité du changement, nous avons un personnel politique qui vit encore au moyen âge surtout ne pas changer les habitudes.
 
On est bien là, pourquoi changer?
Nous sommes à un tournant de notre société, nous amorçons le déclin. Il y a eudes signes avant-coureurs, les crises financières, la pollution, l'extinction de la biodiversité. Mais comme dans le fim "don't look up", on préfère s'amuser, rire de tout, faire des blagues à deux balles, dire "on verra demain", et rentrer dans son cocon douillet en SUV, et appeler Deliveroo pour se faire livrer une bouffe hyper industrialisée et grasse, et regarder des films  à la con sur Netflix, et prendre des produits pour dormir, car sollicités comme nous sommes sollicités du matin au soir, nous devenons tous hyperactifs, 
LA POLICE MANIFESTE POUR LE PERMIS DE TUER ET ARRÊTE AMAL BENTOUNSI, DONT LE FRÈRE A ÉTÉ ABATTU PAR UN AGENT
Le soir du second tour de l'élection présidentielle, deux hommes étaient abattus par un policier au cœur de Paris. Sur le Pont Neuf, à deux pas de la préfecture, un agent avait braqué un fusil d'assaut et tiré 10 balles en quelques secondes sur un véhicule, pour un refus d'obtempérer. Des tirs à l'armes de guerre. Deux frères, noirs, sont tués, un troisième est blessé. Les faits sont d'une telle gravité que le fou de la gâchette est mis en examen pour «homicide volontaire», une qualification rarissime pour un policier. Malgré les éléments accablants, le tireur est laissé libre à l'issue de sa garde à vue.
En réaction, ce lundi, le syndicat de police d’extrême-droite Alliance appelait à un rassemblement en soutien au policier poursuivi. La manifestation réclamait «la présomption de légitime défense». Cette vieille revendication portée initialement par les partis fascistes n'est rien d'autre qu'un «permis de tuer» en toute impunité de la part de la police. Une police déjà surarmée, gavée de privilèges, et désormais équipée de fusils d'assaut.
À Paris, des familles de victimes de violences policières et militant-es sont venues exprimer leur colère face à cette provocation. Ce midi, face au rassemblement du syndicat policier, des pancartes «Alliance : lobbyistes de l'impunité» et une banderole «la police mutile, la police assassine» est déployée. Mais au bout de quelques secondes, déjà, des forces de l'ordre encerclent le groupe et tentent d'arracher la banderole. Seule la police est autorisée à manifester.
Nadia, membre du «collectif Pour Souheil», un jeune tué par la police en 2021 à Marseille, explique : «Ils nous ont tout de suite nassé, bousculé et violenté. Ils ont attrapé quelques manifestantes qu’ils ont isolées et ils nous ont tous verbalisés». Sabrina Waz, une autre militante sur place, raconte : «les policiers n’ont même pas laissé le temps à la banderole de se déplier qu’ils étaient déjà dessus pour l’arracher. Après cela, nous avons tous subi un contrôle d’identité et certains ont été embarqués». Tous les manifestants exfiltrés et reçoivent une amende pour «participation à une manif interdite».
Cela ne s'arrête pas là. Amal Bentounsi, dont le frère a été abattu d'une balle dans le dos par un policier en 2012, et fondatrice du collectif «Urgence notre police assassine», est embarquée dans un véhicule. Avec elle, au moins deux autres militants sont interpellés.
Non seulement les syndicats policiers organisent une manifestation scandaleuse destinée à soutenir un tireur à l'arme de guerre, après des faits accablants qui ont coûté deux vies. Non seulement ils réclament un permis de tuer. Mais en plus des agents interpellent une victime de violences policières. On ne peut qu'exprimer toute notre solidarité avec Amal Bentounsi, et toutes celles et ceux qui gardent la tête haute face aux violences d’État.
 

 Dans la soirée, une partie du paysage des années à venir sera connu, selon les alternatives dont les urnes auront décidé. D’un côté, le choix contraint – qu’on décide ou non de s’y plier – entre un néolibéralisme autoritaire et un nationalisme xénophobe, entre le mépris social érigé en programme de gouvernement et une phobie raciste comme fondement idéologique. 

Ce qui adviendra dimanche ne nous empêchera pas de continuer d’aimer, de produire, de lutter, de respirer, mais nous le ferons plus ou moins bien ou plus ou moins mal, selon la façon dont le contexte aura changé.

Dimanche, je voterai comme un gouverné, c’est-à-dire comme on ruse ou comme on occupe une place, en n’oubliant pas que le pire n’est jamais sûr. Les chances sont minuscules d’échapper à la tenaille annoncée, pour les années ouvertes par la séquence électorale des Présidentielles et des Législatives, entre d’une part l’extension programmée du domaine du calcul économique à toutes les dimensions de nos vies avec un renforcement de l’État policier pour les récalcitrant.e.s, d’autre part la consécration d’un racisme d’État en lieu et place de politique. 

Qu’attendre des élections ? La préparation d’un champ de bataille, les conditions concrètes de l’exercice même de la politique pour toutes celles et ceux qui s’engagent, loin des ministères, sur des fronts qui nous importent : le droit au logement, l’urgence écologique, la préservation des biens communs, l’accueil des étranger.e.s, l’accès aux soins et à l’éducation, l’économie de productions culturelles qui ne sacrifie rien de leur exigence. 

 

Ceux qui font tout sont priés de laisser parler ceux qui profitent de tout 

Concernant l'élection présidentielle :

Nous n’attendons rien : nous n’attendons pas qu’ils finissent de rendre inaccessibles les savoirs, de polluer les rivières, de capturer les champs, de tout fermer nos endroits, de la poste à la place. Nous savons comment la police, au lieu de servir et de protéger, est la chienne de garde obéissant au doigt du maître, mordant qui on lui dit, autant de fois qu’on lui dit ; nous savons qu’en son sein des hommes de bonne volonté se tuent de le comprendre. Nous savons que les ruines et les faillites du bien commun font leurs fortunes. Nous avons vu les mendiantes sur les docks, face aux yachts. Nous avons vu les ministres bafouer la justice et la loi, nous avons vu les campements incendiés et les gardes impassibles. Nous n’attendons plus.

 

C’est pourquoi nous n’attendons rien. Celles et ceux d’entre nous qui ont le goût du vote iront voter pour le programme où les engagements vont vers les besoins communs de ceux qui savent être frères. Ce programme existe, et nous n’avons pas besoin d’être en amour pour un candidat pour le dire : aider la jeunesse à devenir adulte, cultiver ce nous que nous formons avec nos origines multiples et notre présence commune, prendre soin des malades, protéger les faibles et contenir l’égoïsme qui guette les forts, pour que la richesse soit en partage. Les autres d’entre nous que ce jeu ne convainc pas continueront à ne pas attendre : à se lever chaque matin en se souvenant de ces mêmes besoins communs : le partage, le savoir, le soin, le jardin, la justice et le repos. Agir pour cela, le réaliser un peu, chaque jour : voilà de quoi occuper des siècles de présent, et les humains que nous sommes. Sans attendre.

Fanny Taillandier

Mais la guerre n’est pas qu’un jeu de nations. Elle engage des peuples, des personnes ordinaires, de mouvements civils qui s’y opposent ou qui s’y joignent. Elle est faite d’affects, d’espoirs politiques, de peurs et de désorientations tant l’effondrement de leur monde engagé depuis tant de temps prend aujourd’hui une forme sinistrement concrète. Elle est aussi affaire de positions : assumer en raison où l’on apporte son soutien. Enfin, elle appelle à réfléchir les racines profondes de ces tentations guerrières.  Force est de reconnaître que la guerre économique à coup de politiques étrangères tantôt grossières tantôt obscures devient aujourd’hui une guerre physique dont il n’y a guère à attendre d’apaisement durable. Dans ses jours les plus dramatiques, la nuit est la plus profonde avant l’aube.

 

Alors que nous entrons dans une vie toujours plus diminuée, il nous faut élire un gouvernant. Et à ceux avec qui je m’entretiens, généralement dépourvus de convictions pour l’un ou l’autre candidat, manifestent de façon triomphante leur attachement à exercer ce qu’ils tiennent pour une « responsabilité de citoyen ». D’un ton généralement moralisateur, ils ressassent les mêmes propos élections après élections : choisir le candidat le moins pire.

Dans ce geste d’éviter le pire, on se trouve toujours déjà battu. On s’arrange mieux avec les angoisses qu’avec les solides convictions. Être convaincu, c’est être un idiot en liberté dans un monde verrouillé. J’aurais aimé m’engager avec feu dans cette campagne présidentielles si quelques promesses d’un monde neuf étaient énoncées. Romain Huet

Avec l'entre-deux tours, en France, nous avons eu un aperçu du comportement du pouvoir quand il est pris de panique devant l'hypothèse d'un peu de démocratie parlementaire, qui romprait avec le régime quasi monarchique qu'on a vu à l’œuvre. “Mais rassurez-vous, on parlera plus tard de vos petits problèmes, c'est promis, mais en attendant, tuez-vous toujours plus au boulot pour les actionnaires et les milliardaires et après vos journées, rentrez vite chez vous pour ne pas risquer de saturer les urgences et plus vite que ça ! (et si vous avez l'idée saugrenue de passer une nuit entassé dans le couloir des urgences alors que finalement vous n'aviez rien d'assez grave, vous passerez à la caisse en sortant, salauds de pauvres !). Pas de remplaçant à l'école pour les jours de canicule qui surchauffe les pré-fabriqués de votre gosse ? Pareil, démerdez-vous, fallait prévoir un plan B ! Les instits pourront toujours apporter un ventilateur perso s'ils en ont un… Surtout, il faut pas fâcher les riches avec des dépenses à la con, sinon, ils vont vous abandonner à votre misérable sort de larbins de la start-up nation !  Mais dimanche, venez votez pour la renaissance en marche sinon dès lundi c'est le chaos islamo-gauchiste-zadiste-sovietico-coco, le Venezuellllaaaa avec les chars russes aux portes de Paris et l'invasion de criquets woke !”

 Pourquoi la sphère médiatique accepte-t-elle aussi facilement qu’un gouvernement battu aux élections nommé par un président élu par défaut se dispense de vote de confiance de l’Assemblée et traite de «puérils» ceux qui déposent une motion de censure ? Pourquoi la Nupes est-elle seule à voter une motion de censure quand c’est le seul choix fidèle aux votes des électeurs qui ont battu le parti macroniste ? Ou voit-on pareil cas en Europe ? Mme Merkel a négocié six mois pour faire une coalition ! LREM devait faire de même avec LR. Ils auraient la majorité absolue… Mais non, ils jouent au plus fin : ces gens-là vont créer un désordre permanent.

 

La majorité vous accuse, au contraire, de créer du «désordre» avec votre volonté de faire tomber le gouvernement…

Propagande ! Son gouvernement est-il légitime ? Nous sommes arrivés en tête du premier tour [des législatives]. Mme Borne n’a ni majorité électorale ni parlementaire. C’est un fait. Le déni de réalité va tuer la démocratie. Le paysage des partis a volé en éclats, l’abstention est abyssale, le système institutionnel est en panne. On voit comment les néolibéraux sont voués à l’autoritarisme. Dire «le désordre, c’est la Nupes», c’est juste dire que toute opposition est désormais un ennemi de l’intérieur. Ce sera pire bientôt. Voyez la pente : Macron est soutenu par la droite comme la corde soutient le pendu. A chaque texte, LR en rajoutera à droite car, eux, vont courir après le RN. Nous avons été élus avec un programme. Et pas avec le mandat de le négocier avec eux par exemple sur la retraite à 65 ans.

🇨🇵«PAYS RÉEL», «NATION ORGANIQUE», «GRAND SOLDAT» : MACRON EST-IL PÉTAINISTE ?
- 8 ans de clins d’œil et de soutien à l'extrême droite française -
« Il y a 80 ans, les collaborationnistes du régime de Vichy ont organisé la rafle du Vel d’Hiv. Ne pas oublier ces crimes, aujourd’hui plus que jamais, avec un président de la République qui rend honneur à Pétain et 89 députés RN ». Voilà le message publié par la députée Insoumise Mathilde Panot le jour de la commémoration de la rafle antisémite du Vel d'Hiv, organisée par la police française en 1942. Ces deux phrases, factuelles, ont provoqué une polémique délirante de la part des membres du gouvernement. La députée a été insultée, accusée de « révisionnisme » et même appelée à démissioner. Alors, Macron est-il pétainiste ? Le président tente-t-il de réhabiliter une forme de néo-pétainisme en France ? Éléments de réponse :
➡️2015, Emmanuel Macron vient d'être nommé ministre de l'économie. Le 8 mai, il se rend à Orléans pour célébrer Jeanne D'arc, symbole traditionnel de l'extrême droite. Il estime devant les médias qu'il «nous manque un Roi».
➡️2017, le candidat financé par les lobbys et soutenu par les medias lance son mouvement : « En Marche ». Ce nom interpelle. Le Régime de Vichy avait nommé ses reportages de propagande «La France en Marche». Durant toute la campagne, Macron utilise régulièrement la formule «ni droite ni gauche», qui a été pendant plusieurs décennies un slogan phare du Front National.
➡️Septembre 2018 : à peine arrivé au pouvoir, Macron fait voter la «loi asile immigration» avec le soutien de l'extrême droite. «Jamais un gouvernement n’était allé aussi loin» écrit alors le journal Le Monde.
➡️Janvier 2018 : « France is back », « la France est de retour » répète Emmanuel Macron au forum de Davos, clin d'oeil appuyé à l'extrême droite américaine.
➡️Novembre 2018 : Emmanuel Macron déclare, pour les 100 ans de la fin de la Première Guerre Mondiale, que «Pétain était un grand soldat». Pour rappel, Philippe Pétain a d'abord été antidreyfusard à la fin du 19ème siècle, il a fait fusiller des soldats pour l'exemple pendant la guerre, puis bombardé la population marocaine au gaz moutarde dans les années 1920, avec un autre militaire et futur dictateur : le Général Franco. Pétain a ensuite instauré une dictature nationaliste en France, collaboré avec Hitler et les nazis, et appliqué une politique antisémite qui a conduit des dizaines de milliers de juifs à la mort. Pétain et sa police ont aussi le sang de milliers de résistants sur les mains. Pétain est le seul chef d'État français à avoir été frappé d'indignité nationale. Avec cette déclaration, Macron reprend à son compte tout l'imaginaire et la propagande néofasciste qui insiste sur les «qualités» militaire de Pétain pour mieux le réhabiliter.
➡️21 aout 2019 : à deux reprises Macron affirme que «l’Etat profond» l'empêcherait de se rapprocher de Poutine. Le président reprend littéralement le concept brandi par Donald Trump au même moment.
➡️Octobre 2019 : Macron invite dans son avion privé le magazine d'extrême droite Valeurs Actuelles, et lui offre une interview exclusive, en tenant des propos réactionnaires.
➡️Décembre 2019 : Elie Hatem, figure du militantisme royaliste et notoirement antisémite, fait des selfie avec le couple Macron, tout sourire, à l'Elysée.
➡️Février 2020 : lors d’une rencontre à l’Elysée, Macron évoque le « pays légal » et le « pays réel ». Il s'agit d'un concept du dirigeant de l’Action française Charles Maurras. Un idéologue violemment antisémite, royaliste et pétainiste.
➡️Mai 2020 : Macron appelle le polémiste pétainiste Zemmour pendant 45 minutes pour lui témoigner son «soutien», après que quelqu'un lui ait crié dessus dans la rue. Il commande alors à celui qui sera candidat de l'extrême droite radicale une note sur l'immigration.
➡️Mai 2020 : Emmanuel Macron surprend en utilisant l'expression «enfourcher le tigre». Il s'agit d'un clin d’œil au fasciste italien Julius Evola, auteur du livre «Chevaucher le tigre». Cet ouvrage est une référence connue pour l’extrême droite mystique.
➡️Février 2021 : le ministre de Macron Gérald Darmanin trouve Marine Le Pen « trop molle » lors d'un débat télé.
➡️Juillet 2021 : Emmanuel Macron, prétendu garant de la «laïcité», se rend dans un sanctuaire catholique de Lourdes, célèbre pour un « miracle » religieux : la vierge Marie serait apparue à une jeune croyante. Aucun chef d'Etat français n'était allé dans ce lieu religieux depuis le Maréchal Pétain : le Régime de Vichy exaltait alors une France chrétienne et réactionnaire.
➡️Aout 2021 : Macron impose la « loi séparatisme », une batterie de mesures violemment islamophobes, autoritaires et répressives, saluées par l'extrême droite. Peu après, cette loi est utilisée pour dissoudre des associations musulmanes et militantes de gauche.
➡️Avril 2022 : Joseph Estoup, ancien putschiste d'extrême droite durant la guerre d'Algérie est fait commandeur de Légion d’honneur, avec l’approbation du gouvernement Macron.
➡️Aucun symbole n'est anodin : Macron a célébré sa victoire de 2017 au Louvre, fêté son anniversaire au château de Chambord, et reçu plusieurs fois des patrons et des présidents à Versailles. Choix de lieux monarchiques.
➡️Juin 2022 : le groupe LREM au Parlement élit deux vice-présidents d'extrême droite. Pour la première fois de la 5eme république, l'extrême droite va présider les débats.
➡️Juin 2022 : la première séance du mandat a eu lieu à l’Assemblée, et c’est un député du Rassemblement National qui fait le discours d’inauguration, en rendant hommage à l’Algérie française.
➡️14 juillet 2022 : Macron décrit la France en utilisant le concept de «nation organique». C'est littéralement un concept fasciste, une idée forte qu'on retrouve notamment chez Mussolini et Hitler.
➡️16 juillet 2022 : des députés du RN, parti fondé par des collaborationnistes et des néo-nazis, sont invités par l'Elysée à commémorer la Rafle du Vel D'Hiv.
Macron est-il pétainiste ? Son parcours, ses choix et ses déclarations semblent le démontrer. Est-il sincèrement convaincu des vertus du régime de Vichy ? Est-ce purement stratégique ? Difficile à dire. Une chose est sûre : Macron est un bourgeois radicalisé qui installe un régime hybride basé sur une une coalition avec l'extrême droite. Il organise depuis des années une confusion brutale visant à réhabiliter une forme renouvelée du fascisme.
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11 avril 2022 1 11 /04 /avril /2022 17:49
ÉLECTIONS : NANTES RÉVOLTÉE SORT LA SULFATEUSE
La catastrophe annoncée est arrivée. Le second tour scénarisé depuis des années par les cabinets de conseil et les médias des milliardaires est donc validé dans les urnes. De peu. Nous allons donc subir une répétition de 2017 en plus sordide : le stagiaire de Mc Kinsey dansera un slow morbide avec une fasciste dont il a appliqué les idées depuis 5 ans. Les prochaines années seront sanglantes. Nantes révoltée sort de sa réserve et sort la sulfateuse :
➡️ Retraités : incontinence sur leurs progénitures.
Les plus de 65 ans ont donc plébiscité Macron et voté à près de 80% pour la droite et l'extrême droite. Les historiens du futur décriront probablement cette génération comme celle des plus grosses crapules de l’histoire contemporaine. Génération Mai 68 et Mitterrand, amour libre et plein emploi, baisse du temps de travail et droit sociaux. Cette génération a tout pris, acheté des appartements, «joui sans entrave» et niqué la nature avant de partir en beauté : en nous laissant un monde dévasté et fasciste. Nous avons subi couvre-feu, confinement et Pass Sanitaire – abandonnant au passage nos libertés, notre vie sociale et notre santé mentale – pour protéger en priorité des personnes âgées qui votent pour le candidat qui détruit nos existences, à nous, leurs enfants et petits-enfants. On souhaiterait presque que Macron détruise la Sécu et les hôpitaux le plus vite possible pour qu'ils subissent dans leur chair les conséquences de leur vote. Il n'y a pas de raison que nous soyons les seuls à en profiter.
➡️ Médias : Machiavels de plateaux.
Ce que la France compte «d’éditorialistes», «sondeurs» et autres flaques de boue triomphait hier à l'antenne. Derrière l'air stupide des présentateurs et les mensonges affligeants de grossièreté répétés sur les plateaux, les médias sont les grands gagnants de cette élection. Ils ont imposé leur affiche. Celle dont quasiment personne ne voulait. Par leur propagande intensive, leur surmédiatisation de l'extrême droite, leur soumission au pouvoir en place et leurs diffamations systématiques à l'égard de tout ce qui pourrait menacer les intérêts des riches, ils ont réussi l'impensable : propulser deux candidats détestables qui n'ont pas fait campagne. Car les deux fachos qui sont en tête n'ont même pas eu besoin de débattre, ni même d'organiser de meetings. Ce sont les candidats des médias des milliardaires. Ce résultat, c'est leur résultat. Une poignée de propriétaires de chaînes de télé-poubelle «font» et «défont» une élection selon leurs intérêts, même après un bilan apocalyptique.
➡️ La gauche plurielle : déstockage de brosses à chiotte.
Le poil de cul qui sépare Mélenchon de Le Pen s'appelle Fabien Roussel, et il sent le saucisson à l'ail. À 20h10, la raclure socialiste et son copain écologiste s'étaient déjà empressés d'appeler à voter Macron, du haut de leur 5% cumulés. Sur leurs visages : des sourires obscènes. Comme si l'extrême droite aux portes du pouvoir les réjouissait. Sans doute étaient-ils fiers du travail accompli ? Ces gens auront concentré toute leur énergie à empêcher une candidature ni fasciste ni ultra-libérale d'être au second tour. On ne parle même pas du PS, dont Hidalgo avait écrit son discours défaitiste appelant à voter Macron il y a des semaines déjà. Jusqu'au bout, le rôle historique de cette gauche plurielle liquéfiée aura été de maintenir au pouvoir le capitalisme pétainiste. Dans les années à venir, n'oublions jamais que ces gens portent une responsabilité immense dans les futurs blessés par la police, les incarcérations, les crimes racistes et sécuritaires, les suicides au travail, les morts faute de soin. «Yannick» l'écolo sympa et raisonnable aura le sang des ZAD réprimées sur les mains. Et si Le Pen est élue ? Ce quarteron de bouffons aura l'honneur de rester dans l'histoire comme étant la bande de minables qui a livré la France au fascisme.
➡️ Gauchisme et «abstentionnisme révolutionnaire» : les curés de la défaite.
Dimanche soir, l'extrême droite est au second tour face au néolibéralisme autoritaire et… et Rien ! Des rues désertes. Nous n'étions que quelques dizaines à Nantes, même pas de quoi partir en manifestation. À Rennes, la foule n'était pas beaucoup plus nombreuse mais a pu défiler. Et ailleurs ? Nada, wallou, que dalle. Les tenants de «l'abstentionnisme révolutionnaire» ou du vote anticapitaliste nous promettaient qu'on allait voir ce qu'on allait voir, que peu importe le résultat, seule la lutte compte, que jamais ils ne voteront mais qu'ils résisteront de toutes leurs forces dans la rue. Street cred, respect. C'est vrai : la seule solution digne aurait été de se soulever à l'annonce des résultats. Encore faut-il que ces grands discours soient suivis d'effets. Car, malgré une menace fasciste jamais vue depuis l'Occupation, nous étions dans la rue et n'avons jamais vu aussi peu de monde un soir d'élections. En 2002, déferlante contre Le Pen. En 2007, des émeutes éclataient contre Sarkozy. En 2017, des cortèges avaient lieu contre Macron et Le Pen. Même en 2012, le soir de l'élection de François Hollande, quelques centaines d'opposants à l'aéroport manifestaient à Nantes ! Ce dimanche est donc inédit, abyssal et terrifiant en terme de mobilisation. Une absence totale de réaction minimale. Et où étaient les dizaines de milliers d'électeurs anticapitalistes ? Disparus aussi. Gauchistes de réseaux sociaux et révolutionnaires de salons sont élus escrocs de la soirée.
Que reste-t-il sur ces décombres ? S'organiser. Contre-attaquer. Sans illusion mais avec la rage au cœur.
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8 avril 2022 5 08 /04 /avril /2022 17:42
L’OPTIMISME ET LE PESSIMISME.
« Mon optimisme n’est que le jus du drame. Je suis optimiste parce que c’est la seule solution qu’a trouvée mon désespoir. Que sont l’optimisme et le pessimisme ? Deux réactions aux malheurs du monde. Ils font le même diagnostic, mais n’en tirent pas la même ordonnance. Le pessimiste dit : « Ça ne va pas et demain ce sera pire. » L’optimiste dit : « Ça ne va pas, qu’est-ce que je peux faire ? » Le pessimiste consent au mal et, lâchement, se retire. L’optimiste résiste et intervient : il allie l’intelligence au courage, il s’engage. Croyez-vous, en ce moment, que les Ukrainiens pratiquent le pessimisme ? Heureusement pas ! Parce qu’ils ont décidé de ne pas abdiquer devant le mal, de servir leurs valeurs, ils sont optimistes et se défendent. Imitons-les. »
 
EE.SCHMITT
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3 août 2020 1 03 /08 /août /2020 10:29

Conception post moderne

Dieu et l'état sont morts

Seul l'individu dispose des ressources suffisantes pour survivre et transformer un monde caracterisé par ses rapports de force, son caractère insensé et sa violence.

Paradigme

Proteger les éco systèmes

Proteger la santé humaine

Permettre l'activié économique

Logique d'accumulation materielle et financière

Pour rentabiliser le capital, baisser le coût du travail

Fuite en avant, plutôt l'austerité que la sobriété

Scène lugubre et nostalgique d'une ex-grande puissance, qui maintient la posture le plus longtemps possible.

La France est bel et bien devenue ce qu'il convient d'appeler une démocratie totalitaire, c'est-à-dire un pays où l'on peut encore voter, mais où n'existe plus aucune liberté. La caste technocratique, à la différence des autres, n'a aucune légitimité. La France n'avait pas besoin d'énarques. Ils se sont emparés du pouvoir à la faveur  d'une erreur historique du général de Gaulle, qui s'est tout simplement trompé d'époque,  même si l'on peut comprendre, à la lumière du passé récent de la France, pourquoi il l'a commise.  Et s'ils sont devenus féroces, c'est parce qu'ils savent bien, au fond d'eux-mêmes,  qu'ils sont des imposteurs. Leur pouvoir ne repose sur aucun support historique,  sur aucun soubassement économique ou culturel, sur aucun service rendu au pays  par leurs ascendants au fil des siècles. C'est un pouvoir arbitraire et cupide,  artificiellement plaqué sur le pays et qu'il conduit à sa perte.  Sans aucun scrupule, il adopte pour seuls moyens de gouvernement ceux qui ne visent  qu'à abaisser le peuple, à le priver de sa liberté et de sa dignité.  Ces gens sont allés trop loin pour reculer.  Ils sont bien décidés à garder le pouvoir de toutes les façons possibles,  fût-ce au prix d'une lutte à mort.

   « Les syndicalistes, les militants syndicaux et même les salariés ont besoin de construire des revendications,  de les porter et de se battre pour les gagner  mais ils ont besoin au-delà d’un projet politique d’une autre dimension pour la France et pour l’Europe. »

«Gafa» et «barons voleurs»

Faut-il réprimer les «barons voleurs» ?  La question, on s’en souvient, s’est posée à la fin du XIXe siècle aux Etats-Unis.  Une majorité d’Américains en était venue à penser que le pouvoir des grandes compagnies  issues du capitalisme le plus sauvage était une menace pour la démocratie.  Le Congrès vota donc une «loi anti-trust» qui obligea certains de ces féodaux new-look  à scinder leur fief.  Rockefeller, par exemple, dut découper la Standard Oil, géant du pétrole,  en six entités distinctes et vendre ses participations dans cinq d’entre elles.  On n’usera pas de ce vocabulaire d’époque pour désigner les nouveaux seigneurs  du capitalisme et de la technologie.  Sur le plan juridique, rien n’indique qu’ils soient des «voleurs», quant au titre de «baron»,  il est un peu étriqué. «Empereurs» irait mieux…

Mais si l’on sort de la sémantique, la question reste entière.  Les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon…) occupent des positions dominantes  dans leur secteur, parfois carrément monopolistiques ;  elles ont collecté une masse vertigineuse de données sur la vie privée et publique des citoyens  et citoyennes qui leur confère un pouvoir d’influence colossal ;  elles ont pratiquement privatisé la censure, qu’elles exercent souverainement,  souvent en dehors des lois ; certaines d’entre elles ont joué avec agressivité  des disparités nationales pour échapper en quasi-totalité à l’impôt,  alors qu’elles jouissent partout de la formation dispensée par les universités  et des protections légales organisées par les Etats,  le tout aux frais des contribuables de la planète, dont elles s’excluent néanmoins  avec l’aide d’une armée d’avocats ;  leur puissance inédite dans l’histoire de l’humanité les met en mesure de parler d’égal à égal,  parfois de géant à nain, avec les Etats démocratiques.  Les Etats-Unis de Donald Trump, à l’inverse des élus américains de l’ancien temps,  sont décidés à ne rien faire ; les Chinois ont constitué leurs propres Gafa ;  il ne reste que l’Europe pour résister un tant soit peu à  cet impérialisme technologique et financier.  A condition que l’opinion se saisisse de l’affaire. Il est donc urgent de se déprendre,  non de la technologie, utile à tous égards, mais de la fascination trompeuse  que ces sociétés exercent sur le public. Mobiles, réseaux et ordinateurs ne sont pas des ennemis,  bien au contraire. Ceux qui les fabriquent et les contrôlent pourraient le devenir.

 

 

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3 février 2009 2 03 /02 /février /2009 18:06

Cafouillage gouvernemental ou abandon par l'Etat de son rôle de préservation du patrimoine national ?

Madame Albanel avalise la fin de la protection par l'Etat des abords de plus de mille sites et monuments en France.

Les cent plus belles églises du Finistère, Chinon et Saumur dans le Val de Loire, les villes d'Orléans, Troyes, Provins, Laval, Le Havre, Fécamp, Bastia, les sites de Sorgues, Montségur, Saint-Guilhem-le-désert, Saint-Emilion dans le midi, tous les grands châteaux et les bastides du Périgord, les monuments antiques de Saintes, les abbayes de Saint-Savin, la Charité sur Loire, Baume-les-Messieurs, les sites de peintres comme Giverny, Pont-Aven, Collioure, Auvers-sur Oise, Barbizon, et plus de mille autres trésors de la France ont perdu la protection de l'Etat assurée par les architectes des bâtiments de France.

Dans un communiqué du 30 janvier, Madame Albanel "a pris acte du vote par le Parlement d'un amendement (l'amendement la Raudière) supprimant l'avis conforme des architectes des bâtiments de France (ABF) dans les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP)". Elle insiste sur le fait que "cette mesure ne doit pas s'analyser comme l'abandon d'une prérogative de l'Etat dans le domaine du patrimoine mais qu'elle correspond à la volonté de moderniser les procédures".

La réalité est contraire à cette affirmation :

L'amendement la Raudière enlève à l'ABF, pour la confier au maire de la commune, la décision d'autoriser des travaux dans 596 des plus beaux sites de France et dans l'environnement des monuments historiques (plus de mille) qu'ils englobent. Ce n'est pas une modernisation des procédures mais, au sens propre, une démission de l'Etat.

La suppression de l'avis conforme des architectes des bâtiments de France dans les ZPPAUP figurait dans le projet de loi sur le Grenelle de l'environnement (Grenelle 2), à la demande de quelques maires qui souhaitaient pouvoir passer outre cet avis pour autoriser des panneaux solaires sur les toits dans les ZPPAUP. Le Ministère de l'écologie avait entamé une concertation sur le volet paysages du Grenelle 2, au cours de laquelle les associations du patrimoine avaient exprimé leur ferme opposition à cette mesure disproportionnée avec le problème des panneaux solaires.

Depuis 25 ans, les associations travaillent en concertation avec les élus et les architectes des bâtiments de France pour délimiter des ZPPAUP et écrire des règlements destinés à encadrer l'avis conforme des ABF. Il n'a jamais été question que les communes se dotent de l'autorité nécessaire pour trancher sous l'angle du patrimoine sur les demandes de travaux et de permis de construire en ZPPAUP, ni de substituer le règlement à la nécessaire décision au cas par cas.

Le zonage des ZPPAUP a remplacé le périmètre de 500 mètres autour des monuments historiques qui délimitait auparavant l'avis conforme. Les monuments en ZPPAUP, contrairement aux autres, ne bénéficient plus de l'avis conforme et se retrouvent du jour au lendemain sans cette protection.

Des réactions nous parviennent de toute la France. Les associations reconnues d'utilité publique (le G8, auquel participe la FNASSEM) se réunissent mercredi pour coordonner leur réaction à ce coup bas contre le patrimoine.

Kléber Rossillon, président de la FNASSEM


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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 12:48

2022 RIEN N'A CHANGE, SINON EN PIRE !!

 

 

2008 : on en a de la chance !

15 réactions

Yves Michaud philosophe.

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Bye-bye baby-boomers.

Il y a bien, comme on dit pour payer sa révérence à la gauche, des pauvres, des très pauvres, des riches et des super-riches (où sont les moyens ?), mais le fossé est de plus en plus clairement entre les baby-boomers, retraités ou préretraités, et les nouveaux entrants. Ces papy-boomers ont été les bénéficiaires des Trente Glorieuses. Ils se sont fait des rentes, y compris intellectuelles (1968). Maintenant ils ont leurs biens, leurs assurances-vie, leur résidence secondaire et ils s’y cramponnent bec et ongles - malgré le régime avantageux des donations. En face, il y a les générations précarité : avec des diplômes qui ne donnent pas grand-chose, le culte de la performance, des premiers emplois précaires, des difficultés de logement. Beaucoup ont en plus une donne d’enfants d’immigrés bien différente de celle des premiers arrivants. Le rapport de force est en train de basculer politiquement, économiquement, culturellement. Les vieux s’accrochent à leur establishment. Difficile de passer la main. Un des enjeux de la crise est de savoir qui en supportera le coût…

Mes gènes et moi

La génétique du tournant de 2000 confortait l’individualisme : il y avait l’individu et ses gènes. Quand on connaîtrait sa carte d’identité génétique, on saurait tout sur lui : ses talents, ses défauts, ses maladies, son patrimoine. Les progrès foudroyants et constants de la connaissance des génomes, grâce en particulier aux automates de décryptage informatique, compliquent diablement le paysage. D’abord, il n’y a pas que des animaux supérieurs (nous !) mais une incroyable diversité génomique dont nous n’avons qu’une petite idée, ne serait-ce qu’à cause de tous les organismes que recèlent les océans. Ensuite nos gènes ne sont pas vraiment nôtres : nous en héritons et les transmettons au service de l’espèce. Ces héritages et transmissions sont extrêmement complexes et hasardeux. Il y a la donne de départ, la manière dont elle interagit avec l’environnement, avec les autres génomes aussi. Quant à l’action des gènes, elle est rarement celle d’un gène mais de complexes de gènes. Dans tout cela, l’individu apparaît un miracle, et surtout fort peu de chose. Du coup, il est bien obligé de prendre conscience de la chance qui le fait tel qu’il est. L’individualisme ne disparaît pas pour autant : il devient un individualisme de la loterie. Il en naît une illusion parfaitement absurde quand on y réfléchit, mais terriblement tenace : pourquoi n’aurais-je pas été, ne serais-je pas, autre que je ne suis ? L’obsession contemporaine de la gestion de soi se réplique alors dans le fantasme de la possibilité d’être un autre. Un indice de cette illusion : le succès constant des jeux de loterie. Un coup de baguette magique pourrait changer la vie.

Ma petite patrie

On parlait de mondialisation, comme s’il fallait lui dire oui ou non. Mais elle était déjà là sous forme de produits importés, de virus, de délocalisations, de pirates s’emparant de porte containers au large des côtes de Somalie, de crise qui se répercute en cascade. Du coup, le timbre-poste hexagonal qui précède tous les journaux télévisés avec le bulletin météo est bien dérisoire. Il était question d’être à la fois local et global. Sauf que le local, ce n’est plus l’Hexagone, c’est l’équipe de foot «locale», la cité, le monde virtuel des affinités et des rencontres. Résultat : les Franco-Tunisiens sifflent la Marseillaise pour faire aussi bien que les Franco-Algériens avant eux. Les rencontres «internationales» deviennent des matches locaux entre cités… Paris contre les Chtis, Tunisie-France : des derbys comme Lyon-Saint-Etienne.

La morale, pfuitt

On n’a jamais aussi été moralisateur : il faut vêtir ceux qui sont nus, héberger les sans-toit, nourrir les affamés… On met des comités d’éthique partout. Essayez de dire qu’un tel est un sale type, que l’ex d’une jeune femme est un petit voyou qui vivait à ses crochets, que tel universitaire est archinul et place ses maîtresses : vous aurez affaire à la justice. Car la morale n’a en réalité plus cours. Ce qui en tient lieu : les décisions plus ou moins compétentes des juges et les discours plus ou moins bien payés des avocats. La chicane, comme dirait Voltaire, fait la morale…

La politique faible

Bush nationalise les pertes, Brown les banques, Sarkozy multiplie les déficits et tout le monde relance avec des crédits empruntés mirobolants (empruntés à qui ?). Chacun est pris à contre-pied et tente sa chance en imitant le voisin. Les plans, programmes et résolutions disparaissent face à une réalité opaque mais terriblement coriace. La politique, ce n’est plus le changement, plus la révolution, pas même la gestion hégélienne du monde : c’est une politique faible qui fait ce qu’elle peut et peut peu. Sauf que même ce peu, tout le monde en veut. Ce n’est pas le retour de l’Etat gestionnaire, pas le retour de l’Etat Commonwealth ou République, c’est le retour de l’Etat assureur et rassurant, de l’Etat sauve-qui-peut. C’est aussi le retour de la déesse Fortune : pas celle des traders, celle du sort.

Dernier ouvrage publié :l’Artiste et les commissaires, Hachette Plurielle
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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 12:45
Politique fiction : 2018, l'odyssée des "drogues propres"

 Audrey Cerdan

En partenariat avec VoxPop.(De 2018) C’était presque de la nostalgie. Il faut dire qu’une tonne de cannabis dans un go-fast, on n’avait plus entendu un truc pareil depuis un petit moment. J’en étais récemment venu à me demander si le Maroc exportait encore un peu d’or vert. La dernière saisie du genre doit bien remonter à une dizaine d’années, ça avait donné à Sarkozy, qui se remettait à peine de sa première élection à l’Elysée, une nouvelle occasion de pérorer.

C’est qu’aujourd’hui, les saisies de hasch se font rare. Comme les fumeurs d’ailleurs. Si l’on en croit le ministère de la Santé, en dix ans, les Européens ont divisé leur consommation par deux. Idem pour l’héroïne et la cocaïne.

Mais comme « un monde sans drogues n’existe pas » et que la nature a horreur du vide, dans le même temps, la consommation des désormais fameuses « clean drugs » (ou « drogues propres ») a, elle, sextuplé. Tout va très bien madame la marquise, dans la France de 2018, on se drogue toujours autant. Mais on se drogue légal. National. Médical.

Un demi-siècle après que l’expression fut forgée par Nixon alors que l’Amérique ramassait à la petite cuillère des GI de retour du Vietnam les valises bourrées d’héro, la « guerre à la drogue » aurait-elle finalement vu la victoire de l’Occident?

Si les pays riches n’ont pas « éradiqué les plantes à drogues de la surface de la Terre », comme l’avait promis le président Clinton à l’ex-ONU en 1998, ils ont toutefois obtenu des progrès spectaculaires. Les plantations de cannabis, de coca ou de pavot à opium sont en recul dans presque toutes leurs zones de culture traditionnelles. Au point de poser de graves problèmes financiers dans des pays comme l’Afghanistan ou le Mexique, devenus de véritables narco-Etats dans les premières années du XXIe siècle.

Aujourd’hui, seuls quelques pays comme les Pays-Bas continuent à entretenir une production locale de cannabis. Mais à échelle artisanale, pour les nostalgiques et les touristes sexagénaires toujours friands du kit gouda-pétard-pute de leur jeunesse.

Orange pour danser, blanche pour se calmer, violette pour discuter…

Faites le test [ceci n’est qu’une expression, l’auteur de ces lignes ne vous encourage nullement à contrevenir à la loi, ndlr]: proposer un joint à un jeune de nos jours revient à offrir du foi de veau à un végétarien.

A tel point que l’interdiction de la vente libre du papier à rouler est entrée en vigueur l’année dernière dans l’indifférence la plus totale. A l’heureuse surprise du gouvernement.

Comment expliquer ce « miracle »? Là où militaires et policiers se sont cassé les dents pendant des décennies, l’armée pharmaceutique a fait des merveilles.

Orange pour danser, blanche pour se calmer, violette pour discuter, bleue pour nager, noire pour sauter le déjeuner… à chaque moment de la journée sa « drogue propre », selon l’expression popularisée par les communicants de labos surfant sur la vague hygiéniste du début du siècle.

Inutile de demander à votre médecin, il ne peut qu’être pour. La fine fleur de la recherche française vous garantit des produits sans effets secondaires. Adieu bad trip, descentes cafardeuses et insomnies, tout est aujourd’hui pensé pour que le bien-être le dispute au bien-être.

Et puis, comme on dit: « Si ça faisait pas du bien, ce serait pas des médicaments, ce serait de la drogue »; « ça se trouverait pas chez le docteur mais chez le dealer ». Les pilules sont aujourd’hui si discrètes, sûres et dosées au millimètre que l’on en vient à se demander comment la génération Kate Moss a pu se contenter de « lignes » de coke pleines de « grumeaux » et coupées au sucre vanillé. A la fin du XXe siècle, la cocaïne en vente dans la rue n’aurait contenu que 10% de cocaïne pure…

Ç’avait commencé avec les corn flakes à la Ritalin

En 2008, 10% des jeunes Américains étaient sous Ritalin, la première des « clean drugs » à avoir été utilisée à grande échelle, pour soigner des « troubles de l’attention ». Sa version moderne est aujourd’hui consommée par plus d’un enfant sur deux. Directement ou dans des éléments enrichis: les corn flakes à la Ritalin représentent désormais 27% des ventes de Kellogs dans le monde!

Pour les parents, l’objectif est clair: avoir la paix. Et le résultat est là: les trois quarts des parents d’enfants sous Ritalin disent ne plus avoir à s’occuper du tout de leur progéniture. Soit dix heures de loisirs en plus pour un couple avec deux enfants.

Impressionnant, lorsqu’on se souvient qu’il y a encore dix ans, la délinquance des mineurs était l’un des soucis majeurs des Français, et que les jeunes squattaient les cages d’escalier pour y vendre de la drogue…

Sur ce terrain-là aussi, les résultats sont frappants. La Ritalin semble avoir réussi à mettre un terme à l’agitation dans les banlieues plus sûrement que toutes les compagnies de CRS réunies.

Non seulement les drogues propres ont asséché un marché illicite déjà chancelant, mais l’engouement des jeunes désoeuvrés pour des produits capables d’annihiler purement et simplement le sentiment de lassitude ou de révolte, a permis de pacifier les barres HLM.

 Audrey Cerdan

Idem pour le Viagra, « le » blockbuster historique des « clean drugs ». A New York, évoquer la perspective de rapports sexuels sans Erosa -la nouvelle formule du Viagra qui stimule non seulement l’érection chez l’homme mais également la libido chez la femme- soulève autant d’enthousiasme qu’une salade rutabagas-topinambours. C’est bio. Mais c’est pas bon.

Selon le magazine J’assume mes plaisirs, les Français auraient en moyenne des rapports sexuels deux fois plus fréquents depuis que l’Erosa est remboursé par la Sécurité sociale sans ordonnance (résultat d’un hallucinant « cadeau » du ministre de la Santé sortant à l’industrie pharmaceutique). Et le marché n’est pas prêt de se tarir: l’âge moyen de la première prise est tombé à 13 ans.

Jusqu’à 20% de productivité en plus

Au bureau, la pression sociale s’est également faite de plus en plus forte. Selon les résultats de plusieurs audits concordants, un salarié a une productivité accrue de 20% dans les six heures qui suivent une prise de Workfast, un dérivé d’amphétamine et de betterave synthétique, dernière née des drogues propres.

Avec deux prises par jour, un salarié peut donc assurer une journée moyenne (11,45 heures en 2017 en France) de production par semaine. Et pas besoin de perdre du temps à courir les pharmacies pour vous en procurer, depuis deux ans, certains médecins d’entreprise sont autorisés à les délivrer sur le lieu de travail.

Difficile, dans ce contexte, d’expliquer à votre patron que votre religion ou votre maman vous l’interdisent. Les syndicats s’en émeuvent. « Depuis la distribution de Workfast en entreprises, les heures supplémentaires ont triplé et les patrons n’ont plus besoin d’embaucher pour les surcroîts de travail », s’inquiète le leader de la Confédération du bonheur au travail (CBT).

La semaine dernière, un patron a obtenu gain de cause en Justice contre l’un de ses salariés qui refusait de monter sur un échafaudage après avoir pris du Workfast, prétextant que cela altérait son sens de l’équilibre. « A en croire la notice, rien ne laisse à penser que le Worfast altère un quelconque sens », a tranché la cour qui a condamné l’ouvrier à être déchu de ses droits au chômage et à la Sécu.

Pendant ce temps, à Palavas-les-Flots, un croupier de casino a tenu une table 72 heures d’affilée sans que quiconque ne s’en émeuve. Arrivé à l’hôpital, il a admis avoir ingéré trois tablettes de Workfast. Près de dix fois la dose prescrite!

Mais ces problèmes restent l’exception d’après des autorités sanitaires pas très soucieuses d’en savoir plus. Il faut dire qu’économiquement, c’est « la » poule aux oeufs d’or. Comme si toute l’économie des drogues avait, d’un coup de baguette magique, été réintégrée dans l’économie légale. Emplois et impôts à la clé.

Un cas unique de délocalisation, du Sud vers le Nord

Depuis le début du XXIe siècle, le renforcement progressif des frontières liés à la lutte contre l’immigration clandestine et le terrorisme a obligé les trafiquants internationaux à développer des trésors d’imagination pour atteindre les consommateurs du Nord. Et à dépenser de plus en plus pour s’assurer que les différentes forces de sécurité détournent le regard. Résultat de cette inflation sécuritaire: les prix dans la rue ont explosé.

Rapidement, les consommateurs se sont tournés vers des produits synthétiques dont le rapport coût/efficacité était devenu bien supérieur. Autre atout: l’ensemble de la production peut se faire au plus près des principales places de consommation, dans les grandes capitales du Nord.

Un plus depuis la hausse vertigineuse des prix du carburant. Peut-être les historiens de l’économie analyseront-ils un jour ce premier cas de délocalisation industrielle du Sud vers le Nord.

En moins d’une décennie, les cartels pharmaceutiques ont fait main basse sur le trésor des cartels de la drogue. Seules armes: le marketing, la recherche et développement. Et le droit, car l’interdiction de consommation de drogues issues des PTVD (les Pays toujours en voie de développement) n’est pas pour rien dans ce retournement du marché. Le jeu en valait la chandelle: le marché global était estimé par l’OCDE à 2000 milliards d’euros en 2017.

Dans ce paysage florissant, la France n’est pas en reste, grâce à la longue tradition de surconsommation d’anxiolytique et autres somnifères de nos concitoyens. Grâce aussi à une pyramide des âges qui surreprésente des sexagénaires riches, élevés à l’herbe et à l’ecstasy et qui cherchent aujourd’hui à se droguer « relax », sans speed ni risques, en regardant la télé ou pour maximiser ses performances au Scrabble numérique. Un marché en pleine expansion.

Cerise sur un déjà bien beau gâteau: le marché des substituts et des cures de désintoxication, entièrement contrôlés par les mêmes labos à destination des individus identifiés comme non-adaptés à la prise de drogues propres. Une cerise de 300 milliards au bas mot. Dont l’ampleur dépend quasi uniquement de l’ardeur répressive du gouvernement, premier prescripteur de cures obligatoires.

Toujours prêtes à s’adapter à des marchés par nature changeants, les mafias internationales, elles, se sont redéployées sur le trafic d’énergie, qui rapporte aujourd’hui plus que le sexe et les jeux réunis. Dans l’imaginaire populaire, les trafiquants de pétrole, charbon et autres matériels radioactifs ont désormais pris la place du méchant-que-l’on-aime-haïr jusque-là dévolue aux fils spirituels d’Escobar.

Reste le marché des contrefaçons de clean drugs, qui se sont un temps multipliées dans le Sud-Est asiatique. Mais la guerre des subventions aux exportations pharmaceutiques entre Bruxelles, Washington et Pékin rendent ce créneau beaucoup moins attrayant que par le passé.

Des gouvernements occidentaux euphoriques

Quarante ans après Christiane F. et les overdoses d’héroïne dans les rues, avoir « vaincu la drogue », ça fait chic sur un bilan gouvernemental! Prière donc de ne pas noircir ce charmant tableau en abordant la question des dégâts potentiels de sociétés aujourd’hui totalement sous l’influence de l’industrie pharmaceutique.

Car côté santé, étonnamment, alors que le cannabis a été passé au microscope sous toutes ses coutures pendant plus d’un siècle sans qu’aucun résultat tangiblement alarmant ne soit jamais apporté, les pouvoirs publics ne semblent pas pressés de diligenter des enquêtes sur l’utilisation de clean drugs dont les « effets positifs sur le corps social » sont salués de Johannesbourg à Mumbai en passant par Paris.

Consécration l’année dernière: l’inventeur de la Ritalin s’est vu décerner le Nobel de médecine pour son « apport au traitement chimique des déviances et pathologies sociales ».

Mais si les prisons se vident, les hôtels psychiatriques, eux, se remplissent. Officiellement, personne n’a établi de lien de cause à effet entre l’abus de « clean drugs » et l’augmentation des cas de « burn out » et d’enfermements forcés consécutifs depuis une dizaine d’années. Et le serpent se mord la queue puisque les mêmes sont soignés grâce à d’autres clean drugs, aux effets tout aussi garantis par les fabricants.

En privé, les personnels psys sont formels: une majorité des clients qui leur sont envoyés par les forces de l’ordre moral ont pour point commun d’avoir, à un moment ou à un autre de leur vie, abusé de drogues décidément peut-être pas si propres.

Autre ombre au tableau, aux Etats-Unis, un grand procès pour discrimination doit bientôt opposer le cartel des industries pharmaceutiques à des associations d’aveugles et daltoniens victimes d’accidents liés à la prise de pilules de mauvaise couleur aux effets très différents.

A Kansas City, un avocat aveugle s’est mis à danser au beau milieu d’un procès pour meurtre après avoir confondu des pilules achetées la veille en club et sa dose de Workfast.

Pour étayer leur défense, les industriels travailleraient actuellement à des comprimés identifiables au toucher. Un enjeu de taille pour une industrie qui pourrait avoir du mal à se remettre de se voir condamnée comme un vulgaire dealer par la justice.

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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 12:42
Lu sur RUE 89

De Gaza au Congo : des poids, une mesure

Si un mort israélien vaut plusieurs morts palestiniens, combien faut-il de cadavres congolais pour un linceul gazaoui?

C’est un bête entrefilet de quelques lignes, une dépêche AFP que personne ne s’est donné la peine de réécrire ou de compléter. Il est là, tout en bas de la page 6 du Monde daté de dimanche, sous un « vrai » papier sur la crise du gaz Russe qui s’annonce.

271 personnes auraient été tuées depuis le 25 décembre en République démocratique du Congo par les hommes de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA en anglais), un groupe venu d’Ouganda et en route pour la République centrafricaine. Mais il s’agit d’estimations basses et les humanitaires de Caritas parlent aussi de 400 morts.

Moi, je suis comme vous. Je ne ne sais pas grand chose du Congo et de cette Armée de résistance du Seigneur. Et pour cause: personne ne m’en parle jamais. Tiens, je fais un tour sur Libe.fr, histoire d’en apprendre davantage sur les horreurs qui se déroulent dans cette ancienne colonie belge d’Afrique de l’Ouest. Mais je tombe mal: la dernière fois que l’on a mentionné le Congo dans Libé, c’était il y a un mois, lorsque le Pape a lancé un appel à la paix dans le monde pour son message de Noël.

Le Monde en ligne, alors? Hum, s’il publie cet entrefilet, c’est sans doute qu’il en avait déjà parlé plus longuement, des morts congolais? Ah, heureusement qu’il est là, mon journal du soir préféré! Dans ses archives, plusieurs articles évoquent en effet la situation de ces derniers jours et déplorent que l’Europe rechigne à envoyer une force d’interposition au Nord-Kivu.

Mais au Figaro, sur Rue89, à l’Huma, silence radio ou presque

Mais tout de même, ça m’intrigue. Comment un conflit qui a déjà fait quatre millions de morts en dix ans, et tue encore plus d’un millier de civils chaque jour du fait du chaos alimentaire et sanitaire qu’il entraîne, peut-il être aussi peu couvert? Comment les 271 victimes de la LRA (hypothèse basse, rappelons-le) de ces dernières semaines ont-elles pu échapper à la vigilance de nos reporters, de nos analystes, voire de nos manifestants?

Pourquoi des événements aussi tragiques —survenant dans un pays francophone et intimement connectés à un autre drame qui ne devrait laisser aucun Français indifférent—, ne valent plus que ce vague entrefilet, là en-dessous d’un « vrai » papier sur la crise du gaz?

Ne tournons pas autour du pot. Si cet entrefilet me frappe, c’est surtout parce qu’il contraste avec la manière dont l’opération israélienne à Gaza est traitée ici; dans nos médias, dans nos rues, sur les blogs… Le monde est une poudrière, il s’y passe tous les jours un tas de choses affreuses et l’on conçoit qu’il serait difficile de s’intéresser à tous ces drames —on a déjà tellement de soucis avec le prix du gaz. Alors les morts du Congo…

Surtout qu’il en y a deux, des Congo! Et puis l’Afrique, c’est extraordinairement compliqué. Entre les catastrophes naturelles, les épidémies, les chefs de guerre en Land Cruiser à tourelle, tout ça… Comment savoir qui sont les méchants et les gentils?

D’autant plus que, pour les super-gentils de chez nous, tout ce qui s’y produit d’horrible est de toute manière de la responsabilité de « nos propres » super-méchants. Alors on laisse filer. On oublie de s’y intéresser de trop près.

Lorsqu’il s’agit d’Israël et des Palestiniens, en revanche, les choses se simplifient un grand coup. Nos super-gentils se reconnaissent immédiatement dans la figure de l’opprimé générique qu’est devenu l’habitant de Gaza ou de Ramallah, et distinguent tout aussi rapidement les traits de nos super-méchants sous ceux des faucons de Tel-Aviv.

Et que l’on ne commence pas à pinailler avec ces balivernes géopolitiques faisant intervenir les Egyptiens, les Syriens, les Iraniens, les Saoudiens, l’atomisation parlementaire israélienne, les rivalités Fatah-Hamas, la question libanaise, la question religieuse…

Non. Il y a des méchants, il y a des gentils. Ils ont été identifiés depuis longtemps et tout le monde est d’accord là-dessus. Ça n’est tout de même pas le Congo, merde, où l’on n’y distingue plus un CNDP d’une LRA !

Mais j’insiste. J’aimerais bien comprendre. Moi qui suis pourtant, comme tout le monde, favorable à la création d’un Etat palestinien, sonné par la disproportion de la réponse israélienne aux tirs de roquettes du Hamas, gagné à la cause de civils pris en otage par des enjeux qui les dépassent (habitants de Sderot et d’Ashkelon compris)…

Oui, j’aimerais bien comprendre comment réconcilier tout ça. Comprendre pourquoi l’on s’offusque bruyamment de ce qu’un mort palestinien n’a pas la même valeur qu’un mort israélien tout en ignorant l’absence totale de valeur d’un mort congolais.

Comprendre comment Israël est devenu le méchant idéal; celui que vous adorerez haïr sans retenue puisque sans risque d’être contredit autrement que par un « sioniste »; celui dont vous comparerez systématiquement les crapuleries à celles des nazis; celui qui vous permettra de relativiser la remise d’un prix de l’humour à Robert Faurisson devant 5000 spectateurs hilares dont Jean-Marie Le Pen…

Cette spécificité des réactions à ce qui touche Israël a peut-être des ressorts raisonnables que je suis honnêtement incapable de saisir. Peut-être est-il réellement possible de décréter que le conflit avec les Palestiniens est plus grave, plus intense, plus tragique —bref, plus tout et n’importe quoi que tout et n’importe quoi. Il faudra me le démontrer.

Comme il faudra me démontrer qu’ignorer superbement les morts du Congo (ou du Darfour, ou du Zimbabwe…) pour mieux dénoncer l’opération de Gaza n’est pas la preuve d’indignations étrangement sélectives. Et il ne s’agit pas de questions rhétoriques: on n’en est plus là.

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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 12:39

Article lu sur RUE89



Sortir du capitalisme pour sauver la planète, c’est dans l’air des deux côtés de l’Atlantique. Mais là où les Américains prennent des précautions de sioux pour ne pas être accusés de communisme, les Français n’ont pas ces pudeurs: ils osent volontiers les mots "utopie", "coopérative" et autres "rapports de classe".

Deux auteurs, l’un français, l’autre états-unien, représentent ce courant qui a pris une ampleur inattendue avec l’emballement de la crise actuelle. Tous deux théorisent les fondations du nouveau monde nécessaire, qui ferait presque totalement table rase de l’actuel. Encore que l’Américain soit un peu moins radical, question de contexte historique sans doute.

Couverture de 'The Bridge at The Edge of the World'James Gustav Speth, doyen à l’université Yale de la School of Forestry and Environmental Studies, a publié en 2008 "The Bridge at The Edge of The World: capitalism, the environment, and crossing from crisis to sustainability". Traduction approximative: "Le Pont du bout du monde: le capitalisme, l’environnement, et le passage de la crise vers la durabilité."

Gus Speth y pose notamment la question suivante:

"Comment expliquer ce paradoxe? La communauté de ceux qui se soucient de l’environnement -à laquelle j’ai appartenu toute ma vie- ne cesse de grandir, de se sophistiquer et d’accroître son influence, elle lève des fonds considérables, et pourtant, les choses vont de pire en pire."

"Pour sauver la planète, il faut sortir du capitalisme"

Hervé Kempf, dont j’ai déjà évoqué l’ouvrage "Comment les riches détruisent la planète" (2007), publie cette semaine une suite à ce premier opus déjà traduit en quatre langues "Pour sauver la planète, sortez du capitalisme".

Kempf y reprend des éléments de sa démonstration initiale, et expose sa méthode, analogue à celle de son confrère américain, mais en tournant moins autour du pot:

"Pour sauver la planète, il faut sortir du capitalisme, en reconstruisant une société où l’économie n’est pas reine mais outil, où la coopération l’emporte sur la compétition, où le bien commun prévaut sur le profit."

Dit comme ça, c’est presque bateau, mais le livre de Kempf, court et facile à lire, est un concentré d’efficacité démonstrative. Il n’assomme pas le lecteur avec le détail de la catastrophe écologique mondiale en cours, celle-ci étant censée lui être déjà plus ou moins connue. Kempf rappelle les origines de la dérive qui nous a entraînés dans ce pétrin:

"Dans 'Comment les riches détruisent la planète', j’ai décrit la crise écologique et montré son articulation avec la situation sociale actuelle, marquée par une extrême inégalité. (…) J’ai résumé l’analyse du grand économiste Thorstein Veblen. Pour celui-ci, l’économie des sociétés humaines est dominée par un ressort, ‘la tendance à rivaliser -à se comparer à autrui pour le rabaisser’.

Le but essentiel de la richesse n’est pas de répondre à un besoin matériel, mais d’assurer une ‘distinction provocante’, autrement dit d’exhiber les signes d’un statut supérieur à celui de ses congénères. (…) Cela nourrit une consommation ostentatoire et un gaspillage généralisé."

A l'origine de la catastrophe écologique, des dérives individualistes

Dans ce nouveau livre, Kempf laisse un peu tomber les super riches -il leur a déjà réglé leur compte- pour nous enfoncer, nous, gens ordinaires souvent plein de bonne volonté, le nez dans notre caca. En gros, au cours de trente dernières années, le capitalisme a exacerbé l’idéologie individualiste au plus haut point, "en valorisant à l’extrême l’enrichissement et la réussite individuelle au détriment du bien commun".

Kempf déniche les dérives individualistes du capitalisme là où on n’aurait pas forcément pensé à les y voir, ni surtout à les lier aux dégâts écologiques: dans le délitement des liens familiaux, la pornographie, le trafic d’êtres humains, le remplacement du politique et de l’action collective par la psychologie à toutes les sauces…

"Car pour la personne à qui l’on répète sans arrêt que sa vie ne dépend que d’elle et que les liens sociaux sont d’importance secondaire, la satisfaction se trouve d’abord dans la satisfaction matérielle: elle est source de plaisir -un plaisir qu’on ne trouve plus dans l’interaction et le partage avec les autres."

Gus Speth est sur la même longueur d’onde qu’Hervé Kempf, mais il le dit à sa manière, politiquement correcte, soucieuse de ne pas froisser la sensibilité des gens qui s’impliquent avec cœur, dans son pays, pour faire évoluer les politiques publiques et leur propre vie.

Gus Speth balaie les conclusions naïves d'Al Gore

Il leur démontre gentiment que la technologie, la science, le progrès technique, dont les Etats-Unis sont si fiers d’être souvent leaders, ne suffiront pas à restaurer l’état de la planète, ni à assurer à l’humanité le train de vie dont les pays riches se prévalent.

En gros, il balaie l’assurance donnée par Al Gore à ses concitoyens dans son film "Une vérité qui dérange". L’ex-vice-président explique, dans qu’avec un peu de bonne volonté individuelle et beaucoup de technologies nouvelles, on peut inverser le cours de choses. Speth estime que cette approche est dépassée:

"La situation requiert des changements plus profonds et plus systémiques que l’approche environnementale en vigueur aujourd’hui. On doit complètement changer le système."

Couverture de 'Pour sauver la planète, sortez du capitalisme'Hervé Kempf ménage encore moins ses lecteurs. Pour lui, les fameuses technologies vertes dont on nous rebat les oreilles, nous promettant grâce à elles le retour de la croissance (verte, la croissance!), sont plus dangereuses qu’utiles à la bonne santé de la planète.

Non pas intrinsèquement (c’est toujours mieux de produire de l’électricité avec du vent qu’avec du charbon), mais parce que pour Areva, Suez, EDF, Endesa, E.ON, Enel, etc., il n’y a aucun changement de modèle énergétique en jeu, seulement une opportunité à saisir dans la compétition en cours entre grands producteurs. Le mot d’ordre reste: produire".

Les conseils écolos se situent toujours du point de vue de l'individu

Kempf massacre la "bien-pensance écologique, nichée dans les détails", qui a contaminé les plus fervents écolos:

"Tous les guides expliquant comment vivre en ‘vert’ se situent du point de vue de l’individu, jamais du collectif. (…) ‘Je me préserve des grosses chaleurs’, ‘je réutilise mes objets’, ‘je refuse les traitements chimiques’, ‘je démarre en douceur’, etc…

Etre consom’acteur, chez Nature et Découvertes, invite à ‘consommer engagé’, puisque ‘consommer = voter’, et range les actions entre ‘ma cuisine’, ‘ma trousse de toilette’, ‘mon garage’, ‘mon atelier’… EDF, dans son guide ‘E = moins de CO2’, range l’univers entre ‘ma planète’ et ‘ma maison’. (…)

Dans le paradis capitaliste, il suffit que nous fassions ‘les bons gestes pour la planète’, et ‘les politiques et les industriels suivront’."

Gloups. A quoi ça sert de faire des efforts si on est tellement ridicule? Kempf et Speth sont en accord sur ce point: seule l’action collective, massive, stratégiquement concertée, a des chances d’inverser la tendance.

"Je ne suis pas en train de vous dire: 'Arrêter de recycler'", écrit Gus Speth, "mais je dis: 'Bâtissez un mouvement collectif', et 'confrontez la consommation avec une nouvelle éthique d’autosuffisance'."

Un mouvement de fond en cours aux Etats-Unis

Kempf est encore plus offensif:

"Chacun, chaque groupe, pourrait dans son coin réaliser son bout d’utopie. Il se ferait sans doute plaisir, mais cela ne changerait pas grand-chose au système, puisque sa force découle du fait que les agents adoptent un comportement individualiste. (…)

L’enjeu n’est pas de lancer des alternatives. Il est de marginaliser le principe de maximisation du profit en plaçant la logique coopérative au cœur du système économique."

J’ai choisi d’insister davantage sur le livre d’Hervé Kempf pour trois raisons: il sort le 8 janvier en librairie; il contient de nombreux exemples français et européens plus parlants pour le lecteur que ceux pris dans le contexte culturel américain; enfin, il aborde de front la question des inégalités sociales, dans un langage plus brusque qui me convient mieux. C’est purement personnel.

En revanche, l’approche de Gus Speth est d’autant plus remarquable qu’elle accompagne un mouvement de fond en cours aux Etats-Unis. Quelque chose qui s’apparente aux expériences alternatives écolos de certaines communautés des années 70, sauf qu’aujourd’hui, leurs acteurs n’ont pas la prétention de vivre en marge du système. Ils vivent dedans, autrement, avec moins, volontairement beaucoup moins.

Je reviendrai bientôt sur ce sujet des "volontaires de la simplicité", qui commence à passionner la presse nationale. En attendant, on peut lire ce reportage paru dans le numéro de janvier de O, le magazine d’Oprah Winfray.

Pour sauver la planète, sortez du capitalisme d'Hervé Kempf - éd. du Seuil - 14€.
The Bridge at The Edge of the World de James Gustave Speth - Yale University Press - 320p., env. 28$.

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